Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
songe à m’y entraîner avec lui. A Florence, mon palais a été cerné, j’étais sur le point d’être prise… j’ai fui.
    – Et c’est à Rome que vous avez cherché un refuge !…
    – Oui, dit simplement Fausta. Je serai cherchée partout excepté dans l’ombre du château Saint-Ange. Sixte jette au loin son regard pour deviner ma retraite, il oubliera de regarder à ses pieds.
    – Bien joué ! fit Pardaillan qui ne put s’empêcher de rire.
    Et pourtant, il éprouvait un exprimable malaise. Cette femme si belle en vérité, cette vierge trop vierge et si peu femme, qui, vaincue, méditai quelque terrible revanche, celle enfin pour qui, sur le pont de Blois, avait senti, ne fût-ce qu’un instant, battre son cœur… Fausta ne lui inspirait maintenant qu’une sorte de répulsion. Il eût beaucoup donné pour n’être pas venu, et il se mêlait une vague terreur aux sentiments qu’il dissimulait soigneusement.
    – Chevalier, reprit Fausta avec une douceur qui était comme accablante, lorsque j’ai su que vous aviez tué le duc de Guise, lorsque j’ai compris que vous étiez une de ces forces de la nature contre lesquelles on ne peut rien, j’ai cru que ma destinée était finie. Sur le pont de Blois, j’ai voulu mourir, et vous m’avez arrachée à la mort. Dans cette heure-là, chevalier, il s’est passé entre nous un événement grave… et sur cet événement, j’ai rebâti mon avenir. Je vais donc, comme à mon associé, comme à celui pour qui désormais je ne dois rien avoir de secret, révéler mon plan tout entier… Ne protestez pas, taisez-vous… Quand j’aurai parlé, vous direz oui ou non…
    – En ce cas, j’écoute, madame, et, quoi qu’il arrive, vous pouvez compter que vos secrets seront aussi en sûreté dans ma tête que dans votre propre cœur…
    Fausta se recueillit une minute, puis fixant son regard de flamme sur le chevalier :
    – Voici, dit-elle. J’ai un peu partout, en Italie, des amis puissants. Epars, disséminés, découragés par le triomphe de Sixte, ils deviendront une formidable armée prête à tout entreprendre si je remporte ici une seule victoire. A Rome, deux mille hommes d’armes sont prêts à former le premier noyau de cette armée, et j’ai des intelligences dans le château Saint-Ange même. Que Sixte vienne à mourir…
    Pardaillan fit un mouvement.
    – Ou simplement que je m’empare de lui, que je le tienne ici prisonnier, et je suis maîtresse absolue de la situation. Chevalier, j’ai compté sur vous pour prendre Sixte dans son Vatican, le faire prisonnier de guerre et me l’amener ici. Ni l’argent ni les hommes ne vous manqueront pour mener à bien cette tentative. Vous paraît-elle possible ?
    – Tout est possible, madame.
    – Bien, dit Fausta, dont l’œil s’illumina d’un éclair. Une fois Sixte pris, avec mes deux mille reîtres, vous tenez Rome, et moi je prends possession du Vatican. Les amis dont je vous parlais se rallient alors et m’amènent chacun leur contingent : au bout d’un mois, nous avons dans la campagne romaine une armée que j’évalue à trente mille fantassins, quinze mille cavaliers et quarante canons. Avec cette armée, chevalier, je puis rentrer en France et y prendre une décisive revanche… mais à cette armée il faut un chef. Ce chef, je l’ai trouvé : c’est vous… Voilà pour le moment. Ce n’est là que le premier plan du tableau que je vous découvrirai tout entier lorsqu’il en sera temps. Que dites-vous de cela ?
    – Je dis, madame, que tout est possible, répéta Pardaillan, mais cette fois avec une si visible froideur que Fausta se sentit mordue au cœur par un doute effroyable.
    Elle demeura quelques instants plongée dans une sombre rêverie. Puis, lentement, elle reprit :
    – Tout cet échafaudage est bâti sur un sentiment…
    « Nous y voici, attention ! » songea Pardaillan.
    Fausta se leva. Elle tremblait légèrement. Elle était pâle. Des paroles qu’elle eût voulu dire et qu’elle renfonçait se pressaient sur ses lèvres. Enfin, prenant une soudaine décision :
    – Chevalier, dit-elle, tout dépend de la réponse que vous devez me faire. Cette réponse, je ne la veux pas tout de suite. Revenez dans trois jours et je parlerai. Si vous dites oui, mon triomphe et le vôtre sont assurés. Si vous dites non, vous reprendrez le chemin de la France et nous serons à jamais séparés… oh ! taisez-vous, maintenant… trois jours… encore

Weitere Kostenlose Bücher