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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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écoutez…
    Saïzuma s’était arrêtée court. Son regard fixé sur des choses mystérieuses qu’elle seule voyait, cherchait sans doute à retenir les images rapides qui passaient comme d’insaisissables songes…
    Le duc d’Angoulême frissonnait. Pardaillan, bouleversé de pitié, reconnaissait cette voix d’amertume et de douleur qu’il avait entendue à l’auberge de
L’Espérance
le soir où Saïzuma, devant l’assemblée des truands et des ribaudes, avait dit une partie de son histoire.
    – Qui a crié ainsi ? reprit-elle, secouée d’un frisson. De quel abîme de honte et de désespoir a jailli ce cri, ce cri atroce que j’entends, que j’entendrai toujours ?… C’est là, dans la vaste cathédrale, qu’a retenti cette clameur… Oh ! cela me déchire !… grâce pour elle !… Non ! pas de grâce ! Malheur à la sorcière !… Oh ! tous les poings qui se tendent sur elle ! Tous les yeux qui la menacent !… et puis… plus rien ! Rien que le silence de la tombe, la nuit du cachot… le délire de l’agonie… Et puis, tout à coup, elle revoit le jour, un jour sombre où le ciel voile sa face… Et voici la bohémienne que l’on conduit là-bas, parmi les foules d’hommes qui grondent… vers la hideuse machine de mort… et là… là… au pied du poteau terrible, qui a encore crié ?… De quelles entrailles a jailli cette clameur de martyre et d’espérance !… Quoi ! d’espérance ?… Oui !… Pourquoi espérance ?… Qui le sait, puisqu’elle-même ne le sait pas et ne le saura jamais ?… Et puis… plus rien encore ! L’agonie d’un cœur qui se meurt, une fatigue monstrueuse d’un corps brisé… une pensée qui entre dans les ténèbres…
    Saïzuma s’interrompit soudain. Et sur ces lèvres décolorées, ce rire que Pardaillan avait entendu tout à l’heure, ce même rire funèbre éclata.
    – Adieu, dit-elle. Et surtout ne vous avisez pas de suivre la bohémienne, car sa route est celle du malheur. Elle est partie du malheur pour aboutir au malheur… adieu !…
    A ces mots, elle s’éloigna de son pas majestueux. Hors de lui, haletant, le duc d’Angoulême s’élança en criant :
    – Léonore !
    Elle se retourna, leva un doigt vers le ciel, et dit :
    – Pourquoi appelez-vous la morte ? Si vous cherchez Léonore, allez au pied du gibet.
    – Le gibet ! balbutia Charles éperdu, cloué sur place. Pourquoi la mère de Violetta parle-t-elle du gibet ?
    A ce moment, Saïzuma disparut derrière les roches éboulées. Le duc d’Angoulême revint à Pardaillan, lui saisit la main et murmura :
    – Chevalier, il faut la suivre… l’emmener avec nous… la guérir…
    Pardaillan secoua la tête. Mais voyant combien cette scène saisissante en son imprévu avait frappé l’esprit de son compagnon :
    – Venez, dit-il.
    Tous les deux s’élancèrent sur le sentier qu’avait pris Saïzuma pour s’éloigner. Mais lorsqu’ils eurent contourné les roches, ils ne la virent plus. Charles d’Angoulême et Pardaillan battirent en vain les environs. Saïzuma demeura introuvable, et après deux heures de recherches, ils reprirent le chemin de Paris où ils rentrèrent par la porte Montmartre.
    Ils passèrent à la
Devinière
une nuit exempte de toute alerte, et le lendemain, à la première heure, se rendirent au rendez-vous que Maurevert avait accepté, mais ils s’arrêtèrent à mi-chemin de la Ville-l’Evêque. Pardaillan était persuadé que Maurevert, enfin vaincu dans son esprit de trahison, tiendrait parole. Mais bien que Maurevert eût accumulé les serments, il pouvait bien, en une nuit, les avoir oubliés.
    C’est en faisant cette réflexion que le chevalier résolut de se tenir sur ses gardes. C’est pourquoi, sans aller jusqu’à la Ville-l’Evêque, il prit position avec le jeune duc dans un épais bosquet de chênes. De là, ils pouvaient surveiller tout ce qui venait de Paris. Vers neuf heures et demie, ils aperçurent un cavalier qui s’avançait rapidement.
    – C’est lui ! dit tranquillement Pardaillan.
    C’était Maurevert, en effet. Le chevalier l’avait reconnu, bien qu’il fût encore à longue distance.
    – C’est ma foi vrai ! dit Charles lorsque Maurevert fut pleinement visible. Comment avez-vous pu le reconnaître ?
    – Maurevert et moi, nous nous reconnaissons toujours quelle que soit la distance, dit Pardaillan avec la même tranquillité.
    Il frémissait pourtant. Et si le duc l’eût

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