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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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regardé, il eût vu sur son visage cette même expression livide que la veille lorsqu’ils suivaient Maurevert… mais cette fois avec une sorte de désespoir. Mais le jeune homme ne regardait que Maurevert… Et il tremblait de joie… car Maurevert, c’était la certitude de revoir Violetta !… sans quoi pourquoi cet homme serait-il venu ?
    – C’est lui ! reprit Charles. Le voici bien seul… sans armes… Ah ! Pardaillan ! le bonheur m’étouffe !…
    – Avançons, dit Pardaillan.
    Ils sortirent alors du bosquet et rejoignirent le sentier. Bientôt, Maurevert fut sur eux. Il sauta à terre, se découvrit et dit :
    – Me voici, messieurs…
    q

Chapitre 9 LA PAROLE DE MAUREVERT
    A près être rentré dans Paris, la veille, à la suite de sa rencontre avec Pardaillan, Maurevert s’était mis à parcourir la ville, au hasard, pour le besoin de marcher. Il allait d’un pas rapide et souple, d’une démarche de tigre, et les passants le regardaient avec effarement, mais lui n’y prenait pas garde.
    Parfois, une sorte de rugissement grondait dans sa gorge, et il se mordait les lèvres jusqu’au sang pour ne pas hurler la joie effroyable qui le soulevait. D’autres fois, au contraire, venant à reconstituer cette minute horrible où, s’étant retourné sur Paris, il s’était vu en face de Pardaillan, il éprouvait le choc en retour de l’épouvante, et se sentait défaillir. Alors il entrait dans le premier cabaret, buvait d’un trait un verre de vin, jetait sur la table une pièce de monnaie, puis reprenait sa marche…
    Il tenait Pardaillan !… Enfin ! Enfin ! Enfin !…
    Oh ! il le tenait bien, cette fois ! Le démon ne pouvait lui échapper. Pas une seconde il ne douta que Pardaillan viendrait au rendez-vous… Le tout, l’essentiel, était de bien combiner cette fois le coup, la trahison suprême…
    Pardaillan viendrait !… Il le tenait !… Le long, le terrible cauchemar de terreur enfin effacé !… La revanche ! Une revanche infaillible !… Car lui, lui Maurevert ! lui ne se fierait ni à la Bastille, ni à Bussi, ni à rien !… Il tenait Pardaillan !… Enfin !… Il allait l’écraser !… En formulant ce cri dans sa pensée, Maurevert frappait violemment du pied, comme si, du talon, il eût écrasé une tête…
    Où allait-il ? Où se trouvait-il ?… Maurevert ne se le demandait pas. Il allait, allait toujours, affolé par cet irrésistible besoin d’aller, de dépenser le trop plein, qui pousse l’homme à qui vient d’arriver bonheur imprévu, un bonheur si grand, qu’il en est terrible et ressemble à une catastrophe…
    Il ne méditait pas encore comment il s’emparerait de Pardaillan. Il le tenait !… Et cela, pour le moment, suffisait à cette joie indicible, insensée, qui le soulevait.
    Le soir tomba sur Paris… bientôt il fit nuit… Maurevert allait toujours, passant et repassant vingt fois par les mêmes rues sans s’en apercevoir, poussant d’un coup d’épaule les bourgeois qui ne se rangeaient pas assez vite… Et ce fut ainsi que, vers les neuf heures, il heurta tout à coup un passant attardé…
    – Insolent ! hurla Maurevert, non pour insulter le bourgeois mais pour le besoin de crier.
    Et il continua sa route.
    – Holà ! cria le bourgeois. C’est moi que vous appelez insolent ?… Halte ! ou je frappe par derrière !…
    Maurevert se retourna en grinçant : ce bourgeois était un gentilhomme – un gentilhomme de Guise… un de ses amis…
    – Lartigues ! gronda Maurevert.
    – Maurevert ! s’écria le gentilhomme. Quoi ! c’est toi ?…
    Maurevert, les yeux sanglants, considérait cet homme qui était son ami. Cette pensée, comme un éclair, traversa son cerveau :
    « Guise me croit à sa mission. Si Guise sait que je suis à Paris, tout est perdu… Lartigues, demain, racontera qu’il m’a vu… »
    – C’est toi ! reprenait le gentilhomme en riant. J’allais, ma foi, te faire un mauvais parti !… heureusement, je t’ai reconnu à temps…
    – Je crois, dit Maurevert froidement, que vous m’avez bousculé et appelé insolent ?
    – Ah ça !… es-tu fou ?…
    – Monsieur de Lartigues, quand on m’appelle insolent, il me faut du sang !…
    – Hé ! par la mordiable, monsieur de Maurevert, puisqu’il vous faut du sang, je vous attendrai demain à huit heures avec deux de mes amis, sur le Pré aux Clercs !
    – Ce n’est pas demain, c’est tout de suite ! grinça

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