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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Montpensier devait infailliblement passer.
    – Et quel jour cela est-il arrivé ? demanda-t-il.
    – Je vous l’ai dit, il y a neuf jours, c’est-à-dire le lendemain même de la procession à Notre-Dame de Chartres.
    Jacques Clément passa lentement une de ses mains sur son front : Le rêve le reprenait. Il ne vivait depuis quelque temps qu’au milieu des mirages et des illusions… Quand il tenait une réalité, soudain elle se dissipait, s’enfuyait et redevenait fantôme insaisissable.
    D’abord son entrevue avec Bourgoing le lendemain soir de la procession de Chartres ; le prieur soutenant avec virulence qu’il ne l’avait pas autorisé à sortir du couvent ; puis le séjour au cachot de pénitence, qui d’après ses calculs avait duré six ou sept jours ; puis, ce réveil dans l’appartement de Marie de Montpensier…
    Ou bien le cachot était un rêve, ou bien c’était l’heure présente qui ne pouvait être qu’une illusion !…
    En effet, Marie de Montpensier affirmait qu’elle l’avait trouvé évanoui dans la Cité le lendemain soir de la procession, c’est-à-dire au moment où il entrait au cachot de pénitence où il avait séjourné au moins une semaine… Où était la chimère ? Où était la réalité ?…
    – Madame, s’écria-t-il hors de lui, frappé d’une sourde terreur, je sens mes pensées s’enfuir de mon cerveau, et la folie peu à peu m’envahir… Je vous supplie de rappeler exactement vos souvenirs… C’est bien le lendemain de la procession de Chartres que vous m’avez trouvé ?…
    – Exactement, messire ; le lendemain de ce jour où Valois devait mourir !
    Jacques Clément tressaillit. Ceci, du moins, n’était pas une illusion !… Le roi devait mourir !…
    – Et vous m’avez trouvé dans la Cité ? reprit-il.
    – Privé de sens, étendu de votre long, non loin de l’auberge du
Pressoir de fer.
    – 
Que Dieu me conserve le jugement !…
    – 
Amen !
fit Marie de Montpensier en riant. Mais vraiment, messire, songez-vous que j’ai dû adresser la même prière au Seigneur lorsque dans la cathédrale de Chartres, au lieu de Jacques Clément, c’est le chevalier de Pardaillan que j’ai vu près de Valois ?… Ne croyez pas que je vous en ai une rancœur… Sans quoi vous aurais-je fait transporter dans mon hôtel et soigné moi-même au risque de ma réputation ?…
    – La reconnaissance déborde de mon cœur, dit ardemment Jacques Clément ; mais il n’est pas besoin de cette gratitude pour vous assurer que la vie de Valois est seulement prolongée de quelques jours… Ce qui ne s’est pas fait à Chartres, madame, se fera ailleurs…
    Marie de Montpensier pâlit. Son rire frais et sonore se figea sur ses lèvres, et un éclair funeste jaillit de ses yeux. Elle quitta vivement sa place, repoussa la table et vint s’asseoir sur les genoux de Jacques Clément dont elle entoura le cou de ses deux bras. Ils étaient ainsi placés comme dans la nuit où le duc de Guise avait surpris sa femme dans les bras du comte de Loignes… comme dans la salle d’orgie du
Pressoir de fer.
    Jacques Clément, comme alors, sentait la double ivresse du vin et de l’amour monter à son front brûlant. Son cœur battit à grands coups sourds : il défaillait presque ; la passion le faisait vibrer tout entier, et au fond de son âme, la terreur, la honte, le remords du péché mortel grondaient…
    – Vraiment ? murmura la séductrice, la jolie fée aux ciseaux d’or… vraiment ? vous seriez prêt à frapper ?… Ce n’est donc pas la peur qui vous a retenu à Chartres ?…
    – La peur ? gronda Jacques Clément. Est-ce que je puis connaître la peur ?… Plût au ciel que je puisse la connaître !… Non, non, madame ce n’est pas la peur qui m’a empêché de frapper Valois, car la vie me pèse et j’aspire au supplice qui vengera la mort du tyran… Ce n’est pas la pitié non plus, car ni lui ni les siens n’ont eu pitié des miens… Ce n’est pas le remords non plus, car c’est Dieu lui-même qui m’ordonnait de frapper.
    – Alors… pourquoi ?… fit Marie d’une voix mourante et en resserrant son étreinte.
    – Pourquoi ?… Ah ! madame, je dois penser que Dieu a voulu prolonger la vie du tyran dans un but que seule connaît sa suprême sagesse, car il a placé sur mon chemin le seul être qui pouvait saisir mon bras et me dire : Clément, je ne veux pas que tu frappes aujourd’hui !…
    – Et cet

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