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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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menhirs, ou si on les avait dressées
récemment.
    Entre elles,
trônant sur un fauteuil massif, le bâton noir de Merlin à la main, je vis
Nimue. Olwen courut vers elle, et se jetant à ses pieds, enlaça ses jambes et
posa la tête sur ses genoux. « Je l’ai ramené, Dame !
    — A-t-il
couché avec toi ? » Tout en parlant à Olwen, Nimue me regardait
fixement. Deux crânes couverts d’une épaisse couche de cire fondue couronnaient
les pierres levées.
    « Non,
Dame, répondit Olwen.
    — L’y
as-tu invité ? » L’œil unique de Nimue me regardait toujours.
    « Oui,
Dame.
    — T’es-tu
montrée à lui ?
    — Toute
la journée, je me suis montrée à lui, Dame.
    — Tu es
une bonne fille », dit Nimue en tapotant les cheveux d’Olwen, et je n’aurais
pas été surpris de l’entendre ronronner tandis qu’elle se couchait avec un
grand contentement aux pieds de Nimue. Celle-ci me contemplait toujours et moi,
marchant de long en large entre les grands troncs illuminés par le feu, je la
fixais aussi.
    Nimue
ressemblait à celle que j’étais allé chercher sur l’Ile des Morts. Elle avait l’air
de ne pas s’être lavée, de ne pas avoir peigné ses cheveux, ni pris aucun soin
d’elle-même depuis des années. Son orbite vide, ni recouverte par un bandeau,
ni comblée par un œil de verre, n’était qu’une cicatrice ratatinée, racornie,
sur son visage égaré. Sa peau était incrustée de crasse, ses cheveux gras,
emmêlés, lui descendaient jusqu’à la taille. Autrefois, ils avaient été noirs,
maintenant ils étaient d’un blanc d’os, à l’exception d’une unique mèche. Sur
sa robe blanche, mais sale, elle portait un surcot mal taillé, pourvu de
manches, beaucoup trop grand pour elle qui, je m’en aperçus soudain, devait
être le Manteau de Padarn, l’un des Trésors de Bretagne ; à un doigt de sa
main gauche, je reconnus l’Anneau de guerrier en fer d’Eluned. Ses ongles
étaient longs et les quelques dents qui lui restaient, noires. Elle semblait
beaucoup plus âgée, ou peut-être la crasse accentuait-elle les lignes sinistres
de son visage. Elle n’avait jamais été ce que le monde appelle une beauté, mais
l’intelligence qui brillait sur ses traits la rendait séduisante ;
maintenant, elle était repoussante et son visage autrefois vivant n’était plus
qu’amertume, même si elle m’offrit une ombre de sourire en levant la main
gauche. Elle me montrait la cicatrice, la même que celle que je portais, moi
aussi, à la main gauche ; je brandis ma paume et elle hocha la tête,
satisfaite. « Tu es venu, Derfel.
    — Avais-je
le choix ? demandai-je âprement, puis je pointai le doigt sur ma
cicatrice. Est-ce que ceci ne me lie pas à toi ? Pourquoi t’en prendre à
Ceinwyn pour me faire venir, alors que tu as déjà cela ? » Et je
tapotai une fois encore la cicatrice.
    « Parce
que, sinon, tu ne serais pas venu. » Ses fous s’attroupaient autour du
trône comme des courtisans, d’autres alimentaient les feux et l’un d’eux vint
renifler mes chevilles, tel un chien. « Tu n’as jamais eu la foi, m’accusa
Nimue. Tu pries les Dieux, mais tu ne crois pas en eux. Personne ne croit plus
vraiment maintenant, sauf nous. » Elle montra de son bâton dérobé le
boiteux, le borgne, l’estropié et le fou qui la regardaient avec adoration. « Nous
croyons, Derfel.
    — Moi
aussi, répliquai-je.
    — Non ! »
hurla Nimue, faisant crier de terreur des créatures blotties sous les arbres.
Elle pointa le bâton sur moi. « Tu étais là quand Arthur a dérobé Gwydre
aux feux.
    — Tu ne
pouvais pas t’attendre à ce qu’Arthur vous laisse tuer son fils.
    — Ce à
quoi je m’attendais, imbécile, c’était voir Bel descendre du ciel, l’air roussi
crépiter derrière lui, et les étoiles s’agiter comme des feuilles dans la
tempête ! Voilà ce que j’attendais ! Voilà ce que je méritais ! »
Elle renversa la tête en arrière pour crier vers les nuages et tous les fous estropiés
hurlèrent avec elle. Seule Olwen l’Argentée garda le silence. Elle me
contemplait avec un demi-sourire, qui semblait suggérer que seuls elle et moi
étions sains d’esprit dans ce refuge de déments. « Voilà ce que je
désirais ! me cria Nimue par-dessus la cacophonie des gémissements et des
glapissements. Et c’est ce que j’aurai », ajouta-t-elle. Sur ces mots elle
se leva, se libéra avec violence de l’étreinte d’Olwen et me

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