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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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sottes, fort vaniteuse.
    Tous s’accordaient à louer le port de la jeune fille. La Fontaine rima sa beauté :
    Charmant objet, digne présent des cieux […]
Votre beauté vint de la main des dieux…
    Il y a des encens qui enivrent : de s’entendre ainsi louée après avoir été distinguée par le souverain, elle crut sa faveur définitive et obtint du roi, après l’avoir réclamée, la considération de favorite (printemps 1679). Elle reçut aussi quelque argent qu’elle dépensa inconsidérément ; la prodigue cigale aurait ainsi dilapidé 75 000 livres en une semaine ! Enfin, Marie-Angélique se permit de toiser de haut Mme de Montespan, qui constata non sans amertume que Louis XIV était fort épris de la jeune fille.
    Si la beauté de Marie-Angélique faisait toujours l’admiration, sa sottise lui valut aussi une unanimité moins flatteuse et les courtisans daubèrent à l’envi son peu d’esprit. Le roi ne paraissait pas s’en apercevoir. Mmes de Montespan et de Maintenon lui suffisaient pour le plaisir de la conversation, Mlle de Scorailles pour le plaisir tout court. Elle pallia ainsi sa stupidité par des talents d’une autre sorte, ordinairement – mais non exclusivement – pratiqués à l’horizontale ; cette imagination sensuelle lui valut l’indulgence du Roi-Soleil.
    Une beauté coûteuse
    Enceinte, Marie-Angélique accoucha avant terme d’un garçon qui ne vécut pas (fin 1679). Elle s’en consola mal, tandis qu’une chanson fort irrespectueuse, due sans doute à l’indiscrétion d’un familier de la cour, circulait :
    Notre prince, grand et bien fait,
Qui ne fait rien que de parfait,
Landerirette,
Ne travaille plus qu ’ à demi, Landeriri.
Sa jeune maîtresse, dit-on,
A mis au monde un avorton,
Landerirette,
La grosse 163 en a le cœur bouffi
Landeriri .
    Le roi réconforta Marie-Angélique par des marques extérieures de considération. Il lui acheta un carrosse gris, de la couleur de sa livrée, tiré par huit chevaux, autant que l’attelage royal ; pour désigner Mlle de Scorailles sans la citer, les courtisans l’appelèrent alors « le carrosse gris » ou « le char gris ». Elle partit à Villers-Cotterêts en ce brillant équipage, accueillir la future dauphine Anne-Marie de Bavière (février 1680). Occasion de réjouissances diverses, ce voyage révéla une autre lacune de Marie-Angélique : elle ne savait pas danser. Mme de Montespan accompagnait la délégation ; elle prit ainsi une savoureuse revanche sur sa jeune rivale, la surclassant nettement dans l’art de Terpsichore, malgré ses quarante ans, son poids et son tour de taille (28 février).
    Cela n’empêcha pas le roi de gâter Marie-Angélique par des libéralités qui parurent excessives : «  Il y a 10 000 louis d’envoyés et un service en vermeil doré 164  », si l’on en croit Mme de Sévigné. Ne connaissant pas la valeur de l’argent, elle le dépensa sans retenue, mais avec générosité : elle donna 60 000 livres à ses anciennes condisciples de la maison de Madame et offrit un superbe agenda incrusté de pierreries à Mme de Montespan. Cadeaux dignes de sa splendeur, car elle arborait ce jour-là une robe parée de pierres précieuses, aussi somptueuse que l’habit du monarque (1 er janvier 1680).
    Un cœur de midinette
    En proie de plus à des sentiments romanesques, elle tomba amoureuse du roi au moment où celui-ci se lassait de cette ravissante idiote ; rien ne lui fut plus pénible que de supporter une fille sentimentale et sotte, après deux favorites instruites, spirituelles et sensuelles. Certes, les déficiences intellectuelles de Mlle de Scorailles ne gênaient guère au lit, mais projeté dans une cour brillante et féroce à l’affût de quelque bévue propre à perdre une réputation, le « digne présent des deux » collectionna les bourdes et fit rire à ses dépens. Trop sûre d’elle, de l’amour qu’elle pensait toujours inspirer au roi, à moins qu’elle n’eût été physiquement myope, elle ne remarquait pas les sourires moqueurs qui surgissaient sur son passage.
    Louis XIV crut se débarrasser d’elle par l’attribution du tabouret, du titre de duchesse de Fontanges et d’une pension annuelle de 80 000 livres. Oubliant par miracle tous les bons mots qu’elle avait colportés sur Marie-Angélique, la cour s’empressa de féliciter et de flatter la nouvelle promue, qui ne s’aperçut pas de cette soudaine amnésie. Mme de

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