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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bohémienne ?…
    C’était la femme aux cheveux d’or qui parlait ainsi. Et elle se mit à rire. Mais ni Pardaillan, ni le duc d’Angoulême, ni Maurevert ne firent attention à elle…
    Maurevert, pantelant, avait fermé les yeux pour ne pas laisser éclater la joie frénétique et la pensée infernale qui était la source de cette joie. Au fond de lui-même grondait un rugissement de haine sauvage, de haine plus forte que l’épouvante…
    – Oui ! fit-il d’une voix haletante. Oui, messieurs, je sais quelque chose… Je puis… par une trahison, il est vrai… mais qu’importe une trahison, puisque vous me faites grâce !… Je puis dès ce soir… en trahissant les intérêts de mon maître le duc de Guise… je puis savoir où se trouve celle que vous cherchez… je puis le savoir facilement… je n’ai qu’à vouloir… et je voudrai !…
    Maurevert baissa la tête… Il n’avait qu’une peur à ce moment : c’est que l’accent de sa voix ne parût pas assez émouvant, c’est que son geste ne révélât la joie hideuse qui l’inondait…
    Mais ce qu’il disait, les paroles qu’il venait de prononcer et dont chacune apportait un élément de probabilité et de conviction dans l’esprit de Pardaillan, cela était si plausible, cela paraissait si vrai – jusqu’à cette précaution qu’il avait d’étaler ingénument sa trahison envers Guise – que Charles d’Angoulême, la gorge serrée d’angoisse, implora Pardaillan du regard.
    – Vous dites, fit le chevalier, que vous ignorez où se trouve cette jeune fille ?
    – Maintenant, oui ! haleta Maurevert. Je le jure par les saints et la Vierge !
    – Mais vous dites que vous pouvez le savoir ?
    – Dès ce soir, monsieur !… Que dis-je ?… Dans une heure, si je veux !… Cela ne tient qu’à moi !… Oh ! que n’ai-je eu la précaution de m’en enquérir avant de sortir de Paris !… C’était si simple !… Mais pouvais-je savoir ?… Pouvais-je deviner, malheureux, que ma vie tenait à si peu ?…
    – Pardaillan ! supplia ardemment le jeune duc.
    – Messieurs, messieurs ! continua Maurevert en se tordant les mains, je vous jure sur mon âme que je puis vous donner cette satisfaction… Tenez !… que l’un de vous m’accompagne !… Ou plutôt non !… Vous pourriez vous défier… Je sens que vous n’avez que trop de raisons de me tenir en suspicion !… Comment faire ?… Seigneur, une inspiration, seigneur, mon Dieu !…
    Pardaillan jeta un nouveau coup d’œil sur Charles, qu’il vit bouleversé d’espoir et de désespoir…
    – Calmez-vous, monsieur, dit-il.
    – Oh !… il y aurait donc un moyen ?… Parlez !… Dites !… je suis prêt à tout !…
    – Si ce que vous dites est vrai…
    – Je le jure sur le paradis !…
    – Je vous crois. Eh bien, nous ne pouvons en effet vous accompagner. M. le duc d’Angoulême et moi, nous sommes résolus à ne plus mettre les pieds dans Paris où il y a trop de dangers pour nous…
    Maurevert écoutait avec une profonde attention.
    – Nous nous sommes installés à la Ville-l’Evêque, continua Pardaillan. Non pas ce soir, car la nuit est traîtresse, mais demain, en plein jour, à dix heures du matin, vous pouvez nous apporter l’indication moyennant laquelle vous avez vie sauve… Viendrez-vous, monsieur ?
    – Je viendrai ! fit résolument Maurevert, blême de joie, comme tout à l’heure il avait été blême de terreur. Je viendrai… et vous saurez ce que vous désirez savoir… Je le jure !…
    Maurevert regarda autour de lui, bondit jusqu’à la croix, étendit la main, et dit :
    – Je le jure sur celui qui dort ici… Je le jure sur la tombe de votre père !…
    – C’est bien, dit Pardaillan. Allez : vous êtes libre…
    Pour la troisième fois s’éleva le rire funèbre de la femme aux cheveux d’or… Maurevert souleva son chapeau, salua du même geste Pardaillan et Charles immobiles.
    – A demain, messieurs ! dit-il.
    Et il s’éloigna… Tant qu’il sentit peser sur lui les regards des deux hommes, il put, par un effort de volonté, marcher d’un pas calme et mesuré. Mais dès qu’il fut sous les châtaigniers, dès qu’il pensa qu’on ne pouvait plus le voir, il se mit à bondir d’une course insensée, et enfin, hors d’haleine, il arriva près de la porte Montmartre.
    Alors il se retourna vers la colline… Et il éclata de rire… Un rire terrible, un rire de délire, plus effroyable

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