FBI
en fonction de nos découvertes. »
Voilà qui est intéressant, se dit Hosty. Pourquoi le président Johnson ne veut-il pas de déballage public ? Pourquoi ne tient-il pas à ce que toutes les preuves soient rendues publiques ? Quels secrets cherche-t-on à protéger ? L’agent du FBI pense tout de suite aux implications internationales de l’affaire.
À compter de cette heure, l’enquête est du ressort de la division n˚ 6 du Bureau, en charge des affaires criminelles. Son numéro deux, le directeur adjoint Jim Malley, coordonne toutes les équipes, supervise le SAC Shanklin et devient de facto le responsable du bureau de Dallas. Il rend compte directement au numéro trois du FBI, Al Belmont. La division n˚ 5 de William Sullivan, chargée de la sécurité et du contre-espionnage, opère dans l’ombre ; elle a pour mission d’estimer les dégâts éventuels faits à l’image du FBI. Al Belmont a les deux divisions sous ses ordres. Parfois, les réunions sont tendues. Les superviseurs de la division n˚ 6 ne sont pas accrédités pour tout entendre. Lors des réunions, Belmont leur demande de quitter la pièce sitôt qu’il est question de sécurité nationale. On imagine la fureur des superviseurs de la division n˚ 6, tenus dans l’ignorance de pans entiers de l’enquête (dont certains sont capitaux) au prétexte qu’ils ne doivent pas avoir accès à certaines informations.
Bientôt, plus d’une centaine d’agents du FBI venus de tous les États-Unis vont arriver en renfort à Dallas. Certains sont déjà en route. Dans leur sillage, ils entraînent des dizaines d’employés (chauffeurs, secrétaires, sténos), un parc automobile conséquent, quantité de machines à écrire et de télex. Le Bureau a déjà grignoté un étage du building fédéral qu’il occupe ; le septième est désormais réservé aux enquêteurs en charge du dossier. Ces derniers se divisent en deux équipes : la première se consacre à Lee Harvey Oswald, la seconde à Jack Ruby. Curieusement, James Hosty est affecté à la seconde. Au mieux, c’est une incohérence ; au pis, une brimade.
Le 25 novembre, à 11 heures du matin, l’ASAC Kyle Clark convoque James Hosty. Clark est un pur cow-boy du Wyoming ; sa tenue, ses bottes et ses chapeaux ne déparent pas dans une ville comme Dallas. C’est un protégé de William Sullivan, responsable de la division n˚ 5. Le SAC Shanklin, lui, est proche de John Mohr, un ennemi de Sullivan. C’est dire si les rapports entre le SAC et son ASAC sont délicats… James Hosty sait que Clark est les yeux et les oreilles de William Sullivan à Dallas.
« Jim, lui dit Clark, j’ai parlé de toi à Sullivan au téléphone. Il veut te faire savoir que, selon lui, tu as bien géré le dossier Oswald. Et je suis d’accord… »
Le dossier Oswald étant du ressort du contre-espionnage, Hosty pousse un soupir de soulagement.
« Sullivan et moi, reprend Clark, pensons qu’il est absurde que Shanklin t’ait affecté à l’équipe Ruby. Nous voulons que tu sois immédiatement réaffecté à l’équipe Oswald. Reste assis, je m’en occupe. »
L’ASAC Clark quitte alors son bureau et s’en va trouver le SAC Shanklin et son supérieur, le directeur adjoint Jim Malley. Quelques minutes plus tard, Clark revient, porteur d’une double bonne nouvelle : Hosty est réaffecté à l’équipe Oswald et il est le premier enquêteur chargé d’enquêter sur le passé de l’assassin du président Kennedy.
Sortant du bureau de Kyle Clark, James Hosty croise Dick Rogge, le bras droit de Jim Malley. Cherchant ses mots, Rogge lui dit :
« Vous étiez en charge du dossier Oswald avant , mais vous ne pouviez pas savoir qu’il était dangereux. »
« Mon estomac s’est noué, explique James Hosty. Oswald était dangereux, et je n’avais pas l’information ! Donc, quelqu’un avait l’information. Qui ? Le Quartier général ? la CIA ? Qu’est-ce que nos services de renseignement savaient d’Oswald ? »
L’agent du FBI veut en parler à son superviseur, qui se trouve alors dans le bureau de Kyle Clark. Hosty entre sans frapper et entend ce dernier dire :
« Kostikov allait justement… »
Kyle Clark s’interrompt, fixe James Hosty et, après un très long silence, demande à l’Agent spécial ce qu’il veut. Hosty bredouille une excuse et bat en retraite, perturbé. Les deux hommes étaient en train de parler au téléphone du diplomate
Weitere Kostenlose Bücher