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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bruit lointain. Pardaillan se leva. Elle aussi. Et un instant, ils demeurèrent face à face, avec des pensées terribles.
    – Madame, dit Pardaillan d’une voix assurée, mais basse et menaçante, quel est cet ordre que doit exécuter votre servante ?
    Fausta, en ce moment, cessait d’écouter. Elle tourna vers le chevalier un visage qu’il ne reconnut pas…
    Tout ce que la passion déchaînée dans le cœur d’une femme peut avoir de splendide et d’affolant, de radieux et de terrible, éclatait, flamboyait sur ce visage ; le sourire des lèvres pourpres, desséchées par la fièvre, tremblait comme un frisson d’amour surhumain ; la lave du regard brûlait ; la vierge pure, la vierge dédaigneuse et hautaine, par une transformation effrayante de soudaineté, devenait la plus impure et la plus rutilante des ribaudes… D’un seul geste, elle fit tomber sa robe de lin toute blanche et sa miraculeuse nudité apparut aux yeux de Pardaillan ébloui, fasciné, éperdu, comme la sublime création de quelque Michel-Ange en délire…
    Elle parla alors… Elle parla d’une voix de douceur étrange, rauque d’amour, haletante, brûlante…
    – Je t’aime, dit-elle, je t’aime, et tu me repousses… Je t’aime, et tu m’as repoussée… Je t’aime, moi, la vierge qui portait dans son âme orgueilleuse le souverain mépris de l’homme… je t’aime et je me donne à toi… prends-moi, je t’appartiens… je suis à toi tout entière, et j’ai juré que pour une heure tu serais à moi tout entier…
    Elle jeta ses bras autour de son cou, l’enlaça étroitement…
    – Fausta !… bégaya Pardaillan insensé de cette passion qui le pénétrait comme le plus subtil des poisons.
    Elle approcha ses lèvres de ses lèvres… Un instant, dans un sinistre éclair de sa raison, le chevalier entrevit qu’il courait un effroyable danger… Mais plus étroitement, avec une sorte de rudesse farouche, elle l’enlaça, et son étreinte se fit plus furieuse. Alors le chevalier haleta… Sa tête se perdit. Il oublia tout au monde. L’amour, pour une minute, l’amour pareil à une fleur monstrueuse qu’un soleil inconnu ferait éclore en un instant, l’amour plein d’angoisse et de vertige s’empara de sa pensée, de son cœur, de son âme et de son corps…
    – Vaincue ! murmurait la vierge, vaincue par toi, j’obtiens dans ma défaite la plus éclatante victoire… écoute… Sais-tu ce que j’ai fait pour te posséder !…
    – Oh ! balbutia le chevalier, qu’importe ! Ce rêve qui s’ouvre à mes yeux éblouis efface tous les rêves…
    – Il faut que tu saches… j’ai voulu ta mort… oui, ta mort dans le premier baiser de passion que la vierge immaculée offre à un homme… hier… oh ! écoute… hier, des fascines [17] ont été entassées dans la salle de ce palais…
    Pardaillan écoutait à peine. Peut-être n’entendait-il pas. Il avait parlé de rêve. Et c’était bien un rêve étincelant, magique, ineffable qu’il vivait de toutes les fibres de son être stupéfié par l’amour comme il l’eût été par un puissant narcotique. Plus belle, plus passionnée, plus resplendissante de seconde en seconde, Fausta continuait :
    – Myrthis a mis le feu… tu comprends ?… Et maintenant, ce palais brûle !… Myrthis est sortie en fermant toutes les portes… conçois-tu ?… et maintenant, nous sommes seuls… seuls au-dessus d’un immense brasier d’incendie… seuls dans un somptueux brasier d’amour !… Pardaillan ! Pardaillan !… Tu m’aimes !…
    – Je t’aime ! bégaya Pardaillan. La mort !… Un brasier !… Soit !… Mourir ainsi, ce n’est pas mourir, c’est passer d’un rêve à des rêves inconnus…
    Leurs lèvres s’unirent. Le temps s’écoula… une heure, peut-être… Pardaillan n’en eut pas conscience.
    Lorsque Pardaillan sortit de ce délire qu’avait créé la magnifique passion de Fausta et qui avait peut-être été provoqué par des émanations de parfums dont le secret est perdu, lorsqu’il revint à lui, Pardaillan jeta des yeux hagards dans la chambre et il vit qu’une acre fumée l’emplissait en pénétrant par les fissures des portes. Il chercha Fausta près de lui et, avec un rire étrange, murmura :
    – Mourir dans tes bras, mourir dans l’amour et les flammes !… Ce sera une belle fin de ma vie tourmentée !…
    Et près de lui, il ne trouva pas Fausta !… A son rire étouffé répondit un éclat de

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