Favorites et dames de coeur
calomniait, affirma son honnêteté et alla jusqu’à accuser les épouses des ministres de percevoir des commissions sur les importations de la Compagnie des Indes ! Cela jeta un froid parmi les assistants, mais les deux amants se réconcilièrent sur l’oreiller.
Puis le père de Louise se fit remarquer. Perclus de dettes, il contestait une décision de justice qui l’obligeait à payer ses créanciers. Il rédigea un mémoire justificatif et demanda à sa fille de l’appuyer auprès du roi. Elle obéit sans enthousiasme. Louis XV refusa les arguments de M. de Mailly qui, fort malcontent, s’abaissa à traiter sa fille de « gueuse » et de « putain » ! De telles expressions ne fleuraient pas son gentilhomme ; il fut exilé à Caen.
Enfin, le mari de Louise mena aussi quelque tapage : devenu entre-temps adepte de la franc-maçonnerie 184 , fort à la mode en son milieu, il se complut à critiquer la politique du cardinal. Cela revenait à blâmer le monarque. Louis-Alexandre fut poliment, mais instamment, prié de quitter la capitale et de se faire oublier en province.
L’année 1739 vit le triomphe de la favorite. Le roi offrit de grands bals en son honneur à l’occasion du Mardi gras. Ils coûtèrent plus de 500 000 livres, au grand dam du bon Fleury. Marie Leczinska manifesta quelque aigreur devant l’ascension de sa dame d’honneur ; alors que Louise-Marie lui demandait l’autorisation de suivre le roi à Compiègne, la reine prononça ces paroles à double sens : « Vous êtes la maîtresse »…
Des sœurs envieuses
La carrière galante de Louise-Marie fut curieusement contrariée par trois de ses sœurs cadettes, qu’elle avait imprudemment invitées à la cour. Ces jeunes ambitieuses se mirent aussitôt à l’œuvre. Dès septembre 1739, Louise dut se résoudre à partager les faveurs du monarque avec sa puînée Pauline 185 . La mort précoce de cette dernière (1741) lui permit de retourner en grâce et Louis XV lui attribua un logis au-dessus de ses petits appartements. Elle descendait chez le roi, y soupait avec lui et quelques intimes triés sur le volet. Elle essaya de le distraire de sa mélancolie, due au souvenir de Pauline disparue.
Louise-Julie se rendit coupable d’une mauvaise action : elle refusa de soutenir Mlle de Charolais, son ancienne confidente, alors disgraciée, qui désirait revenir à la cour. Elle en fut punie par les menées de ses propres sœurs Marie-Anne 186 et Hortense. Avec naïveté, elle sollicita et obtint pour la première une charge vacante de dame du palais, naguère occupée par une de leurs tantes, morte peu auparavant ; l’ingrate Marie-Anne remercia son aînée à sa façon : elle la supplanta dans l’affection du roi. Sur le conseil intéressé du duc de Richelieu, amant d’Hortense, Louise-Julie démissionna de sa charge de dame d’honneur de la reine au bénéfice de cette dernière. Le cardinal Fleury l’avait pourtant prévenue du danger, le ministre Maurepas lui avait même prédit : « Vous serez chassée de la cour par votre sœur. » Pour éviter tout scandale, Richelieu convainquit Louise-Julie de quitter volontairement la cour (novembre 1742). Elle se retira à l’hôtel de Toulouse, chez la duchesse de Noailles.
Louise se trouvait dans une situation désastreuse, ses biens étant grevés de 600 000 livres de dettes. Elle ne les régla qu’avec l’aide du roi et de ses amis. Louis XV lui concéda généreusement une pension de 20 000 livres. Elle habita ensuite à Paris, y assista sa sœur Marie-Anne mourante (décembre 1744), revint à la foi après cette épreuve et s’occupa d’œuvres de charité.
Morte à Paris le 30 mars 1751, Louise de Mailly fut inhumée au cimetière des Innocents. On transféra ses ossements aux catacombes lors de la fermeture du cimetière (1785).
La postérité a ratifié le jugement équilibré de l’avocat Barbier sur Louise-Julie de Maill y : « une brave femme qui n’a jamais fait de mal à personne ». Ou si peu, que cela ne vaut pas qu ’ on s’y attarde.
PAULINE-FÉLICITÉ DE VINTIMILLE
« Sa physionomie promettait de l’esprit »
Sœur de la précédente, née en août 1712 à Paris. Deuxième fille de Louis III de Mailly et d’Armande-Félicité de La Porte. Mariée le 27 septembre 1739 à Jean-Baptiste de Vintimille, sans postérité légitime.
Elle donna un fils à Louis XV, Charles-Emmanuel (1741) » qui fut déclaré sous le nom de
Weitere Kostenlose Bücher