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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Les deux capucins, en approchant de la cathédrale, jetèrent un avide regard sous le portail. Là, tout le clergé de Chartres attendait Sa Majesté.
    Mais à gauche, un peu isolé, sous une statue, pareil lui-même à une statue, se tenait immobile un moine dont le chapelet se terminait par une croix d’or, destinée sans doute à le faire reconnaître.
    – Le voici ! murmura Marie de Montpensier.
    Et elle tressaillit d’une joie sauvage. A ce moment le moine se détacha de l’angle de pierre où il s’était immobilisé et, s’approchant du roi, se mit à marcher près de lui.
    – Enfin ! murmura encore la duchesse avec un frisson de haine satisfaite.
    – Silence ! dit Fausta d’une voix grave qui se perdit dans le tumulte des cantiques.
    Elles étaient presque sur les talons du roi. Marie de Montpensier était si émue qu’elle avait peine à contenir son sein. Un cri voulait sortir de sa gorge haletante :
    – Frappe ! mais frappe donc !…
    Elle dévorait le moine du regard et, à travers les deux trous de la cagoule qui masquait son visage, ses yeux, ses beaux yeux qui semblaient faits pour ne refléter que de l’amour, jetaient des flammes…
    Lorsque le roi parvint près du chœur, s’agenouilla, elle sentit ses jambes fléchir. Le moment terrible était venu… C’était à l’instant précis de l’agenouillement que Jacques Clément devait frapper.
    Le roi s’agenouilla… Marie se pencha comme pour mieux voir… Et à ce moment, une sorte de terreur s’empara d’elle…
    Le roi s’agenouillait… et le moine ne frappait pas !… Le moine s’agenouillait près du roi !… Le moine, à voix basse, parlait au roi !…
    « Oh ! grinça la duchesse en elle-même, quel vertige ! Pourquoi n’est-ce pas fait déjà !… Pourquoi n’est-il pas venu cette nuit ?… Que fait-il ?… Que dit-il ?… Que pense-t-il ?… Oh ! mais frappe donc, misérable !… »
    – 
O salutaris hostia !…
entonnait alors le roi à pleine voix.
    Le cantique se déroulait avec lenteur. La duchesse tombait à genoux, n’ayant plus la force de se soutenir.
    Que pensait Fausta pendant cette tragique minute où son regard glacial demeurait invinciblement rivé sur le moine qui ne frappait pas ?… Quelles étranges idées tourbillonnaient dans sa tête ? Quelle terrible préoccupation l’empêchait de s’apercevoir qu’elle était encore debout, quand tout le monde se prosternait sous la bénédiction du Saint-Sacrement promené lentement aux mains de l’archidiacre ?… Elle regardait le moine, et elle songeait dans un râle de sa pensée :
    « Ce n’est pas lui !… Qui est là ?… Qui est ce moine ?… Oh ! je le saurai !… Je veux le savoir !… »
    La cérémonie de l’adoration était terminée… le roi se relevait… le roi se remettait en marche… le roi s’en allait… Et le moine s’étant redressé, lui aussi, demeurait à la même place !…
    Marie de Montpensier jeta une sorte de gémissement rauque. Et comme la foule s’écoulait, Fausta marcha au moine… s’arrêta devant lui… Une longue minute, ils se regardèrent, tandis que la duchesse de Montpensier affolée, éperdue, cherchait le sonneur pour lui donner l’ordre de sonner les six coups… le signal de la défaite…
    – Qui es-tu ? demanda Fausta d’une voix rude.
    En même temps, elle chercha sous son froc le poignard qu’elle portait toujours sur elle.
    Au son de cette voix, le moine avait eu un mouvement, et Fausta perçut comme une espèce d’éclat de rire.
    – Qui es-tu ? répéta-t-elle, tandis que la folie du meurtre passait dans son cerveau comme un éclair.
    – Pardieu, madame, répondit alors le moine, moi je n’ai pas besoin de voir votre visage ! Rien qu’à votre voix, je vous devine. Car votre voix est de celles qu’on n’oublie jamais, surtout quand on a été dans la nasse !… Vous voulez savoir qui je suis ?… Regardez, madame, et remerciez-moi de ne pas vous forcer à vous découvrir ici, et à montrer aux gens de Crillon la figure d’une belle dame venue pour assassiner le roi !… Regardez, madame, puisque vous le voulez… regardez tout à votre aise !…
    Aux premiers mots, aux premiers sons de cette voix, Fausta avait reculé de deux pas. Sous son capuchon, son visage devint d’une pâleur de morte. Et pendant que le moine parlait, elle se disait :
    – C’est sa voix ! C’est lui ! Et il est mort ! Et c’est sa voix de raillerie et

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