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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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jeune femme déconfite, mais Mme de Montespan surgit, fit une scène publique à Marie-Isabelle et reprocha même au roi son attitude. Balayée comme un fétu de paille par cette Junon en furie, Mme de Ludres alla se remettre de ses émotions chez la gouvernante des demoiselles d’honneur de Madame. Elle ne reprit son service qu’à la fin du mois de juillet 1677.
    Une longue vie
    Selon le maréchal de La Feuillade, proche du roi, Mme de Ludres s’était lourdement trompée en se déclarant trop tôt « héritière » de Mme de Montespan : Louis XIV n’oubliait pas si aisément les dix années de vie commune et de rapports passionnés qu’il avait entretenus avec elle. Il avait en outre horreur du scandale. Il voulut dédommager Mme de Ludres par une gratification en argent, mais elle la refusa par scrupule. Démissionnant de sa charge au début de 1678, la chanoinesse se retira au couvent parisien de la Visitation Sainte-Marie, rue du Bac. Son départ laissa le roi indifférent.
    Elle vécut de nombreuses années dans plusieurs couvents de la capitale, dont celui de Port-Royal. Une gêne financière croissante la poussa d’ailleurs à accepter une pension de 6 000 livres et une somme forfaitaire de 25 000 livres afin de payer ses dettes. Mme de Ludres revint en Lorraine au début du siècle suivant. Restée belle et élégante en dépit des années, elle ne se maria pas.
    Créée marquise en 1720, elle mourut à Nancy le 28 janvier 1726 et fut inhumée dans l’église des dames du Saint-Sacrement
    Simple « dame de cœur », Marie-Isabelle de Ludres ne put supplanter Mme   de Montespan, dont Louis XIV restait durablement épris .

MARIE-ANGÉLIQUE DE FONTANGES
    « Belle comme un ange, sotte comme un panier » (Mme   de Sévigné)
    Née en 1661, sans doute à Cropières 159 . Fille de Jean Rigaud de Scorailles 160 , comte de Roussille, et d’Aimée-Éléonore de Plas.
    Elle eut deux enfants de sa liaison avec Louis XIV, qui moururent avant terme (1679 et 1681).
    « On ne pouvait voir rien de plus merveilleux 161  »
    Lieutenant du roi pour la province d’Auvergne, son père avait fort à faire avec sept enfants à nourrir ; un sien cousin proposa alors d’emmener Marie-Angélique à Versailles et de la présenter à la cour. L’adolescente y fut rapidement admise et Madame Palatine la prit à son service comme fille d’honneur (17 octobre 1678).
    À cette date, Mme de Montespan était devenue une imposante matrone, alourdie par la bonne chère et les maternités à répétition. Louis XIV avait quarante ans, âge fatidique où certains hommes s’intéressent soudain aux charmes des fruits verts et coquètent volontiers avec la jeunesse. Les frais appâts de la jouvencelle le conquirent aisément, encore qu’il ne la remarquât d’abord point. Par une ironie du sort, ce fut Mme de Montespan qui attira son attention sur elle : « Regardez donc, sire, voilà une fort belle statue », dit-elle un jour au roi en lui montrant Mlle de Scorailles. D’un naturel discret, lassé de surcroît par les scènes de jalousie que lui imposait sa favorite, le monarque se contenta d’une réponse neutre : « C’est une belle créature.  » La taille mince, la blondeur, les grands yeux gris-bleu, les belles dents et les dix-sept printemps de Marie-Angélique de Scorailles lui rappelèrent peut-être l’allure physique de Françoise à son arrivée à la cour puis, un peu plus tard, dans son lit… Il médita peut-être sur la fuite irréparable du temps, beau prétexte pour se lancer à l’assaut de la charmante apparition.
    « On parle de changements d’amour à la cour… 162  »
    Marie-Angélique logeait à Paris, au Palais-Royal, qui était dévolu au frère et à la belle-sœur de Louis XIV. Très discrètement, comme à son habitude, le roi quitta un soir Versailles, galopa jusqu’à Paris, rejoignit la demoiselle d’honneur jusque dans sa chambre, où il remporta une facile victoire. Il est de ces forteresses qui se rendent à la simple vue d’un canon ; peu farouche, par ambition et par tempérament, Marie-Angélique était du nombre. Elle se fit, dit-on, juste un peu prier pour la forme et le respect des convenances. Le roi s’attacha à sa nouvelle conquête au point de lui faire aménager un logis au château de Saint-Germain-en-Laye. Mlle de Scorailles semblait douce et ingénue ; elle était en réalité passablement stupide et, comme beaucoup de personnes

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