Excalibur
de gui cueilli sur un tilleul,
déposer Excalibur, l’un des Trésors de Bretagne, à ses côtés, la maladie ne
voulut pas lever le siège. Nous priâmes Grannos, le Dieu de la guérison, mais
nos prières ne reçurent pas de réponse et nos sacrifices restèrent ignorés. « C’est
une magie trop forte », dit tristement Taliesin. La nuit suivante,
toujours pendant que Morgane dormait, nous introduisîmes dans la chambre de ma
femme un druide campagnard, barbu et puant, venu du nord de la Silurie. Il
chanta une incantation, puis réduisit en poudre les os d’une alouette qu’il
mélangea à une infusion d’armoise dans une coupe en bois de houx. Il fit couler
goutte à goutte cette mixture dans la bouche de Ceinwyn, et le remède resta
sans effet. Le druide tenta de lui faire manger des petits morceaux du cœur
rôti d’un chat noir, mais elle les recracha, aussi mit-il en œuvre son amulette
la plus puissante, une main de cadavre toute noircie qui me rappela le cimier
du casque de Cerdic. Il l’apposa sur le front de Ceinwyn, son nez et sa gorge,
puis l’appuya sur son crâne en murmurant une incantation ; tout ce qu’il
réussit à faire, ce fut de transférer une douzaine des poux de sa barbe à la
tête de la malade, et lorsque nous essayâmes de les lui ôter avec un peigne,
nous arrachâmes ce qui lui restait de cheveux. Je payai le druide, puis le
suivis dans la cour pour échapper à la fumée du feu dans lequel Taliesin
faisait brûler des herbes médicinales. Morwenna vint avec moi. « Il faut
te reposer, père, me dit-elle.
— J’en
aurai le temps plus tard », répondis-je en regardant le druide disparaître
dans les ténèbres à pas traînants.
Morwenna me
prit dans ses bras et posa la tête sur mon épaules. Elle avait les cheveux
aussi dorés que ceux de Ceinwyn, autrefois, et leur odeur était la même. « Peut-être
n’est-ce pas de la magie, dit-elle.
— Alors,
elle serait déjà morte.
— Il y a,
au Powys, une femme qui possède un grand savoir, paraît-il.
— Envoie-la
chercher », répliquai-je d’un ton las, bien que je n’eusse plus de foi
dans aucun sorcier. Une vingtaine étaient venus et avaient pris notre or, mais
aucun n’avait vaincu la maladie. J’avais fait des sacrifices à Mithra, j’avais
prié Bel et Don, en vain.
Ceinwyn se mit
à geindre, et ce gémissement se transforma en hurlements. Je tressaillis, puis
repoussai doucement Morwenna. « Il faut que j’y aille.
— Tu dois
te reposer, père. C’est moi qui vais y aller. »
À ce moment, j’aperçus
une silhouette enveloppée dans une cape, au centre de la cour. Était-ce celle d’un
homme ou d’une femme, je ne pouvais le dire, ni depuis combien de temps elle se
tenait là. Il me sembla qu’un instant auparavant les lieux étaient vides, et
pourtant l’étranger à la cape se dressait devant moi, le visage protégé du
clair de lune par une ample capuche, et j’eus soudain peur que ce fût une
apparition de la mort. Je m’avançai et dis : « Qui es-tu ?
— Personne
de ta connaissance, Seigneur Derfel Cadarn. » C’était une femme qui parlait ;
en même temps elle rejeta sa capuche et je vis qu’elle avait peint son visage
en blanc, puis étalé de la suie autour de ses orbites si bien qu’elle
ressemblait à une tête de mort douée de vie. Morwenna poussa un cri étouffé.
« Qui
es-tu ? répétai-je.
— Je suis
le souffle du vent d’ouest, Seigneur Derfel, dit-elle d’une voix sifflante, et
la pluie qui tombe sur Cadair Idris, et le gel qui ourle les cimes d’Eryri. Je
suis la messagère du temps d’avant les rois, je suis la Danseuse. » Alors,
elle rit, et son rire tinta, dément, dans la nuit. Il attira Taliesin et
Galahad sur le seuil de la chambre de la malade où ils se figèrent, regardant
fixement la femme au visage blanc qui riait. Galahad se signa tandis que
Taliesin touchait le loquet de la porte. « Viens, Seigneur Derfel, m’ordonna-t-elle,
viens à moi, Seigneur Derfel.
— Allez,
Seigneur », m’encouragea Taliesin et j’eus soudain l’espoir qu’après tout,
les invocations infestées de poux du druide avaient agi, car si elles n’avaient
pas chassé de Ceinwyn la maladie, elles avaient provoqué cette apparition dans
la cour ; aussi je m’avançai au clair de lune et me rapprochai de la femme
enveloppée dans sa cape.
« Enlace-moi,
Seigneur Derfel. » Il y avait dans sa voix un ton qui évoquait la
pourriture et
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