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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Elle gambadait devant moi, se retournant
parfois pour me lancer un regard sournois, et s’amuser de mon impassibilité. « Quand
le soleil brille, j’aime être nue.
    — Qu’est-ce
que c’est, la fin de toutes choses ? lui demandai-je.
    — Nous
ferons de la Bretagne un endroit parfait. Il n’y aura plus de maladies et plus
de faim, plus de peurs et plus de guerres, plus de tempêtes et plus de
vêtements. Tout sera fini, Seigneur ! Les montagnes s’effondreront et les
rivières remonteront vers leur source et les mers entreront en ébullition et
les loups hurleront, mais à la fin, le pays sera vert et or, il n’y aura plus d’années,
plus de temps, et nous serons tous dieux et déesses. Je serai une Déesse des
arbres. Je régnerai sur le mélèze et le charme, le matin je danserai, et le
soir je coucherai avec des hommes dorés.
    — Ne
devais-tu pas coucher avec Gauvain ? Quand il sortirait du Chaudron ?
Je croyais que tu devais être sa reine.
    — J’ai
couché avec lui, Seigneur, mais il était mort. Mort et desséché. Il avait un
goût de sel. » Elle rit. « Mort et sec et salé. Toute une nuit, je l’ai
réchauffé, mais il n’a pas bougé. Je n’avais pas envie de coucher avec lui,
ajouta-t-elle comme si elle me faisait une confidence, mais depuis cette
nuit-là, Seigneur, je n’ai connu que le bonheur ! » Elle tourna avec
légèreté, dansant un pas sinueux sur l’herbe printanière.
    Folle,
pensai-je, folle et belle à couper le souffle, aussi belle que Ceinwyn l’avait
été, bien que cette fille, à l’inverse de ma femme aux cheveux d’or et à la
peau pâle, eût les cheveux noirs et le teint bruni par le soleil. « Pourquoi
t’a-t-on appelée Olwen l’Argentée ?
    — Parce
que mon âme est argentée, Seigneur. Mes cheveux sont noirs, mais mon âme est
argentée ! » Elle tournoya sur le chemin, puis continua à courir avec
agilité. Je m’arrêtai quelques instants plus tard pour reprendre mon souffle et
regarder au fond d’une vallée profonde où j’aperçus un homme qui gardait des
moutons. Son chien remonta la côte à toute vitesse pour ramener un traînard, et
plus bas que le troupeau grouillant, j’aperçus une maison et une femme qui
faisait sécher du linge mouillé en l’étalant sur des buissons de genêt épineux.
Cela, pensai-je, était réel, alors que ce voyage dans les collines était une
folie, un rêve ; je touchai la cicatrice au creux de ma paume gauche,
celle qui me liait à Nimue, et je constatai qu’elle s’était enflammée. Elle
était demeurée blanche pendant des années.
    « Il faut
continuer, Seigneur ! me cria Olwen. Encore et encore ! Jusque dans
les nuages ! » À mon grand soulagement, elle me reprit sa robe et en
revêtit son corps mince. « Il peut faire froid dans les nuages, Seigneur »,
expliqua-t-elle, puis elle dansa de nouveau. Je lançai sur le berger et son
chien un dernier regard mélancolique et suivis la dansante Olwen sur un chemin
montant, étroit, qui passait entre de hauts rochers.
    L’après-midi,
nous fîmes une pause. Nous nous arrêtâmes dans une vallée aux parois abruptes
où poussaient le frêne, le sorbier et le sycomore, où un lac tout en longueur
frémissait sous la brise légère. Je m’appuyai contre une grosse pierre et dus
dormir un bon moment, car lorsque je me réveillai, je vis qu’Olwen était de
nouveau nue, mais cette fois, elle nageait dans l’eau noire et froide. Elle en
sortit toute frissonnante, se frictionna avec sa cape, puis remit sa robe. « Nimue
m’a dit que, si tu couchais avec moi, Ceinwyn mourrait.
    — Alors,
pourquoi m’avoir demandé de le faire ? dis-je sévèrement.
    — Pour
voir si tu aimais ta Ceinwyn.
    — Je l’aime.
    — Alors,
tu peux la sauver, répondit joyeusement Olwen.
    — Comment
Nimue a-t-elle fait pour l’ensorceler ?
    — Elle s’est
servie d’un sort de feu, et d’un sort d’eau, et du sort de l’épine noire. »
Olwen se blottit à mes pieds et me regarda droit dans les yeux. « Et de la
sombre malédiction de l’Autre Corps, ajouta-t-elle d’un air sinistre.
    — Pourquoi ?
demandai-je sans m’occuper des détails de ces sorts, mais furieux qu’on ait
jeté une malédiction quelconque sur ma Ceinwyn.
    — Pourquoi
pas ? » répliqua Olwen, puis elle rit, drapa sa cape mouillée sur ses
épaules et se remit en marche. « Viens, Seigneur ! As-tu faim ?
    — Oui.
    — Tu vas
manger. Manger, dormir et

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