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Fatima

Fatima

Titel: Fatima Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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ma mère prie pour qu’Ashemou se tienne à Son côté.
    — Elle ne devrait pas, répliqua sèchement Fatima.
    — Fatima…
    — Ashemou ne s’est jamais déclarée soumise à notre Seigneur Clément et Miséricordieux.
    — Que dis-tu ? Elle priait avec nous ! Tu l’as vue aussi bien que moi !
    Fatima opina avec un sourire las :
    — Quand notre père lui a demandé : « Viens avec nous dans la croyance d’Allah !», Ashemou lui a répondu : « Je suis ta servante et je t’obéis. Pour ta satisfaction et pour que tu ne me juges pas impure devant les tiens, je réciterai les paroles que tu m’enseigneras. Mais mon coeur n’a jamais été assez grand pour aimer un dieu. Il n’est fait que pour ton épouse Khadija, toi et ta fille Fatima. »
    Un instant, Ali demeura muet au côté de Fatima. Le bel allant avec lequel il l’avait abordée avait disparu. Il la dévisagea, tendu.
    — Zayd m’a dit que tu avais changé depuis ton arrivée ici.
    — Tout a changé depuis notre arrivée ici. Tu le constateras toi-même. Et c’est pour le bien qu’Allah veut à notre père.
    Encore une fois, Ali fut réduit au silence. Ils étaient devant le terrain où, désormais, les murs ocre-gris dessinaient nettement la prochaine cour de l’Envoyé. Les femmes s’acheminaient vers les couffins et les amas de briques. Plusieurs d’entre elles leur jetèrent des coups d’oeil complices, des sous-entendus bien visibles sur le visage.
    Fatima obliqua sans un mot de plus pour les rejoindre. Ali s’écria :
    — Ma soeur, je voulais te dire que, tout au long de la route depuis Mekka…
    Il se tut. Fatima s’était retournée et son regard lui déconseillait de poursuivre. Elle savait et ne voulait pas savoir.

Les jours de labeur
    La maison du Messager fut enfin achevée peu après les grosses chaleurs d’été. Une maison plus vaste qu’on ne l’avait imaginée.
    Tout au long du mur nord, des troncs de palmier soigneusement débardés et polis soutenaient l’entrelacs d’une toiture de palmes et d’argile large d’au moins dix pas. Après avoir durci et rougi sous le soleil, elle avait été recouverte de palmes vertes rigoureusement alignées afin de drainer l’eau des pluies.
    Trois pièces de taille égale occupaient le mur est. Sous une toiture aussi solide que celle de l’auvent du nord, leurs cloisons étaient de briques jusqu’à hauteur d’homme, puis de bois et de palmes afin que l’air circule au plus fort de l’été. Elles ne possédaient pas encore de portes véritables, mais les tissages ne manquaient pas pour les remplacer.
    L’unique porte de l’enceinte perçait le centre du mur ouest. Disposés de chaque côté, les fours de la cuisine et les resserres n’étaient que des cabanes sommaires. Quant au mur sud, il demeurait nu, ce qui semblait rendre la cour centrale, déjà vaste, bien plus immense encore.
    La veille de leur première nuit dans la maison, Muhammad réclama qu’on plante un tamaris au coeur de cette cour, comme dans celle de Khadija à Mekka.
    Lorsque enfin la prière réunit tous les compagnons et nouveaux croyants qui avaient aidé à la construction, il déclara :
    — Chaque fois que vos yeux se poseront sur les branches de ce tamaris, vous vous souviendrez de mon épouse Khadija. Puisse-t-elle pour l’éternité demeurer au côté d’Allah, elle qui m’a soutenu quand l’ange Gabriel m’a réduit à un sac de frayeur dans la grotte de Hirâ.
    Après la prière, la première qu’ils accomplirent dans cette cour, il assigna aux uns et aux autres les différentes parties de la maison. Le grand auvent abriterait les compagnons qui n’auraient pas encore bâti leur propre demeure. C’était là aussi que l’on se tiendrait pour les prières lors des journées de chaleur, de pluie ou de grand froid. Le reste du temps, l’on prierait devant le mur sud qui faisait face à la Ka’bâ de Mekka.
    Les trois pièces aux murs de brique, elles, seraient destinées aux femmes. La plus proche de l’auvent accueillerait Aïcha dès le jour de ses noces. La mère d’Ali, Kawla et Fatima occuperaient celle du centre. La troisième serait réservée aussi longtemps que nécessaire aux épouses des compagnons qui n’avaient pas encore de toit.
     
    La fête du premier soir fut emplie de promesses. Hélas, les jours suivants s’annoncèrent harassants. Bien vite, chacun se rappela la mise en garde des Aws et des Khazraj lorsque la chamelle de l’Envoyé

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