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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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paroles m’ont convaincu que Fausta est plus que jamais Fausta. Et alors, excusez-moi, madame, vous recommencez à m’effrayer, je recommence à ne plus vous comprendre, et ce que j’avais pris pour un rayon de soleil pénétrant votre âme, n’était que l’éclair de foudre des pensées nouvelles que vous méditiez… Maintenant, madame, je vous dois des raisons. Non, je n’irai pas au château Saint-Ange pour m’emparer de Sixte. Non, je ne commanderai pas vos deux mille reîtres pour tenir Rome sous votre pouvoir. Non, je ne serai pas le chef de l’armée que vous comptez rassembler. Et les raisons, les voici : je ne vous donne pas de défaite ; je ne vous dis pas que je me sens fatigué ou indigne de commander une armée. Je vous donne dans leur simplicité les raisons de mon cœur : j’ai horreur, madame, de ces gens qui se mettent à la tête de cinquante ou soixante mille hommes pour piller, tuer, ravager, incendier, traverser des contrées comme des météores après le passage desquels il n’y a plus que dévastation. Si bonne que soit leur cause, s’il y a seulement une pauvre fille ou un malheureux paysan qui souffre et meurt, c’est une cause maudite. J’ai donc toujours maudit ces gens-là, madame, ayant horreur de ce qui tue. Madame, toute ma sympathie et toute ma pitié vont au pauvre diable dont le sang va couler, et je considère que l’auréole du conquérant, rouge de sang, est un carcan de gloire plus hideux que le carcan d’infamie des gens qu’on expose au pilori. Ce n’est pas tout, madame : j’ai aussi horreur de commander, et puisque j’éprouve une joie infinie à faire ce que je veux, je suppose que, bâti sur le même modèle que les autres hommes, je ne dois pas les empêcher de faire ce qu’ils veulent.
    Ce sont là de pauvres raisons qu’un esprit politique tel que le vôtre doit tenir en piètre estime. Ce sont pourtant mes raisons. J’en ai d’autres. Et si je passe du général au simple, si j’envisage le fait d’armes que vous me proposez, j’ai horreur de préparer un guet-apens contre un vieillard qui ne gêne en rien ma vie et ma liberté. Sixte ne m’a rien fait, à moi. Sa querelle avec vous ne me regarde pas. Lorsque j’ai eu à me venger de Guise, je l’ai guetté, je l’ai attendu, et je lui ai dit : « Défends-toi… » Et Guise, madame, comme Maurevert, savait tenir une épée. Mais Sixte ! Pourquoi, de quel droit, pour quelle injure, pour quel attentat contre moi lui voudrais-je du mal ? Voilà, madame, les raisons pour lesquelles je suis forcé de répondre non à votre proposition et pour lesquelles, demain matin à cinq heures, je monterai à cheval et prendrai la route de France. Il me reste deux choses à ajouter, madame : c’est que je partirai heureux si je sais que nous nous séparons amis ; et ensuite, c’est que, si ma franchise me vaut votre haine, je ne serai jamais, moi, votre ennemi, résolu que je suis à oublier et la nasse de fer, et les hommes de Guise lancés à mes trousses, et tout le reste pour me souvenir seulement du pont de Blois.
    Pardaillan s’arrêta et respira, soulagé ; la sueur perlait à son front.
    « Mort du diable ! songeait-il, des duels à l’épée, à la dague, à l’arquebuse, au canon, si l’on veut, mais des duels de paroles, jamais plus je n’en accepterai : c’est le dernier ! »
    Fausta avait écouté Pardaillan les yeux fermés. Pas un frémissement n’avait agité le marbre de ce front pur demeuré aussi serein que si elle eût entendu quelque flatterie de courtisan et de poète. Seulement, lorsque Pardaillan eut fini de parler, elle ouvrit les yeux et, d’un geste nonchalant, frappa sur un timbre. Myrthis apparut aussitôt. Evidemment elle se tenait derrière la porte.
    – Fais ce que je t’ai ordonné, dit Fausta, et puis, tu sortiras du palais.
    Pardaillan remarqua que Myrthis pâlissait et que ses lèvres s’agitaient comme pour une réponse : un regard foudroyant de Fausta arrêta cette réponse, prête à sortir. Myrthis jeta un coup d’œil étrange sur le chevalier, puis elle s’éloigna…
    Pardaillan assura son épée, sa dague, et se tint prêt à tout événement. Une pensée rapide comme l’éclair venait d’illuminer son cerveau, et il se disait que Fausta venait de donner l’ordre de le tuer : sans aucun doute, il allait voir entrer une douzaine de spadassins chargés de le dépêcher…
    Fausta, l’oreille aux aguets, parut écouter un

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