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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mots :
    – Pape du mensonge, grand-prêtre de la trahison, tu l’emportes aujourd’hui ! Tu peux donc achever la victoire que tu dois à la lâcheté humaine, non à la protection divine. Fais-moi mettre à mort si tu l’oses ; je ne te précéderai que de peu dans la tombe : mais tu n’obtiendras de moi ni la soumission que tu espères, ni le respect dû seulement aux envoyés de Dieu… Allons, vous autres ! troupeau de traîtres ! gagnez vos trente deniers en assassinant votre souveraine ! Frappe le premier, Rovenni, si tu veux mériter de régner par le crime comme ton maître Sixte règne par l’imposture !
    Sa voix s’était à peine élevée au diapason du mépris. En prononçant les derniers mots, elle remonta sans hâte les degrés de marbre et reprit sa place sur son trône, si majestueuse vraiment, si sculpturale dans les plis immobiles de sa lourde robe, avec un tel éclair jailli de ses yeux noirs que tous reculèrent pour la laisser passer et que nul n’osa lever son regard sur elle quand elle se fut assise.
    – Par le Dieu vivant ! gronda Sixte Quint, voilà l’audace de l’hérésie ! voilà le frénétique orgueil du schisme !… Seigneur, pardonne-moi de répandre le sang d’une créature humaine sans lui laisser le temps de se réconcilier avec toi !… Gardes !… que cette femme meure !…
    Il y eut un tumulte ; les cardinaux refluèrent ; les gens d’armes de Sixte et les hallebardiers de Fausta s’avancèrent précipitamment sur l’estrade de marbre… Fausta, dans cette suprême seconde où la mort était sur elle, ne fit pas un geste de défense ; elle vit l’éclair des piques et des poignards elle entendit le hurlement de la meute qui se ruait sur elle… Elle murmura :
    – Trahison !…
    Et ferma les yeux…
    Dans cet instant où elle s’apprêtait à mourir comme elle avait vécu, en une attitude d’indestructible orgueil, un long frémissement l’agita ; une flamme embrasa son cœur glacé ; sa pensée oscilla violemment du pôle de la haine au pôle de l’amour, et son sein palpita… Un homme, d’un bond, venait de se jeter devant elle…
    Cet homme, avec un de ces gestes qui imposent l’effroi de la mort aux multitudes, d’un geste qui l’avait enveloppé d’un éclair d’acier, tirait du fourreau une longue, large et solide rapière ; la pointe de cette rapière, il la dirigeait sur la poitrine même de Sixte Quint debout sur la dernière marche de l’estrade, et cet homme disait :
    – Saint-Père, je serai au regret de vous tuer ; mais si vous n’arrêtez cette bande de loups, vous êtes mort !…
    Sixte fit un signe désespéré… Les gardes s’arrêtèrent net, n’osant plus faire ni un pas ni un geste, car il était trop évident que l’homme à la rapière n’avait qu’à pousser sa pointe… et c’en était fait du pape…
    – Pardaillan ! murmura Fausta dans un soupir de joie, d’espoir, de renaissance à la vie, et d’admiration.
    – Monsieur, dit Sixte d’une voix qui ne tremblait pas, oseriez-vous bien frapper le suprême pontife de la chrétienté !…
    – Aussi vrai que vous osez frapper cette femme !… Ne bougez pas, saint et vénérable père !… Un pas de vous en arrière, ou un pas de ces gens en avant, et nous partons tous de compagnie
ad patres !…
Madame, veuillez vous lever…
    Fausta, l’esprit perdu, haletante devant cette scène imprévue, obéit sans se rendre compte de ce qu’elle faisait. Dans le même instant, Pardaillan se rapprocha du pape, se colla à lui pour ainsi dire, tandis que les gardes frémissants cherchaient s’ils ne pourraient le frapper à l’improviste sans danger pour Sixte.
    – Ne bougez pas, enfants ! dit le pape. Dieu terminera cette querelle au mieux de ses intérêts !…
    – C’est sûr ! dit froidement Pardaillan, je ne comprends pas que les hommes se veuillent à toute force mêler des intérêts de Dieu… Madame, veuillez descendre… Pas un geste, vous autres… écartez-vous !… Descendez, madame !… (Fausta éblouie, domptée, dominée, obéissait.) Bien… Gagnez maintenant la porte de ce pavillon. Vous y êtes ?… Attention, vous autres !…
    Au même moment, Pardaillan lâcha Sixte Quint. D’un saut, il fut en bas de l’estrade. Vingt poignards se levèrent ; vingt piques ou hallebardes se croisèrent…
    – A mort ! vociféra Rovenni qui, haletant, avait assisté à toute cette scène avec le secret espoir de voir

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