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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’avaient fait attention à cette troupe qui, étant entrée, laissa un homme de garde sous la voûte.
    – Halte-là ! cria la sentinelle en voyant arriver Claude hagard, échevelé, hurlant et lancé en bonds furieux.
    Claude, sur son passage, renversa l’homme sans s’arrêter, sans le voir peut-être, simplement en le heurtant. Et presque aussitôt il s’arrêta, avec une atroce clameur de mortel désespoir :
    Il venait de reconnaître Violetta dans les bras du duc d’Angoulême qui l’emportait. Violetta blanche comme une morte. Morte sans aucun doute !…
    A ce moment, le petit duc chancelait… il allait tomber… Claude ouvrit ses bras noueux, ses bras de géant, et reçut le double fardeau : Charles d’Angoulême portant Violetta…
    Et d’un furieux effort, il les enleva tous les deux, il les emporta, le pas à peine alourdi par la charge, s’élança au dehors, ses yeux rouges fixés sur Violetta, mordant ses lèvres jusqu’au sang pour ne pas crier, courant, bondissant d’instinct vers la petite source du calvaire… la source près de laquelle, jadis, Loïse de Montmorency avait été frappée par Maurevert…
    Et là, il les déposait tous deux sur le gazon, s’agenouillait, trempait ses mains dans l’eau et baignait le front de la jeune fille qui presque au même instant poussait un soupir, ouvrait les yeux et, dans un sourire, comme elle avait souri dans la salle des exécutions du palais de Fausta, comme alors, murmurait :
    – Mon père… mon bon petit papa Claude !
    Les minutes qui suivirent furent pour Claude, pour Violetta et pour Charles, promptement revenu de son évanouissement, d’intraduisibles minutes d’extase. Ces trois êtres, pendant la période qui suivit la délivrance de Violetta et leur réunion, doutaient encore de leur bonheur. Les questions, les exclamations, les mains serrées cent fois, les baisers éperdus, les larmes, toute cette mimique des gens qui ont longtemps souffert apaisa enfin leur angoisse, et ils purent, avec plus de calme, envisager leur situation.
    Pour Charles et pour Violetta, elle était rayonnante ; leur félicité les enivrait, ils resplendissaient de leur pure joie comme le soleil resplendissait dans le ciel. Pour, Claude elle était sombre…
    Puisque Violetta était sauvée, puisqu’elle était réunie enfin à celui qu’elle aimait, l’heure de disparaître allait sonner pour lui… l’heure de mourir !… Et c’était maintenant, c’était en présence de son enfant qu’il comprenait toute l’horreur contenue dans ce mot : mourir !…
    Le duc d’Angoulême avait reconnu en Claude l’homme qu’il avait vu dans sa maison de la rue des Barrés, l’homme au mystère inquiétant qu’il aurait si ardemment souhaité déchiffrer. Mais à ce moment, le pauvre amoureux ne voyait que Violetta, et il lui semblait que jamais il n’arriverait à rassasier ses yeux.
    Mais Violetta, elle, ne perdait de vue ni son fiancé, ni celui qu’elle persistait à appeler son père. Certes, c’était pour elle un bonheur inouï que de revoir celui qu’elle aimait, et c’est à peine si elle osait croire à la réalité de cette heure adorable. Mais l’affection filiale qu’elle avait pour Claude avait en elle des racines bien profondes…
    Violetta, dans ce moment, vit s’assombrir le visage de Claude. Elle vit que les yeux du réprouvé se fixaient sur Charles… sur le fiancé !… Et par une soudaine intuition du cœur, cette fille charmante comprit la douloureuse vérité !… Elle attacha sur lui un regard attentif, puis dégageant doucement ses mains que le petit duc tenait dans les siennes, elle se jeta dans les bras de maître Claude et posa sa tête sur sa vaste poitrine.
    – Mon père, dit-elle, mon bon père, qu’avez-vous ?… Pourquoi, en un pareil moment, n’êtes-vous pas rayonnant de joie comme vous l’étiez lorsque vous m’avez retrouvée dans la salle des supplices… lorsque vous m’avez prise dans vos bras ?…
    – Silence ! silence, mon enfant ! bégaya Claude en regardant le duc avec terreur.
    – Vous pleurez, père !… Vous sanglotez !
    – C’est la joie !… Je te le jure…
    Elle secoua la tête ; ses beaux yeux bleus de violette, avec une étrange sérénité, se posèrent sur son fiancé, tandis que sa joue se reposait encore sur la poitrine de l’ancien bourreau. Peut-être, avec la bravoure d’âme des femmes dans les circonstances d’où leur vie entière peut dépendre,

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