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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Où et quand pourrai-je voir le roi avec les échevins de Paris ?
    – Le roi est en ce moment à la cathédrale.
    – Allons donc à la cathédrale ! dit Guise.
    – Monseigneur, je vous montre le chemin. Il serait inutile que ces dignes pénitents essayassent d’en trouver un autre que celui par où je vais avoir l’honneur de vous conduire. En effet, toutes les rues sont pleines de nos gens d’armes qu’a attirés une légitime curiosité, sans compter les bourgeois de cette bonne ville qui attendent le roi pour l’acclamer…
    – Allez, messire ! dit Guise. Nous sommes venus en fidèles sujets, et nous joindrons nos acclamations à celles de la ville.
    Et levant sa toque empanachée et ornée d’un triple rang de perles, Guise, d’une voix forte, cria :
    – Vive le roi !
    Mais derrière lui, une immense acclamation répondit :
    – Vive Henri le Saint !…
    C’était la procession qui donnait ainsi son avis, si bien que Crillon se demanda un instant s’il ne ferait pas mieux de fermer les portes et de laisser hors des murs les trois quarts des pénitents qui attendaient. Mais Crillon, brave amoureux du danger, se dit qu’il serait ridicule d’avoir l’air de redouter des porteurs de cierges. Ordonnant donc à ses hommes, d’un coup d’œil, de surveiller étroitement les arrivants, il se dirigea vers la cathédrale. Guise suivait avec ses gentilshommes. Derrière ce groupe venait la procession des Parisiens que les gens de la ville, du haut de leurs fenêtres, examinaient curieusement, et non sans une certaine sympathie.
    L’apparition de Jésus, suant sous son énorme croix de carton et plus flagellé que jamais, fut saluée par un long murmure de pitié, d’autant plus que Jésus criait à pleine voix :
    – Sire ! Sire roi de France, où êtes-vous ? N’êtes-vous pas le fils aîné de l’Eglise ? Me laisserez-vous ainsi maltraiter par les damnés huguenots ?…
    – Mort aux parpaillots ! crièrent d’enthousiasme les bourgeois à leurs fenêtres.
    Guise devint radieux ; le front de Crillon s’assombrit.
    Devant la cathédrale, la foule était plus serrée, plus nerveuse, et Guise put lire sur tous ces visages de bons provinciaux la curiosité passionnée qu’il inspirait. En effet, Henri III, après sa fuite, avait été accueilli par les habitants de Chartres avec courtoisie, mais sans enthousiasme. Là comme dans tout le royaume, le nom de Guise était populaire et celui du roi méprisé ou détesté. Le duc comprit alors la faute terrible qu’il avait commise en perdant un temps précieux. S’il s’était fait couronner le lendemain de la journée des Barricades, la France entière le reconnaissait et l’acclamait. Il avait cru ne tenir que Paris. Il avait eu peur des provinces…
    – O Fausta, murmura-t-il, comme vous aviez raison ! Et pourquoi ne me suis-je pas confié à votre profonde sagesse ?… Mais il n’est pas trop tard !… Un coup de poignard peut tout réparer !…
    Et il jeta les yeux autour de lui, comme pour chercher s’il n’apercevrait pas le moine. A ce moment, les portes de l’immense cathédrale s’ouvraient, et une foule de gentilshommes en sortaient, refoulant les bourgeois. En même temps les soldats de Crillon, par une habile manœuvre, coupèrent la procession et ne laissèrent autour de Guise qu’une dizaine de ses familiers.
    – On se méfie de nous, ici ! dit le duc en fronçant le sourcil.
    – Non pas, monseigneur, on vous rend les honneurs, répondit Crillon.
    Joyeuse, quelques-uns de ses apôtres et ses deux flagellants se trouvaient dans ce cercle formé par les gens d’armes, les gentilshommes royaux et la foule.
    – Frappez ! Frappez ! dit Joyeuse.
    Les deux flagellants se mirent à frapper à tour de bras, avec leurs fausses lanières.
    – Sire ! s’écria Jésus, Sire roi de France, où êtes-vous ? Voyez ce que font les huguenots ! et pourtant, je ne me plains pas !…
    Un grondement de la foule des bourgeois répondit à ces paroles. Et déjà, comme à Paris, les cris de : « Vive Henri le Saint ! » éclataient, lorsque Jésus, c’est-à-dire Joyeuse, se mit à pousser des lamentations qui, cette fois, n’avaient rien de feint. En effet, quatre pénitents venaient de s’approcher de lui, et s’étaient mis à le flageller, non plus avec des lisières de drap ou des lanières de carton, mais avec de bonnes et solides étrivières de cuir. Du coup, Joyeuse laissa tomber sa croix ;

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