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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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famille prennent la vie plus au sérieux que les célibataires. Surtout, je serai prêt à crever au travail pour réussir, juste pour être certain de ne jamais entendre Thomas railler un échec.
    Ce seul motif alimenterait sa détermination plus que n'importe quel autre.
    —    Puis ici, continua-t-il en souriant après une pause, je ne pourrai pas être en retard, puisque je ne quitterai jamais le magasin.
    —    Qu'est-ce que tu racontes ?
    —    Il reste encore un étage à visiter.
    En prenant le bras de sa compagne, l'homme s'engagea dans un autre escalier, réservé à un usage privé celui-là. Puis il poussa une porte qui conduisait à un petit hall aux murs couverts d'un papier peint d'une horrible couleur bourgogne.
    —    Anderson vit ici avec sa famille. La décoration date de l'époque où notre digne souveraine, Victoria, jouissait encore des félicités de la vie conjugale. C'est tout simplement ringard. Lentement, nous pourrons tout rafraîchir. Ce sera moins pressé que le magasin, mais tout de même, je ne tarderai pas trop. Je suis las de vivre dans un décor pour vieillard.
    L'immeuble, un grand rectangle tout en profondeur, avec des fenêtres seulement sur ses côtés les plus étroits, donnait une organisation étonnante à l'espace destiné à devenir leur cadre de vie. Le hall où aboutissait l'escalier prenait la forme d'un couloir sur lequel s'ouvraient sept portes, trois sur chacun des côtés et une autre au fond, en face de l'entrée, où le propriétaire précédent avait fait installer des sanitaires au moins trois décennies plus tôt.
    Toutes les autres portes débouchaient sur des pièces «doubles», avec chacune une seule fenêtre permettant à la lumière d'entrer.
    —    Cela fait un peu curieux, expliqua Alfred en pénétrant dans la salle à manger, cette pièce n'a aucune ouverture à l'extérieur, si ce n'est cette porte qui donne sur la cuisine. Mais le puits de lumière fait tout de même un effet charmant.
    A cause du vitrail au plafond le soleil jetait des taches de couleur sur la table, le buffet et les murs.
    —    Si nous emménageons ici, Gertrude gagnera une cuisine à peu près équipée comme celle d'Euphrosine, et la chambre de bonnes dimensions qui lui est attenante. Nous pourrons avoir chacun la nôtre, si tel est notre choix, l'enfant à venir aura la sienne, et il en restera encore une pour les visiteurs.
    Sur ces derniers mots, Alfred ouvrit l'une après l'autre les portes des pièces donnant sur la rue. En voyant la dernière,
    Marie observa:
    —    Le salon n'est pas bien grand.
    —    Notre réseau de relations ne l'est pas plus.
    La jeune femme dut convenir que cet environnement vieillot lui apparaissait comme plus attirant que tout ce qu'elle avait connu jusqu'alors, y compris la maison plutôt lugubre de la rue Saint-Dominique.
    —    Nous redescendons avant que le notaire se lasse de nous attendre ? demanda-t-elle.
    —    Ne crains rien, il gagne une bonne commission en fournissant un bien petit effort. Ce métier-là m'aurait plu.
    Afin de mieux fixer leur souvenir, ils parcoururent de nouveau les étages inférieurs, Alfred répétant quels aménagements seraient nécessaires pour que les lieux conviennent à leur nouvelle vocation. Quand ils sortirent, l'entremetteur demanda :
    —    Nous donnerez-vous des nouvelles bientôt ?
    —    Avant, je dois calculer le coût des rénovations absolument nécessaires pour rendre ce trou présentable, vérifier le prix de l'installation de l'électricité et celui des taxes municipales. Je suppose que le toit sera aussi à refaire...
    —    Dans l'éventualité où Anderson recevrait une offre d'ici que vos recherches soient terminées...
    L'acheteur potentiel lui adressa son meilleur sourire avant de répondre :
    —    Si elle est bonne, conseillez-lui de l'accepter. De toute façon, ma femme se demande si nous ne serions pas mieux dans Saint-Jean-Baptiste. Un bel édifice neuf dans un endroit où la population augmente...
    —    ... très lentement, compléta l'autre avec un sourire entendu. Quand vous déciderez-vous ?
    —    Début juin, je serais prêt à prendre possession, pour une ouverture début juillet. Si le prix devient un peu plus raisonnable.
    Le notaire lui souhaita une bonne journée, salua Marie de la tête, puis alla rejoindre sa famille.
    —    Viens de l'autre côté de la rue, pour mieux apprécier.
    Plus tard, le couple

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