FBI
signifie qu’il a été approché par un agent du FBI qui pense pouvoir l’amener à devenir un informateur du FBI. Hosty consulte ensuite le dossier Ruby. Il comporte quatre documents, dont une feuille de contact. L’Agent spécial Charles Flynn y note avoir vu Jack Ruby à plusieurs reprises, mais n’avoir pu tirer de leur rencontre aucune information valable. Charles Flynn était un jeune agent qui a fait son devoir en essayant de recruter un propriétaire de boîtes de strip-tease. En revanche, il ignorait qu’en approchant Jack Ruby il pénétrait sur le territoire de la Mafia. Un agent plus expérimenté aurait sans doute poussé les contacts et tiré un peu plus d’informations de Ruby. Mais Charles Flynn a été muté peu après, et le dossier classé.
James Hosty va trouver son superviseur, Ken Howe :
« Le capitaine Ganoway vient de m’appeler pour me dire qu’ils ont arrêté l’assassin de Lee Harvey Oswald. Il se nommeJack Ruby. Ganoway veut savoir ce que l’on a sur Ruby. Voici son dossier : c’est un de nos PCI. »
Ken Howe parcourt le dossier, puis lance à James Hosty :
« Inutile de rappeler Ganoway. Je m’en charge. »
Hosty a compris que Ganoway n’aura jamais son information. Pour une question de principe : le FBI ne révèle jamais l’identité de ses informateurs. Mais aussi pour se protéger : Hosty et son superviseur savent que la presse n’aurait fait qu’une bouchée d’eux si elle avait appris la vérité sur Jack Ruby.
Destruction de preuves
Il est un peu plus de 18 heures, ce dimanche 24 novembre 1963. Les sténos et les employés sont rentrés chez eux un peu plus tôt. La plupart des agents sont en mission au-dehors. James Hosty est un des rares à se trouver à son bureau. Son superviseur, Ken Howe, vient le chercher pour le conduire chez le SAC. En pénétrant dans le bureau de Gordon Shanklin, Hosty a un mauvais pressentiment. Ken Howe se campe devant la porte, Shanklin écrase une cigarette dans un cendrier débordant de mégots et se lève.
« Jim, dit-il, maintenant qu’Oswald est mort, il n’y aura pas de procès. »
Le SAC se penche vers le tiroir des dossiers « à ne pas archiver » et en sort le billet qu’Oswald avait déposé au FBI à l’attention de Hosty, il y a quatorze jours de cela, et le mémo explicatif rédigé par l’agent du FBI le vendredi précédent. Il les tend à Hosty :
« Tiens, prends ça, je ne veux plus jamais le voir. »
Hosty dévisage Shanklin, incrédule. Le SAC a l’air épuisé, il exhale la fumée de sa cigarette par les narines. Il a l’air tout ce qu’il y a de plus sérieux et ajoute :
« Ces notes ne prouvent rien du tout, mais je sais ce que les gens vont dire… »
Hosty sait que Shanklin fait référence à J. Edgar Hoover et à ses « laquais », réputés passer leur temps à refaire le match.
Sans trop y penser, Hosty s’empare des feuillets et fait mine de les déchirer.
« Non, pas ici, s’écrie le SAC. Je t’ai dit que je ne voulais plus les voir. Maintenant, tu sors. »
Hosty quitte le bureau de Shanklin, perplexe. Le SAC a poussé toute la journée à téléphoner à son mentor, l’assistant directeur John Mohr, numéro quatre du Bureau. Normal : Shanklin ne fait rien sans en référer à Mohr. Hosty comprend alors pourquoi le SAC lui a dit qu’il ne voulait plus voir la note d’Oswald : en bon bureaucrate, il ne veut pas que J. Edgar Hoover apprenne son existence. Il a trop peur de sa réaction.
« J’étais seul avec mission de détruire ces papiers, écrit Hosty dans ses mémoires. Je ne pouvais pas le faire à mon bureau, j’avais besoin d’être seul. Je me suis dirigé vers l’escalier, j’ai descendu un demi-étage jusqu’aux toilettes pour hommes qui étaient désertes, je me suis enfermé dans le premier box. Je ne fumais pas, je n’avais pas d’allumettes sur moi. J’ai tout déchiré en mille morceaux que j’ai jetés dans la cuvette. J’ai tiré la chasse d’eau et j’ai regardé la note d’Oswald et mon mémo s’en aller avec le petit tourbillon d’eau. Ils étaient partis pour toujours. »
James Hosty a-t-il conscience de ce qu’il vient de faire ? Réalise-t-il qu’en détruisant ce qu’il dit être des « papiers anodins », il va autoriser tous les fantasmes ? L’histoire le rattrapera douze ans plus tard, au début du mois de septembre 1975, quand le Dallas Times Herald publiera un article affirmant :
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