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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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150  ! Refusant de s’excuser, il fut arrêté le 25 novembre et paya ses insolences de neuf années de cachot à Pignerol. Libéré, exilé (1680), il épousa secrètement la Grande Mademoiselle, toujours amoureuse de lui (1682). Il la battait comme plâtre et la trompait sans vergogne. Le couple se sépara en 1684. Mlle de Montpensier mourut en 1693. Revenu en grâce (1688), Lauzun se remaria avec Geneviève de Durfort ; elle avait quatorze ans et lui soixante-deux (1695) ! Il la rendit malheureuse et mourut nonagénaire en 1723.
    Le domaine de Clagny
    Ce fief médiéval s’étendait au nord du récent quartier Notre-Dame à Versailles. Il englobait quelques terres, un vaste étang, une haute tour carrée, deux communs. Louis XIV l’acquit pour 75 000 livres (1665). En 1674, Mme de Montespan le lui demanda, pour leurs enfants légitimés.
    Les architectes Le Pautre et Hardouin-Mansart remplacèrent la tour par un bâtiment pourvu d’une longue galerie intérieure, et flanqué de deux ailes en retour ; Hardouin-Mansart reprit ce plan pour améliorer le palais de Versailles. Magicien des jardins, Le Nôtre conserva l’étang et un petit bois ; il traça des allées d’orangers en caisses et une pépinière, qui éblouirent Mme de Sévigné : « C’est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer » (août 1675). Elle évoqua le château à peine construit en ces termes : « C’est le palais d’Armide. » On ajouta un potager, une ferme, des animaux qu’on paya 6 000 livres. Les travaux durèrent de 1674 à 1683, pour un montant de 2 073 000 livres. L’extension du domaine par achat de la terre de Glatigny coûta 300 000 livres supplémentaires au roi. Le coût total de Clagny excéda donc 2,4 millions.
    Résidence royale jusqu’en 1685, Clagny fut laissé à Mme de Montespan, qui le légua au duc du Maine. Le fils de celui-ci le céda à Louis XV (1766), qui fit raser le château et assécher l’étang (1769), puis lotit le domaine. Ultime vestige, un portail de pierre se dresse, passage Jeanne-d’Arc 151 . La toponymie versaillaise conserve la mémoire du domaine : rue du Parc-de-Clagny, boulevard de Glatigny. Plusieurs gravures d’époque, dont celles de Rigaud, témoignent de la splendeur du château disparu 152 .

MARIE-ISABELLE DE LUDRES
    « La belle de Ludres »
    Née en 1647 à Ludres, fille de Jean de Ludres et de Claude des Salles. Sans postérité.
    La chanoinesse
    Admise à un âge fort tendre chez les chanoinesses du chapitre des dames nobles à Poussay 153 pour y parfaire son éducation, elle fut fiancée à quinze ans au duc Charles IV de Lorraine. Elle ne savait pas à quel vieux débauché elle avait affaire : excommunié pour bigamie en 1641, père d’un fils bâtard auquel il voulait transmettre son duché, Charles IV avait perdu sa femme légitime en 1657 ; sa maîtresse voulait régulariser leur union, mais le duc se fiança à Mme de Ludres 154 un jour qu’il vint à Poussay. On ne sait trop pourquoi il rompit les fiançailles en 1663 pour épouser sa maîtresse, qui mourut d’ailleurs fort peu de temps après. Il aurait alors bien convolé en troisièmes noces avec Mme de Ludres, mais il aimait décidément les fruits verts : ébloui par les treize ans d’une Marie-Louise d’Apremont, il décida de l’épouser (1665). Marie-Isabelle argua de l’ancienne promesse de Charles auprès du clergé nancéien pour s’opposer à ce mariage. Le duc menaça de la poursuivre comme « faussaire et criminelle de lèse-majesté » si elle ne retirait pas sa plainte. Elle le fit, mais quitta la Lorraine pour la cour du roi de France.
    « Dame de cœur »
    La taille élancée, les cheveux châtain clair et les yeux bleus de Marie-Isabelle de Ludres séduisirent de graves messieurs ; le poète Benserade, les ducs de Lesdiguières, Villeroy et Mortemart, le prince Philippe de Vendôme 155 s’éprirent d’elle. Dame d’honneur de Madame (1666), de la reine (1670), puis de la seconde Madame 156 (1673), la chanoinesse resta sage ; les « aventures » manquaient de sérieux et compromettraient ses chances de trouver un mari. Mais un destin facétieux la laissa célibataire.
    Louis XIV remarqua d’abord ses talents de danseuse lorsqu’elle participa au ballet des Muses (1666). Huit ans plus tard, il s’intéressa à elle pour une autre raison et ne chercha pas à lui dissimuler son

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