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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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Montespan, qui avait espéré la place, s’affligea de demeurer simple marquise. Elle ne cacha pas sa colère et s’en ouvrit même à son autre rivale, Mme de Maintenon 165 (début avril 1680).
    Le roi « craignait un éclat » s’il avouait le fond de sa pensée à sa jeune favorite. Aussi demanda-t-il à Mme de Maintenon de la persuader de le quitter. Françoise usa vainement de tout son art oratoire et la nouvelle duchesse lui rétorqua vivement : « Mais, madame, vous me parlez de me défaire d’une passion comme de quitter une chemise ! » Comme Pâques approchait, le confesseur du roi n’eut pas trop de mal à convaincre son pénitent de se séparer de Mlle de Fontanges pour la durée des fêtes, d’autant que la santé de la favorite était mauvaise.
    Une fin précoce
    Marie-Angélique souffrait de poussées de fièvre et de pertes de sang, symptômes de tuberculose aggravée. Hébergée à Maubuisson, elle fit venir du Languedoc un médecin réputé, dont les remèdes empiriques la soulagèrent quelque temps (mai 1680). Elle revint alors à la cour, y déployant un luxe prodigieux, et n’oublia pas de réclamer au roi un surcroît d’avantages pour sa famille, qui n’en manquait déjà pas depuis deux ans ; l’abbaye de Chelles échut ainsi à sa sœur aînée. Marie-Angélique s’y retira l’été suivant à la suite d’une rechute, le moral affecté, « méprisant 40 000 écus de rente et un tabouret qu ’ elle a, et voulant la santé et le cœur du roi, qu’elle n’a pas 166  » (juillet-août). Revenue à la cour, la vaniteuse enfant se résigna mal à la perte de sa faveur au profit de Mme de Maintenon, qui aurait largement pu être sa mère. Selon Mme de Sévigné, Marie-Angélique fut « le contraire de cette petite violette [Mlle de La Vallière] qui se cachait sous l’herbe, et qui était honteuse d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse » (fin août). Mais le roi ne la visita plus que par charité.
    Sa santé se dégrada après l’accouchement d’une fille mort-née et elle s’installa à l’abbaye parisienne de Port-Royal, accompagnée de sa maison (mars 1681). Le roi fit prendre de ses nouvelles trois fois par semaine et vint la voir quand elle se trouva à la dernière extrémité. Il pleura en la voyant : « Je meurs contente, puisque mes yeux ont vu pleurer le roi  », soupira l’amoureuse ingénue.
    Morte d’un abcès pulmonaire le 28 juin 1681, à une 1 h 30 du matin, elle fut inhumée le lendemain dans l’église de l’ancienne abbaye de Port-Royal. Le roi fonda en 1682 un service de messes annuelles à perpétuité pour le repos de son âme. Elle fut la seule maîtresse royale à bénéficier de ce traitement posthume.
    Simple « dame de cœur » en dépit des apparences, Marie-Angélique de Fontanges passa comme un feu follet dans la vie du Grand Roi.

ANNEXE
    L’épitaphe d’une étoile filante
    Autrefois, à la cour, on me vit égale ;
Maîtresse de mon roi je défis une rivale.
Jamais un temps si court ne fit un sort si beau,
Jamais fortune aussi ne fut sitôt détruite.
Ah ! que la distance est petite
Du comble des grandeurs à l’horreur des tombeaux !
    L’héritage de la duchesse
    Dès que Mlle de Fontanges rendit le dernier soupir, sa correspondance fut saisie et on dressa l’inventaire de ses biens. Marie-Angélique était criblée de dettes malgré les gratifications royales. Depuis quinze mois, son maître d’hôtel payait l’entretien des domestiques de sa poche, du moins le prétendait-il. Des employés de la lingerie et de la cuisine déclarèrent tout net que les ustensiles de leurs fonctions leur appartenaient. La chose étant invérifiable, on les leur laissa. Le mobilier restant alla au dépôt des meubles de la Couronne et le roi paya les créanciers.
    Une disparition suspecte ?
    Deux témoins attentifs de la cour, Ézéchiel Spanheim et Mme de Caylus, estimèrent que la mort de la duchesse était naturelle. D’autres contemporains la trouvèrent suspecte, sans pouvoir l’attribuer au poison. Après 1715, Madame Palatine prétendit que Mme de Montespan avait empoisonné Mlle de Scorailles : un ragot de plus à rejeter, Madame ayant toujours haï et jalousé les femmes aimées du roi, les accusant des pires turpitudes.
    Mlle de Fontanges faillit néanmoins être victime d’un empoisonnement à Chelles. Son médecin lui prescrivit une eau minérale qu’il devait commander et, le soir

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