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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dévouer, mourir pour Violetta, cela paraissait tout simple à maître Claude. Mais mourir, c’était se condamner à ne plus la voir… et ne plus la voir lui semblait bien amer…
    Voilà quelles pensées roulaient dans la tête de Claude, tandis qu’appuyé au tronc du vieux chêne, les yeux fixés sur le grand portail, il attendait Violetta, et que machinalement sa main se crispait sur l’aumônière de cuir où il avait enfermé un flacon de poison.
    – A quoi peut-il bien songer ? ricana Belgodère qui l’examinait de loin.
    Et le bohémien gronda :
    – Voilà donc celui qui a pendu celle que j’aimais… la mère de mes filles… ma pauvre Magda !… Voilà celui qui a refusé à un père de lui dire où se trouvait ses enfants ! Un mot ! Il n’avait qu’un mot à dire ! Et je lui pardonnais la mort de Magda !… Et je me suis traîné à ses pieds et j’ai pleuré !… Il n’a pas eu pitié de la douleur de ce père… il est vrai que ce père n’était qu’un bohémien, un jongleur… Par les étoiles funestes ! ai-je assez souffert ! ai-je assez attendu cette minute !… Je le tiens !…
    Belgodère eut un souffle rauque, secoua sa tête sauvage et s’avança vers Claude.
    Le bourreau, en le voyant s’arrêter devant lui, eut un imperceptible tressaillement et pâlit. La présence de Belgodère à l’endroit et à l’heure mêmes où il devait revoir Violetta fit passer sur son échine le frisson des pressentiments mortels.
    – Que veux-tu ? demanda-t-il rudement.
    – Ne t’en doutes-tu pas ? dit le bohémien d’une voix non moins rude.
    Ils étaient l’un devant l’autre, pareils à deux dogues énormes, tous deux formidables, livides tous deux.
    – Passe ton chemin ! gronda le bourreau.
    – Mon chemin est le tien ! grogna le bohémien. D’ailleurs je n’ai que peu de choses à te dire.
    – Parle donc, mais hâte-toi ! Ou sinon…
    – Tu veux que je me hâte, et c’est bien. Voici donc mon maître : lorsque je t’ai vu récemment dans la maison de la place de Grève, je croyais tenir ma vengeance.
    Claude, à ce souvenir, serra ses poings monstrueux.
    – Il se trouva que tu m’échappas encore ! Violetta fut sauvée… Stella était perdue pour moi… et mon autre fille, Flora, mourait sous mes yeux dans le brasier… tu triomphais une fois de plus de ma douleur…
    – Monsieur, dit Claude avec une sorte de douceur humiliée, quant à vos deux filles, je vous ai expliqué…
    – Bon ! ricana Belgodère l’interrompant, voilà que tu m’appelles monsieur tout comme si j’étais chrétien et même gentilhomme…
    – Je vous ai expliqué, dis-je, qu’en les confiant au procureur Fourcaud, je croyais agir pour le mieux de leur bien… Hélas ! pouvais-je prévoir ce qui devait arriver à ce digne homme !…
    – Moi qui n’étais que le père, je n’étais pas digne homme ! gronda Belgodère.
    – J’eus tort, je l’avoue. Mais maintenant que j’ai subi vos reproches, passez votre chemin, croyez-moi… ne me tentez pas en cette matinée.
    – Vraiment, monsieur, tu avoues que tu as eu tort d’arracher au père ses deux enfants !…
    – Oui, murmura Claude, comme s’il se fut parlé à lui-même, là fut peut-être le crime que j’ai expié par tant de désolation.
    – Ton crime, dit Belgodère dans un rauque grondement, tu as bien dit le mot, cette fois : ce fut ton crime ! Plus que d’avoir supplicié ceux de ma tribu, plus que d’avoir tué Magda, pauvre malheureuse qui ne t’avait rien fait, rien fait à personne, ce fut vraiment là ton crime… Quant à l’avoir expié, c’est autre chose !
    – N’ai-je pas pleuré comme tu as pleuré ? dit maître Claude en frissonnant.
    – Ce n’est pas assez.
    – Ne m’as-tu pas enlevé Violetta comme je t’avais enlevé Flora et Stella ?…
    – Ce n’est pas assez !…
    – N’ai-je pas subi la douleur même que tu as subie ? N’es-tu pas assez vengé pour avoir livré mon enfant à celle que tu sais, le jour même où je la retrouvais ?…
    – Ce n’est pas assez !…
    A mesure qu’il faisait ces trois réponses, Belgodère s’était redressé, sa voix avait fini par rugir. Le bourreau, au contraire, semblait se courber, de plus en plus écrasé.
    – Parle donc, dit maître Claude. Dis-moi ce qu’il te faut. Ce que tu me demanderas, je te le jure par cette journée solennelle, par cette heure où renaît mon cœur pour bientôt mourir, je

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