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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch
Autoren: Jean-Pierre Charland
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s'ennuyer. Les droits de coreligionnaires habitant à des centaines de milles les laissaient
    plutôt froids.
    A la fin, le chef libéral conclut :
    —    Les candidats de notre parti à la prochaine élection se trouvent dans cette salle, de même que nos principaux appuis. Autant commencer tout de suite à préparer la campagne.
    Comme on les invitait à le faire, les personnes présentes se regroupèrent selon les circonscriptions où ils résidaient. La plupart des occupants de la table où se trouvait Thomas Picard gardèrent leur place, alors que Wilfrid Laurier vint se joindre à eux.
    —    Monsieur Picard, pourrai-je encore une fois compter sur vos services à titre de responsable de mon comité d'organisation, dans Québec-Est?
    —    Naturellement. Si cela se passe comme la dernière fois, je n'aurai rien à faire.
    En 1891, le Parti conservateur avait préféré ne présenter personne contre le chef de l'opposition, ce qui avait conduit à une élection par acclamation.
    —    Cette fois, le vieux Charles Tupper ne me fera pas ce plaisir. Mon adversaire sera Cléophas Leclerc.
    —    Donc, vous n'avez rien à craindre. Ce gars est aussi populaire qu'un mal de dents, remarqua l'une des personnes à la table, un tanneur.
    —    Mais les conservateurs sont au pouvoir à Québec. Ils peuvent faire pleuvoir des largesses dans le comté, juste pour me nuire. Cela sans compter que les évêques paraissent encore penser que je représente un danger pour le salut de l'âme de mes compatriotes.
    Vingt ans plus tôt, au moment où il se préparait à se présenter pour la première fois dans la circonscription de Québec-Est, la grande réalisation de Wilfrid Laurier avait été de convaincre la population que le libéralisme à la canadienne ne faisait peser aucune menace sur la religion catholique et la paix sociale. Cette conviction n'avait pas encore pénétré dans les esprits de tous les membres du clergé.
    —    Nous ferons en sorte que ce monsieur Leclerc n'ait pas trop la possibilité de gruger le vote, fit Thomas Picard avec assurance. Votre majorité sera sans doute très confortable, ce qui aura un plus bel effet que de gagner sans opposition.
    —    Confortable jusqu'à quel point, cette majorité ? interrogea le politicien.
    —    Avec une bonne campagne, vous pouvez tripler les votes de votre opposant. Mais pour cela, vous devrez vous montrer un peu.
    —    Vous savez que je devrai le faire de l'Atlantique au Pacifique. Le trajet en train prend une semaine.
    Les exigences d'une campagne électorale dans un pays aussi vaste se révélaient exténuantes. La légende prétendait que John A. Macdonald était mort d'épuisement à la suite du suffrage de 1891, mené en plein hiver. Le chef de l'opposition vivrait littéralement dans un wagon de chemin de fer au cours des cinq prochaines semaines.
    —    Tout de même, Québec se trouve sur votre itinéraire entre Halifax et Vancouver. Vous vous arrêterez certainement pour dire un mot à vos électeurs.
    —    Vous me préparerez quelques grandes rencontres. Puis mon ami, le journaliste Laurent-Olivier David, sera sur les lieux. Vous planifierez ces manifestations avec lui.
    Le politicien échangea encore quelques mots avec les négociants de la Basse-Ville, puis il entreprit la tournée des tables afin de fouetter les ardeurs de tous les candidats et de ceux qui les supportaient.
    —    Comme je n'ai rien à dire aux gloires du barreau de la Haute-Ville, déclara Picard à ses collègues en se levant, je vais rentrer. Contrairement à ces grands esprits, je dois être à la boutique très tôt demain matin.
    — Si tu permets, je vais me joindre à toi, déclara Jean-Baptiste Laliberté. Nous partagerons un fiacre.
    Élisabeth Trudel se leva de bon matin, afin d'être fin prête au moment où ses protégés descendraient déjeuner dans la salle à manger. Alors qu'elle pénétrait dans la pièce, son employeur en sortait justement.
    —    Mademoiselle, comptez-vous vous rendre à la librairie Garneau ce matin, afin d'acheter des livres de classe ?
    —    Oui. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je pensais emmener les enfants avec moi. Ce sera une occasion de leur permettre de prendre l'air.
    —    Pourquoi pas ? Cela leur fera certainement du bien, après des mois dans la maison. Je vais vous donner un peu d'argent. Vous me rendrez des comptes, cependant.
    Le commerçant chercha son
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