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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bondissait, hennissait de douleur. Au bout d’une heure de cette course folle, la bête s’abattit.
    Guise, cavalier consommé, sauta, se retrouva sur ses pieds. Autour de lui, des vastes plaines montaient une paix profonde. L’infinie sérénité de la nature l’enveloppait. Et dans cette sérénité des choses, la colère de cet homme, de ce roi manqué, de cet audacieux qui n’osait pas, eût pu paraître pitoyable à quelque philosophe observateur.
    Et ce qui le rongeait surtout, c’était de ne pas savoir pourquoi le moine n’avait pas frappé. La chose était si bien combinée !… Il avait fallu quelque miracle pour sauver Henri III.
    – Mais qui avait fait le miracle ?…
    – Oh ! ce moine ! rugit-il. Ce moine stupide et lâche ! S’il a eu peur, s’il a trahi, malheur à lui !… Et si quelqu’un l’a arrêté au dernier moment… oh ! connaître ce quelqu’un pour le faire brûler à petit feu !…
    Comme il parlait ainsi, une quinzaine de cavaliers apparurent à l’horizon et se rapprochèrent de lui, rapidement. Bientôt il les distingua clairement : c’était une partie de ses gentilshommes qui le rejoignaient. A leur tête couraient Bussi-Leclerc, Maineville et Maurevert. En apercevant le duc de Guise à pied, debout près de son cheval fourbu, ils s’arrêtèrent.
    L’un des gentilshommes mit pied à terre et céda sa monture au duc, qui aussitôt se mit en selle. Toute la troupe repartit en silence. Chacun de ces cavaliers voyait qu’une effrayante colère se déchaînait dans l’âme du maître et tous tremblaient, et nul n’osait lui adresser la parole, de crainte de recevoir les éclaboussures de cette colère.
    Une heure plus tard, on rejoignit le duc de Mayenne et le cardinal. Alors seulement le duc de Guise interrogea ses familiers.
    – Vous étiez à la cathédrale ; vous avez tout vu… que s’est-il passé ?… Le moine…
    – Le moine n’est pas venu, monseigneur, dit Bussi-Leclerc.
    – Il a trahi ! Je m’en doutais !… Il faut me trouver cet homme et…
    – Le moine n’a pas trahi ! interrompit Bussi-Leclerc. Il est simplement arrivé que quelqu’un s’est emparé de lui cette nuit…
    – Et l’a détenu prisonnier ! ajouta Maineville.
    – Ce quelqu’un, gronda le duc d’une voix tremblante de rage, qui est-ce ?… Vous ne le savez pas ?… A quoi êtes-vous bons, tous les trois ?
    – Pardon, monseigneur, nous le savons parfaitement, puisque nous l’avons vu !
    – Eh bien ?…
    Maurevert s’avança alors, et avec un étrange sourire qui courait sur son visage livide, comme certains éclairs courent sur une nuée d’orage :
    – Eh bien, monseigneur, c’est Pardaillan !
    q

Chapitre 4 PARDAILLAN ET FAUSTA.
    N ous avons signalé qu’au moment où la procession royale se mit en marche vers la cathédrale, deux capucins vinrent se placer derrière Henri III. Et par les bribes d’entretiens que nous venons de rapporter, nous savons que ces frocs couvraient l’un la personne gracieuse et quand même toujours souriante de la duchesse de Montpensier, l’autre la personne majestueuse, sombre et fatale de Fausta.
    Fausta, organisatrice du meurtre d’Henri III, tenait naturellement à y assister, comme un bon dramaturge qui surveille jusqu’au lever du rideau les moindres détails du drame qui va se jouer.
    Nul ne songeait à se défier de ces deux moines, et d’ailleurs, le roi avait positivement ordonné qu’on ne mît pas de gardes autour de lui pendant la procession. En effet, d’abord il n’avait aucun motif de soupçonner un meurtre ou une trahison, malgré les recommandations de sa mère, qui était, elle, la défiance incarnée ; ensuite, il était brave, et il ne lui eût pas déplu de braver un danger, s’il avait cru à ce danger ; enfin, autant il aimait à s’entourer d’un apparat imposant ou formidable lorsqu’il se montrait en roi, autant il voulait faire preuve d’humilité lorsqu’il se montrait en pénitent. C’était sa manière à lui de faire ce que nous appelons de la popularité.
    Revêtu de son sac, les pieds nus, le cierge à la main et la tête basse, le roi de France s’acheminait donc vers la cathédrale, donnant l’exemple d’une piété d’autant plus contagieuse qu’elle était sincère. On arriva devant la cathédrale.
    A la porte de l’église, le roi devait trouver un père confesseur qui venait en ligne droite de Rome et lui apportait force indulgences plénières.

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