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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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que la terre manquait sous ses pas et qu’il tombait…
    q

Chapitre 16 DEVANT L’ABBAYE
    P our que Violetta fût mise en croix, il avait fallu que Fausta trouvât un exécuteur, un bourreau secret : ce bourreau, elle l’avait sous la main… c’était le bohémien Belgodère, c’est-à-dire le père de celle qui s’appelait Jeanne Fourcaud… de Stella. Pour décider Belgodère à accomplir la hideuse besogne, Fausta lui avait dit :
    – Une de tes filles est morte, c’est vrai ; mais l’autre est vivante. Si la petite chanteuse meurt, tu reverras Stella…
    Mais si puissant que fût dans l’âme farouche et inculte du bohémien cet éveil de paternité que nous avons constaté, point n’était besoin d’y faire appel pour décider Belgodère : sa haine contre Claude suffisait…
    Le bohémien s’était donc trouvé à l’abbaye, derrière le vieux pavillon, à l’heure précise qui lui avait été fixée. On avait amené Violetta, ou plutôt, on l’avait apportée, car étourdie sans doute par quelque boisson qui avait brisé ses forces, elle n’eût pu se soutenir, et elle avait à peine conscience de ce qui se passait. Belgodère, avec un mouvement de joie hideuse, avait saisi la malheureuse, l’avait couchée sur la croix, et l’avait fortement attachée par les bras et les pieds. Puis, avec l’aide de quelques hallebardiers, la croix avait été solidement plantée dans le trou préparé la veille par les gens de l’abbesse.
    Fausta, à ce moment, était seule avec une douzaine de gardes sur l’esplanade. Léonore et Jeanne Fourcaud (Stella) étaient enfermées dans le pavillon avec Rovenni et les autres schismatiques. Une fois que l’effroyable besogne fut terminée :
    – C’est bien, dit Fausta à Belgodère, tu peux te retirer. Va m’attendre devant la porte du couvent.
    – Stella ? grogna le bohémien qui jeta un regard sanglant sur Fausta.
    Et elle comprit alors pourquoi Belgodère n’avait plus voulu la quitter !… Elle comprit que cet homme la tuerait sûrement si elle ne tenait parole !… Mais Fausta était bien décidée à rendre Stella au bohémien. Sur ce point-là, du moins, elle avait dit la vérité.
    – Ecoute, dit-elle, jamais je ne fais de serment, car c’est offenser Dieu… Retire-toi en toute confiance à l’endroit que je te dis, et dans une heure, tu verras celle que tu me demandes. Mais si je m’aperçois que tu doutes, si la pensée te vient d’espionner ce qui va se passer ici pour une fois je ferai un serment, et je te jure que ta fille va remplacer sur cette croix celle que tu viens d’y attacher…
    A ces mots, Fausta monta lentement, sans se retourner, les marches de marbre. Un instant Belgodère demeura sombre, la tête basse, ruminant des pensées de haine ; puis, esquissant un geste de violente menace, il se retira. Ayant jeté un regard sur la crucifiée, il eut un rire silencieux et terrible puis, à grands pas, franchit le terrain de culture, et sortit du couvent comme il en avait reçu l’ordre.
    A ce moment même, il vît une litière s’arrêter devant le grand portail. Il reconnut aussitôt les deux hommes qui en descendirent : c’étaient Farnèse et maître Claude.
    On a vu que le cardinal seul avait pu pénétrer dans l’abbaye et que Claude s’était retiré sous l’ombrage d’un grand chêne, attendant que le cardinal reparût avec Léonore et Violetta.
    Nous avons dit quelle était la tristesse de l’ancien bourreau. Claude avait toujours vécu dans cette atmosphère glaciale de la terreur qu’il inspirait, habitué à entendre sur son passage les hommes grommeler une malédiction, les enfants lui crier des insultes, et les femmes murmurer une prière en faisant un signe de croix et en hâtant le pas…
    Il savait parfaitement que cette répulsion qu’il inspirait pouvait et devait s’étendre à tous ceux qui vivaient avec lui… Il frémissait à la pensée que Violetta serait réprouvée comme lui s’il vivait près d’elle. La seule idée que le duc d’Angoulême pût apprendre qu’il était le bourreau lui causait une sorte de vertige.
    Claude, à cette situation, avait trouvé une issue : disparaître. Mais si bien disparaître que plus jamais Violetta ne pût être éclaboussée du reflet rouge qui l’escortait… c’est-à-dire mourir !…
    Ce bourreau avait un cœur de père, voilà tout. Le sentiment de la paternité avait pris en lui sa forme la plus violente et la plus délicate : se

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