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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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d'après ce que tu m'en dis, elle ne peut pas rouler des hanches pour aguicher son mari. Peu élégante peut-être, cette stratégie visait à chasser l'intruse.
    —Je comprends tout cela. Mais ne penses-tu pas que cette histoire aura un effet malheureux sur Eugénie ?
    —    À ce sujet, tu as raison. Mais que vient faire l'aliéniste dans cette histoire ?
    Thomas avala la moitié de son verre de cognac pour se donner une contenance. Son frère pouvait se montrer particulièrement obtus, parfois.
    —    Pour protéger les enfants, le mieux serait de placer Alice dans un endroit où l'on sait s'occuper des personnes dans sa condition. Je pense à l'Hôpital général.
    —Je vois. Armé d'un diagnostic, avec l'accord du conseil de famille composé de nous deux, tu pourrais obtenir que des infirmiers costauds viennent la chercher pour la mettre à l'écart. Avec un opiacé dans son thé pour la faire dormir, tu pourrais même économiser la présence des infirmiers et ses cris de protestation tout le long du trajet.
    —    Tu as une de ces façons de présenter les choses;.. Si tu crois que ce que je vis est facile, tu te trompes.
    L'homme se leva pour aller remplir son verre de nouveau. A la fin, Alfred admit :
    —    Ta situation doit parfois devenir intenable. Commence par faire établir un diagnostic, ensuite nous verrons. Moi aussi, j'avais une communication importante à te faire. Si les choses se déroulent comme je l'espère, dans deux mois tout au plus je compte céder mon tablier de chef de rayon à qui en voudra.
    Thomas demeura un moment bouche bée, puis commença :
    —    La part des profits que tu encaisses suffira sans doute à te faire vivre modestement, si tu es prudent, mais tu vas mourir d'ennui à ne rien faire.
    —    C'est bien pour cela que je compte m'occuper. Je deviendrai l'un de tes nombreux concurrents. Parmi les petits, mais tout de même, je compte te souffler des clients. Je t'en parle car dans notre petite ville, les rumeurs circulent rapidement.
    Le commerçant se perdit un momçnt dans la contemplation de son verre, puis ajouta, le visage sombre :
    —    Tu n'y penses pas. Tu risques de te casser la gueule.
    —    Dans cette éventualité, ce sera la preuve que Théodule a eu raison de laisser les rênes de son entreprise à son cadet. Tu pourras le répéter à tous tes collègues.
    —    ... Tu souhaites monter un magasin à rayons ?
    Le ton de l'homme exprimait le plus grand scepticisme. Alfred choisit de ne pas s'en vexer :
    —    Je me contenterai d'une boutique de vêtements pour femme. Juste assez grande pour faire bien vivre son propriétaire, mais suffisamment petite pour que la gestion de personnel ne devienne pas un enfer.
    —    Si j'augmentais ton traitement?
    —    Cela n'a rien à voir.
    Thomas avala son second cognac d'une lampée, puis il fit claquer sa langue. Après un moment de réflexion, il demanda :
    —    Pour la mise de fonds, je suppose que tu désires que j'achète tes actions?
    —    Certainement pas. Tu es un homme d'affaires si compétent que je ne doute pas de tes succès futurs. Tu le disais tout à l'heure, ma part des profits peut me faire vivre. Ce sera ma police d'assurance, au cas où les choses tourneraient mal. Mais cela ne se produira pas.
    —    Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bonne chance.
    Alfred quitta sa chaise en disant:
    —    Et moi aussi, pour ta situation conjugale. Laisse, je connais bien le chemin.
    L'homme se dirigea vers la porte en lui faisant son habituel petit salut de la main, sans se retourner. Un moment, le maître de la maison contempla le cognac de l'autre côté du bureau, que son invité n'avait pas touché. Seul l'espoir d'une visite proche le fit pencher pour l'abstinence.
    Un peu après dix heures, Élisabeth fit irruption à l'entrée de la bibliothèque. Elle prit place dans un des fauteuils près de la fenêtre, où Thomas la rejoignit et commença par lui communiquer les projets commerciaux d'Alfred. La jeune femme ne sut pas dissimuler son désintérêt de la question, au point qu'il demanda :
    —    Depuis toute une semaine, tu ne m'as pas parlé de ta visite chez les ursulines, mais depuis tu parais très préoccupée. Cela ne s'est pas bien déroulé ?
    —    Pas très bien.
    —J'en suis heureux. Je ne veux pas que tu retournes là-
    bas.
    Même si l'échéance approchait, le sujet de son avenir ne se trouvait jamais abordé

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