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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voulait-elle mesurer d’un coup l’amour du duc d’Angoulême. Et ce fut avec une sorte d’héroïsme qu’elle se jeta à corps perdu dans l’explication que Claude voulait éviter en mourant.
    – Non, dit-elle avec une fermeté pleine de douceur, tandis qu’elle pâlissait légèrement ; non, non, père, ce n’est pas la joie qui vous fait pleurer en ce moment… c’est la douleur. Vous n’êtes pas comme ce jour où, dans la salle des supplices, vous m’avez prise dans vos bras et où vous vous êtes jeté dans la trappe…
    – Silence, malheureuse enfant ! gronda Claude.
    – La salle des supplices ! murmura Charles d’Angoulême.
    Et il eut dès lors la conviction qu’il allait connaître le secret… que Claude allait cesser d’être un mystère pour lui et qu’il allait apprendre quelque chose de terrible. Claude d’une main cachait ses yeux, et de l’autre cherchait la bouche de Violetta pour la fermer. Pâle de sa résolution, forte de son courage, une flamme d’héroïsme dans les yeux, Violetta reprit :
    – Oui… la salle des supplices où je devais périr… Monseigneur duc, écoutez… Voici mon père…
    – Monseigneur, râla Claude éperdu, ne la croyez pas : son père, vous savez, c’est le prince Farnèse…
    – Mon père, continua Violetta, c’est celui qui m’a prise, enfant, dans ses bras protecteurs, qui m’a consacré sa vie et m’a donné le meilleur de lui-même… Monseigneur, je vous aime. Dans le secret de mon cœur j’ai uni ma destinée à la vôtre… Je ne pense pas que je puisse jamais vous oublier, et je crois que s’il fallait jamais nous séparer, ajouta-t-elle d’une voix altérée, je serais bientôt morte…
    – O mon enfant ! fille adorée de mon cœur ! sanglota maître Claude.
    – Nous séparer ! balbutia le duc d’Angoulême en frissonnant. Chère fiancée, vous voulez donc que je meure ?…
    – C’est pourtant ce qui arriverait, dit Violetta, s’il fallait que mon bonheur fût au prix du malheur de mon père !… Ecoutez, mon cher seigneur, mon père s’appelle maître Claude…
    – Mon enfant… par pitié !… oui, par pitié pour ton vieux père Claude… tais-toi !…
    – Mon père, continua Violetta avec l’intrépidité des héroïnes de jadis qui marchaient à l’ennemi la hache à la main, mon père est un bourgeois de Paris. Le voici. Je n’en connais pas d’autre. C’est lui qui m’a élevée… avec quelles tendresses, avec quels soins délicats, nul ne le saura jamais que moi… c’est toute sa vie qu’il m’a donnée, monseigneur. Si je vis, c’est à lui que je le dois… Or, après une longue séparation, quand il me retrouva, ce fut encore pour sauver ma vie… Et maintenant, écoutez, mon cher seigneur… Ce jour-là, après m’avoir sauvée, il sanglotait comme maintenant… Et quand je voulus savoir quel chagrin il y avait dans l’existence de ce juste, quelle douleur il m’avait cachée à force de tendresse et de dévouement, il m’apprit qu’il n’était pas digne de s’appeler mon père, parce qu’il était autrefois bourreau juré de la ville de Paris. Monseigneur, regardez-moi, je suis la fille de maître Claude !…
    Charles d’Angoulême livide, frissonnant, les cheveux hérissés, recula de deux pas, cacha son visage dans ses mains, et jeta une sorte de gémissement lamentable :
    – Le bourreau !…
    « Puissance du ciel, je puis mourir heureux ! cria en lui-même maître Claude, transfiguré, le visage rayonnant d’une joie surhumaine… Ange de ma pauvre vie ! Bénie sois-tu pour cette minute d’ineffable orgueil que tu donnes au cœur de ton père ! »
    A ces mots, il prit rapidement le flacon de poison qu’il portait dans son aumônière et en avala le contenu. Violetta, les yeux fixés sur Charles, attendant sa décision avec la vertigineuse anxiété de l’être au bord d’un abîme, Violetta n’avait pas vu ce geste !… Et Charles, comme assomme par cette révélation, ne l’avait pas vu davantage !…
    Pendant quelques secondes, les yeux fermés sous ses mains demeurèrent pourtant comme éblouis par de sinistres lueurs… Quand il laissa retomber ses mains, quand son regard se posa sur Violetta, la jeune fille poussa un grand cri de joie éperdue… Car dans les yeux de son fiancé, elle venait de voir que l’amour était vainqueur de la révélation, de l’horreur, de l’épouvante, de tout au monde !…
    Dans le même instant, les

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