Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
te l’accorderai !… Mais ensuite, va-t-en !… Par Notre-Dame, je te le dis, bohémien, n’abuse pas de ma patience en un tel moment !… Voyons, dis vite : que te faut-il ?
    – Sang pour sang ! Vie pour vie ! Mort pour mort !…
    Maître Claude releva lentement la tête et répondit :
    – Sois donc satisfait. Car bientôt je ne serai plus !…
    – Tu plaisantes, bourreau ! Ah çà ! que veux-tu que ta mort me fasse ? Maître Claude, le supplice de Flora appelle le supplice de Violetta !…
    Claude saisit une branche de chêne qui pendait au-dessus de sa tête, la brisa, la tordit, l’arracha, et, monstrueux, terrible, la matraque serrée convulsivement dans sa main, grogna :
    – Va-t-en !…
    – Je m’en irai tout à l’heure, dit Belgodère, quand ma fille Stella sortira de ce couvent. Car je puis bien te l’annoncer : on va me rendre ma fille… celle qui me reste ; c’est déjà quelque chose… Et quand à la petite chanteuse…
    Claude fit un pas, leva la matraque et gronda :
    – Je te conseille de ne pas proférer ici de menace contre elle. On va te rendre ta fille : c’est bon. Tu dois à ces mots que tu viens de dire de ne pas être assommé déjà. Mais maintenant, va-t-en sans menacer ma fille, à moi !
    – Des menaces ! hurla Belgodère avec un éclat de rire insensé. Tu ne me connais pas, Clause ! Je ne menace pas, moi ! Je tue !… Et si je te dis qu’il me fallait le supplice de ta Violetta, c’est qu’à cette heure elle est suppliciée !
    Claude rejeta sa branche de chêne. Sa main énorme s’abattit sur l’épaule du Bohémien qui ne plia pas et continua à le regarder les yeux dans les yeux convulsé par la haine, les dents découvertes par l’effroyable sourire de la vengeance satisfaite.
    – Tu dis ? fit Claude presque à voix basse, tandis qu’un tremblement l’agitait tout entier.
    – Je dis, rugit Belgodère avec un juron terrible, je dis que moi, Belgodère, j’ai attaché ta fille sur la croix, que vingt hommes d’armes gardent cette croix, et qu’à cette heure elle expire ! Je dis… Tiens ! Ecoute !… Voici le glas qui sonne ! En ce moment, ta fille…
    La parole expira soudain sur ses lèvres. Claude venait de le saisir à la gorge. Ses deux mains, tenailles vivantes, s’incrustèrent dans les chairs… Il ne disait pas un mot. Il était pâle comme un mort, rigide comme une monstrueuse cariatide ; seulement, de ses yeux exorbités et rouges d’afflux sanglants, des larmes coulaient l’une après l’autre, et l’on eût dit qu’il pleurait du sang…
    Le bohémien, vigoureux et trapu, ses forces décuplées par la haine, essayait, par violentes secousses, d’échapper à l’étreinte. A chaque secousse, il reculait d’un pas et entraînait Claude… Et lui aussi empoigna le bourreau à la gorge ; ses deux bras nerveux, dans un geste foudroyant, se levèrent, ses doigts velus s’enfoncèrent dans la gorge de Claude…
    Alors, ils demeurèrent immobiles sous le ciel rayonnant, dans le grand silence paisible où les tintements du glas tombaient un à un comme des gouttes de tristesse mortelle… Debout l’un contre l’autre, pétrifiés dans leur attitude, ils s’étranglaient l’un l’autre.
    Cela dura quelques instants… Enfin, les doigts de Belgodère se desserrèrent… sa tête tomba mollement sur ses épaules.
    Une seconde encore Claude le tint dans ses doigts, et quand il eut vu les yeux du bohémien devenus tout blancs, quand il eut vu sa face violette, il le lâcha… Belgodère s’affaissa sur place… Il était mort.
    Claude se pencha sur lui et posa sa main sur son cœur. Il semblait très calme, si ce n’est qu’il respirait à coups précipités, à demi étouffé qu’il était. Lorsqu’il eut constaté que le bohémien était bien mort, il se releva et regarda autour de lui avec cet étonnement stupide de l’homme qui se fait éveiller et croit faire un méchant rêve.
    Les tintements funèbres de la cloche de l’abbaye arrêtèrent son attention ; mais il ne comprenait pas encore pourquoi sonnait cette cloche. Brusquement, un reflux de la mémoire le ramena dans la réalité.
    – Le glas ! rugit-il en saisissant ses cheveux à pleines mains. Le glas !…
    Et il se rua vers la porte du couvent. La porte était toute grande ouverte. En effet depuis dix minutes, une troupe assez nombreuse venait d’arriver et avait pénétré dans l’abbaye. Ni Belgodère ni maître Claude

Weitere Kostenlose Bücher