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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Maurevert.
    – Sais-tu, demanda-t-il, pourquoi tu n’as pas été convoqué ?
    – Non, je ne le sais pas ! Et je ne donnerais pas un blanc [13] pour le savoir. Le duc, plusieurs fois déjà, m’a battu froid, puis il est revenu. Il reviendra cette fois encore.
    – Cette fois, c’est grave, mon ami : tu es soupçonné.
    – Soupçonné ?… Et de quoi donc ?
    – De tout et de rien, ce qui est bien pis qu’une accusation précise. Si on disait franchement : Maurevert a dit ceci, Maurevert a fait cela, tu pourrais te défendre. Mais on ne dit rien. On dit simplement qu’il faut se défier de toi !…
    – Et qui dit cela ?…
    – La duchesse aux ciseaux d’or.
    – La boiteuse ? Cette vipère ? Cette tête éventrée qui perdra son frère ? Eh bien, qu’elle m’accuse. Je ne me défendrai même pas !…
    – Maurevert, un conseil…
    – Ah ! cher ami, il est bien tard… attends à demain !…
    – Demain, il sera trop tard. Je t’inflige mon conseil à l’instant.
    – Je suis prêt, dit Maurevert en baissant la tête avec une résignation si comique que Maineville éclata de rire et songea :
    « Oui, vraiment, il faut que la damnée duchesse soit une vraie vipère !… »
    Et Maineville continua :
    – En tout cas, voici le conseil : tu avais fort envie de voyager ; eh bien, voyage !
    – Excellent ! Et quand, d’après toi, quand dois-je fuir ?… Car c’est une fuite que tu me proposes.
    – Tout de suite. Dès cette nuit. Sur l’heure même, mon bon ami.
    – Charmant ! Et où faut-il aller ? A Paris ? ou chez les Turcs ?…
    – Où tu voudras, pourvu que ce soit loin, très loin de Guise.
    – Merveilleux ! Et avec quoi voyagerai-je ?
    – Avec quoi ?… Avec ton cheval, pardieu ! Ton cheval, ta rapière et tes pistolets d’arçon.
    – Oui ; mais avec quel argent ? Est-ce avec les deux mille livres que le duc me doit et qu’il me devra longtemps encore hélas ? Est-ce avec ma paye d’officier qui est en retard de cinq mois ?
    Maineville eut une minute d’hésitation, poussa un soupir, et proféra enfin :
    – Ecoute, j’ai quelque chose comme deux cents pistoles qui s’ennuient dans mon porte-manteau. Fais-les voyager, cela nous rendra service à tous les trois : à toi qui auras de quoi voyager, aux pistoles qui verront du pays, et à moi qui ne serai plus tenté de jouer à la bassette [14] .
    Le cœur sec de Maurevert eut comme un battement. Dans cet esprit de ténèbres, une lueur plus douce brilla un instant. Mais cette émotion dura le temps d’un éclair, et il se le reprocha violemment en se disant :
    « Triple sot ! Ton Maineville est en train de t’enferrer ! Il est là pour savoir si tu conspires et te livrer ensuite. Ne t’a-t-il pas un jour menacé de sa dague si tu touchais au duc ou à son argent ? »
    En même temps qu’il pensait cela, Maurevert tendait sa main à Maineville et disait :
    – Merci ami ! C’est entre nous à la vie à la mort. Mais je n’userai pas de ta générosité. Je reste !
    – Tu as tort ! Je te dis que tu es véhémentement soupçonné de trahir. Demain, au point du jour, je recevrai peut-être l’ordre de te poignarder. Tu vois combien ce serait triste pour moi.
    – Le ferais-tu donc ?… Maineville, tu aurais le courage de frapper ton plus vieil ami ?
    – Oui, si on m’en donne l’ordre, dit Maineville.
    Cette fois, Maurevert baissa la tête. La sincérité de Maineville était au-dessus de ce qu’il pouvait comprendre.
    – A défaut de moi, reprit Maineville, Bussi, vingt autres le feront. En ce moment, tu vaux encore deux cents pistoles puisque je te les offre ; dans deux ou trois heures, tu ne vaudras pas un sou parisis.
    – Voilà donc, dit amèrement Maurevert, à quoi auront abouti dix ans de bons services. Je suis obligé de fuir comme un vrai félon, comme un traître !
    – Je me charge de ta rentrée en grâce, dit Maineville avec vivacité. Je prouverai ton innocence. Et le danger écarté, tu reviendras. Est-ce dit ?… Pars-tu ?…
    – Il le faut bien, mort du diable !
    – C’est bien. Dans vingt minutes, tu as les deux cents pistoles.
    – Cent me suffisent. Je n’irai pas loin. J’irai… tiens : j’irai à Chambord, et je t’attendrai là.
    – A merveille, dit Maineville qui s’éloigna aussitôt.
    Maurevert s’habilla aussitôt, serra précieusement sur lui divers papiers et notamment le bon de cinq cent mille livres

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