Favorites et dames de coeur
connaître autre chose, parce qu’en tout cela, rien ne satisfait entièrement » (17 août 1715). Malade, le roi sentit qu’il allait mourir et elle l’exhorta à une fin chrétienne. Il la recommanda au futur régent Philippe d’Orléans. Après trois adieux pleins de grandeur, elle vit son mari pour la dernière fois le 29 août, et quitta définitivement Versailles le 30 : « Ma douleur est grande, je pleurerai souvent, mais ce seront des larmes de regret et de tendresse. Je n’ai jamais demandé sa vie depuis qu’il est malade, mais son salut », dit-elle à sa secrétaire. Louis XIV mourut le 1 er septembre. Le Régent tint parole et régla à Françoise sa pension mensuelle de 4 000 livres. Il aida son institution de ses deniers après la faillite du système de Law.
Menant une vie retirée, Mme de Maintenon reçut la visite du tsar Pierre le Grand, alors en France (printemps 1717). Elle mourut à Saint-Cyr le 15 avril 1719. Exhumée en janvier 1794, sauvée de la destruction et reléguée dans un grenier de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, sa dépouille fut inhumée à l’église Notre-Dame de Versailles après 1945.
L’étonnant destin de Mme de Maintenon, bourgeoise pauvre qui épousa sur le tard l’un des plus grands rois de la terre, fascine ou intrigue historiens et écrivains. Son « règne » annonce celui de Mmes de Pompadour et du Barry.
ANNEXE
Premiers contacts avec le roi
Le roi et la reine effectuèrent leur « joyeuse entrée » à Paris, le 26 août 1660. Leur cortège défila rue Saint-Antoine, où Mme Scarron trouva au roi « une grâce et une majesté surprenante ». Elle écrivit ses impressions à Mme de Villarceaux le lendemain, avec les arrière-pensées que l’on devine : « Je ne crois pas qu’il puisse y avoir rien de si beau. La reine a dû se coucher hier soir assez contente du mari qu’elle a choisi. » Le rêve passa… et la veuve Scarron épousa Louis XIV vingt-trois ans plus tard.
Mme de Montespan aurait entre-temps ménagé leur seconde rencontre, directe celle-ci, pour le rétablissement de la pension de Françoise. Le roi aurait dit à celle-ci : « Madame, je vous ai fait attendre longtemps ; mais j’ai été jaloux de vos amis. J’ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous » (1667).
Un frère tapageur
La parentèle de Françoise se bornait à un frère, que le roi nomma gouverneur du Berry, une belle-sœur et une nièce. Gueux comme un rat d’église, ou peu s’en fallait, dépensier et querelleur, Charles d’Aubigné n’avait aucune pudeur ni discrétion : lui-même très volage, il se répandait sur les aventures galantes que Françoise avait eues après la mort de Scarron. Il parlait de Louis XIV aux courtisans stupéfaits, l’appelant « le beau-frère ». Bref, il n’était pas dans le ton de l’endroit. Excédé de ce manque de savoir-vivre, le roi le fit interner dans la maison de retraite de Saint-Sulpice. Mort en 1703, ce triste sire ne fut, semble-t-il, regretté de personne, pas même de sa femme.
Nièce de Françoise, leur fille épousa le duc d’Ayen. Pour cadeau de mariage, sa tante lui offrit le château de Maintenon, où elle ne séjournait presque plus (1698).
Une mauvaise réputation
Mme de Maintenon fut calomniée de son vivant et après sa mort. Madame Palatine l’accusa sans preuve de tous les péchés d’Israël. Plus objectif, Saint-Simon, qui ne l’aimait pas, lui reconnut beaucoup d’esprit. La postérité lui imputa la révocation de l’édit de Nantes (18 octobre 1685), qu’elle ne paraît pas avoir inspirée : elle avait déjà désapprouvé les dragonnades de Louvois, goûtant peu cet homme brutal, qui avait naguère dissuadé le roi de l’épouser. Enfin, à trop fréquenter des prêtres, elle ne fut pas exempte du reproche d’hypocrisie.
LOUISE-JULIE DE MAILLY
« L’Inconnue » (Louis XV)
Née le 16 mars 1710 à Paris. Première fille de Louis III de Mailly et d’Armande-Félicité de La Porte. Mariée le 26 mai 1726 avec son cousin Louis-Alexandre de Mailly-Rubempré, sans postérité.
Une nouvelle La Vallière
Introduite à la cour en 1725 par Mme de Rubempré, sa future belle-mère, qui appartenait à la maison de la reine Marie Leczinska, Louise devint dame d’honneur de celle-ci (1729). Cela la distrayait d’un mariage raté avec son débauché de cousin, qui avait deux fois son âge et qui la trompait joyeusement; il ferma
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