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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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cette ville compte de vauriens et de malandrins, et je ne parle même pas de ce tueur sanguinaire qui rôde la nuit !
    Il repoussa Ranulf contre le mur.
    — Où es-tu allé ? Voir Lady Mary Neville ?
    — Oui ! lança Ranulf, fou de rage.
    — Mais c’est une dame, une veuve de surcroît !
    — Et moi ? Qui suis-je ? rétorqua Ranulf. Un simple rustre, hein ! Il faut que je reste à ma place, hein ?
    Ranulf s’approcha de Corbett.
    — Ou bien désirez-vous l’avoir pour vous seul ? Est-ce là ce que vous voulez ? J’ai bien vu la façon dont vous la lorgniez !
    Corbett porta la main à son poignard et Ranulf agrippa le sien.
    — Cela fait longtemps que je suis à votre service, mon maître, poursuivit plus calmement Ranulf, et je vous ai bien servi. Dieu seul sait qui était mon père. Ma mère, elle, était la fille d’un vilain. Elle aspirait à une autre vie, mais n’a pas eu les moyens d’y parvenir. Moi, ce n’est pas mon cas, croyez-moi ! Un jour, dit-il en redressant le menton, je m’agenouillerai aux pieds du roi et il me fera chevalier !
    Corbett se détendit et s’appuya à la cloison.
    — Seigneur Dieu, Ranulf ! murmura-t-il. Nous étions prêts à nous étriper. Fais ce que bon te semble. Nous avons une autre affaire sur les bras.
    Ils allèrent chercher Cade et Maltote, encore hébété de sommeil, et descendirent Bread Street, déserte à cette heure indue, pour finalement arriver à Cheapside. La grande artère était vide ou presque : seul un prêtre, revêtu de sa chasuble, se dépêchait de porter le viatique à un malade, précédé d’un enfant de choeur ensommeillé qui portait un cierge allumé. Des chiens et des chats se battaient sur des tas d’immondices. Les quatre compagnons croisèrent deux membres du guet aussi éméchés que les joyeux lurons qu’ils pourchassaient. Corbett regarda le ciel couvert.
    — Où est le corps de cette fille, Messire Cade ?
    — On l’a déjà transporté à St Laurent-de-la-Juiverie. Dans une charrette à ordures.
    — Qui l’a trouvée ?
    — Un soldat du guet.
    Cade cracha en détournant le regard.
    — Il a entendu les grognements des chiens qui se disputaient le cadavre.
    Il serra les lèvres pour réprimer ses haut-le-coeur.
    — Que Dieu nous donne miséricorde ! Ces sales bêtes léchaient et buvaient son sang.
    Corbett fit une prière silencieuse.
    — Inutile de se rendre sur les lieux. Elle a été tuée dans sa chambre ?
    — Oh non ! juste à l’entrée. Elle avait introduit la clé dans la serrure quand l’assassin l’a frappée.
    — Si nous allions à St Laurent ?
    — Messire Corbett, je dois vaquer à d’autres tâches. Cela vous dérangerait-il d’attendre ?
    Cade tapota son escarcelle, l’air plus optimiste.
    — J’ai ordonné à mon secrétaire de fouiller les archives. Il a rédigé un récapitulatif de ce que nous savons sur Puddlicott.
    Corbett lui sourit :
    — D'abord, occupons-nous de vos tâches !
    Le shérif adjoint le conduisit au pilori près de la Grande Citerne : des soldats, vêtus de l’uniforme bleu et jaune moutarde de la cité, y avaient regroupé des malfaiteurs et des prostituées en vue de l’application des peines. À l’arrivée de Corbett, on emmenait un ecclésiastique qui avait été surpris dans les bras d’une bourgeoise. Le malheureux était précédé d’un cornemuseur.
    — Il va devoir faire l’aller-retour jusqu’à Newgate six fois, le cul nu, ses chausses autour des chevilles, expliqua Cade.
    Les soldats se tordaient de rire en voyant s’éloigner le pauvre homme. Cade dut superviser d’autres châtiments. Un faussaire avait fait l’acquisition de deux capes de satin pour cinq livres. Prétextant qu’il désirait en montrer une à un ami, il avait payé le quart d’une pièce d’or et offert en garantie une bourse contenant quinze autres pièces. Le marchand avait accepté. Ce n’est qu’après le départ du bonhomme qu’il s’était aperçu que les pièces étaient en réalité de simples contremarques. Un autre malfaiteur, cordonnier de son état, s’était vanté de pouvoir retrouver les objets d’un larcin en utilisant une miche de pain lardée de couteaux. À présent, tandis qu’il restait ligoté au pilori, lesdits couteaux se balançaient à son cou et le bourreau lui frottait le visage d’un morceau de pain trempé dans du pissat de cheval. Les châtiments se succédaient. Un blasphémateur fut condamné

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