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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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parler. » Elle dansait de nouveau, traçant des
pas délicats, pieds nus sur le sentier caillouteux. Je remarquai que ses pieds
saignaient, mais elle ne semblait pas y prendre garde. « Nous allons à
reculons, me dit-elle.
    — Que
veux-tu dire ? »
    Elle se
retourna, face à moi, et continua sa route en sautillant à reculons. « À
reculons dans le temps, Seigneur. Nous rembobinons les années. Les années d’hier
défilent à toute vitesse, si vite que tu ne peux pas voir leurs nuits ou leurs
jours. Tu n’es pas encore né, tes parents ne sont pas nés, et à reculons nous
allons, toujours à reculons, jusqu’au temps où il n’y avait pas encore de rois.
C’est là que nous allons, Seigneur. Au temps d’avant les rois.
    — Tes
pieds saignent.
    — Ils
guériront. » Elle se retourna et continua à gambader. « Viens !
cria-t-elle. Viens à l’époque précédant les rois !
    — Est-ce
que Merlin m’y attend ? »
    Ce nom arrêta
Olwen. Elle resta immobile, se retourna et me regarda de travers. « J’ai
couché avec Merlin autrefois, dit-elle au bout d’un moment. Souvent ! »
ajouta-t-elle dans un élan de franchise.
    Cela ne me
surprit pas. C’était un bouc. « Est-ce qu’il nous attend ?
    — Il est
au cœur du temps d’avant les rois. En son cœur même, Seigneur. Merlin est le
froid dans le gel, l’eau dans la pluie, la flamme dans le soleil, le souffle
dans le vent. Viens  – elle me tira par la manche avec une insistance
soudaine  –, on ne peut pas parler maintenant.
    — Merlin
est-il prisonnier ? » demandai-je, mais Olwen ne voulut pas répondre.
Elle courait à toute allure devant moi et attendait avec impatience que je la
rattrape ; dès que je l’avais fait, elle se précipitait de nouveau en
avant. Elle suivait avec légèreté ces chemins escarpés tandis que je peinais
derrière elle, et nous nous engagions toujours plus profondément dans les montagnes.
Maintenant, estimais-je, nous avions quitté la Silurie et étions entrés au
Powys, mais dans une partie de ce malheureux pays que n’atteignait pas l’autorité
du jeune Perddel. C’était une terre sans loi, un repaire de brigands, cependant
Olwen traversait ses dangers avec insouciance.
    La nuit tomba.
Des nuages venus de l’ouest s’amoncelèrent, si bien que nous fûmes bientôt dans
l’obscurité totale. Je regardai autour de moi et ne vis rien. Pas de lumière,
pas même la lueur d’une flamme lointaine. Ce fut ainsi, j’imagine, que Bel
trouva l’île de Bretagne à l’origine, quand il vint lui apporter la vie et la
lumière.
    Olwen mit sa
main dans la mienne. « Viens, Seigneur.
    — On n’y
voit goutte ! protestai-je.
    — Je vois
tout, dit-elle, fie-toi à moi, Seigneur », et là-dessus, elle m’entraîna,
m’avertissant parfois d’un obstacle. « Là, il faut traverser un ruisseau,
Seigneur. Avance doucement. »
    Je savais que
notre sentier montait régulièrement, et guère plus. Nous traversâmes une plaque
traîtresse de schiste argileux, mais la main d’Olwen était ferme dans la
mienne, et une fois, il me sembla que nous suivions un chemin de crête où le
vent sifflait à mes oreilles, alors Olwen entonna une étrange chanson sur les
elfes. « Partout ailleurs, en Bretagne, on les a tués, mais pas ici. Je
les ai vus. Ils m’ont appris à danser.
    — Ils ont
été de bons professeurs, dis-je, ne croyant pas un mot de ce qu’elle disait,
mais étrangement réconforté par la chaude étreinte de sa petite main.
    — Ils
portent de grandes capes de tulle, dit-elle.
    — Ils ne
dansent pas nus ? demandai-je pour la taquiner.
    — Une
cape de tulle ne dissimule rien, Seigneur, me réprimanda-t-elle, mais pourquoi
cacher ce qui est beau ?
    — Tu as
couché avec des elfes ?
    — Un
jour, je le ferai. Pas maintenant. Au temps d’après les rois, je le ferai. Avec
eux et avec les hommes dorés. Mais d’abord, je dois coucher avec un autre homme
salé. Ventre contre ventre avec une autre chose sèche sortie du cœur du
Chaudron. » Elle rit, me tira par la manche et nous quittâmes le sentier
pour gravir la douce pente herbue d’une crête encore plus haute. Là, pour la
première fois depuis que les nuages avaient caché la lune, je vis de la
lumière.
    Loin, de l’autre
côté d’un col, se dressait une colline, et après celle-ci, il devait y avoir
une vallée pleine de feux, car leur lueur ourlait le versant le plus proche. Je
restai là

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