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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trois frères demeurèrent pétrifiés. Le duc de Guise eut ce même tressaillement funèbre, violent, remuant l’être jusqu’au plus profond des entrailles, ce tressaillement qu’il avait eu jadis, dans la nuit formidable, lorsque la cloche de Saint-Germain-l’Auxerrois avait donné le signal de la grande extermination.
    – Un ! murmura le cardinal en tourmentant le manche de sa dague.
    – Deux ! fit Mayenne dont les yeux s’exorbitaient.
    – Trois !… quatre !… cinq !… comptait le cardinal, livide.
    – Six ! grommela le duc de Guise. Attention !…
    Et alors une espèce de gémissement râla dans sa gorge ; le cardinal baissa la tête, Mayenne grommela entre les dents un furieux juron… Et tous les trois se regardant encore, virent qu’ils avaient des visages convulsés de criminels qui ont peur !…
    Le septième coup ne sonnait pas !… La grosse cloche se taisait !… Le sourd mugissement du sixième et dernier coup haletait dans l’espace en s’affaiblissant de plus en plus, et bientôt il n’y eut plus dans la plaine qu’un lourd silence d’été…
    Henri III n’était pas mort !… Le moine n’avait pas frappé !…
    Pendant près d’une demi-heure encore, les Guises attendirent, muets, terribles, immobiles et livides. Enfin, le cardinal éclata d’un rire étrange et dit :
    – Allons-nous-en. C’est fini !…
    – C’est à recommencer ! gronda Mayenne.
    Le duc de Guise se tourna vers la ville de Chartres et tendit son poing comme Henri III s’était tourné vers Paris, comme il avait tendu le poing à Paris !…
    – A recommencer ! bégaya-t-il d’une voix étranglée par la fureur. Oui ! à recommencer !… Par le sang de mon père ! Valois, tu nous as donné rendez-vous à Blois !… Eh bien ! nous irons ! Prends garde ! Car cette fois, ce n’est pas à la main d’un fou, d’un lâche moine que je confierai le poignard !
    Il baissa la tête, et demeura pensif quelques minutes. Puis les veines de ses tempes se dégonflèrent ; ses yeux striés de fibrilles sanglantes reprirent leur éclat normal ; le souffle rauque qui soulevait sa poitrine s’apaisa.
    – Mes frères, dit-il alors, c’est un immense malheur qui nous frappe…
    – D’autant que la situation va changer, puisque Valois promet les états généraux ! dit le cardinal.
    – Oui, et nous avons besoin de nous recueillir, d’examiner cette situation avec le courage et la froideur de gens dont la tête ne tient plus que par un miracle sur les épaules.
    – Bah ! fit Mayenne, Paris sera toujours à nous !…
    – C’est vrai ! Allez donc m’attendre au village de Latrape où mes gentilshommes doivent me rejoindre. Là nous saurons ce qui s’est passé, et nous pourrons alors parler de l’avenir avec plus de certitude.
    Le cardinal et Mayenne firent un geste d’assentiment et, piquant leurs chevaux, s’éloignèrent sur la route de Paris.
    Guise s’avança sur les ligueurs, essayant de donner à son visage l’expression d’un triomphe qui était bien loin de sa pensée.
    – Mes bons amis, dit-il, nous venons de décider Sa Majesté à un acte qui est plus qu’une grande victoire pour Paris : le roi promet d’assembler les états généraux…
    – Vive le grand Henri !… hurlèrent les ligueurs.
    – Vive le roi ! reprit le duc avec une rage concentrée. Sa Majesté témoigne une bonne volonté pour laquelle nous lui devons toute notre reconnaissance. En une semblable et si heureuse conjoncture, mes bons amis, vous n’avez plus qu’à retourner paisiblement à Paris pour y préparer vos cahiers. Vous savez que je vous aiderai de tout mon cœur, lorsqu’il s’agira de les présenter à Sa Majesté que Dieu garde !…
    Et soulevant son chapeau, il cria pour la deuxième fois :
    – Vive le roi !…
    – Vive Lorraine ! Vive le pilier de l’Eglise ! vociférèrent avec frénésie les ligueurs.
    Mais déjà le grand Henri avait mis son cheval au petit galop et disparaissait vers le nord, laissant derrière lui cette ville de Chartres où il était venu chercher une couronne.
    Il était sombre. Bientôt, ce calme qu’il s’était imposé fondit comme la glace au soleil. La fureur se déchaîna en lui. Seul, pareil à un fugitif, il courait sur la route mal entretenue, espèce de large sentier où poussaient les herbes folles. Il labourait de coups d’éperon les flancs de son cheval. Et le pauvre animal, qui n’en pouvait mais,

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