FBI
d’une voix douce, où perce une légère pointe d’inquiétude :
« Est-ce vrai ? »
« Si cela avait été le cas, et si Oswald était bien l’assassin de Kennedy, explique DeLoach quarante-cinq ans plus tard, cela aurait voulu dire qu’on avait perdu sa trace lors de la surveillance ou, pis encore, qu’on était derrière lui pendant qu’il tirait sur le Président ! Comme à son habitude, le Directeur était avant tout préoccupé par sa réputation et par celle du Bureau. »
« Non, ce n’est pas vrai, répond DeLoach. Je viens de parler à Gordon Shanklin. Dallas a un dossier sur Oswald, mais il n’était pas sous surveillance. L’agent qui s’occupait de l’affaire ne l’a même jamais rencontré !
– Appelez Curry, dites-lui que c’est un menteur et que j’attends qu’il se rétracte publiquement. Sinon, je lui coupe tous ses privilèges ! »
Les « privilèges » en question sont ceux que le Bureau octroie aux différentes polices américaines : il met à leur disposition ses fichiers et ses laboratoires scientifiques. Une forme de courtoisie qu’aucune loi n’impose. Dans les heures qui suivent, Jesse Curry corrige ses propos, mais trop mollement pour J. Edgar Hoover, qui met fin aux privilèges de la police de Dallas.
Pendant ce temps, à Dallas, James Hosty reprend son enquête sur Lee Harvey Oswald là où il l’a laissée la veille de l’assassinat du président Kennedy. Accompagné d’un collègue, il interroge Ruth Pain chez elle. Contrairement aux deux dernières fois, Marina Oswald n’est pas là. La veille, la mère de Lee Harvey Oswald l’a conduite dans un hôtel.
« Monsieur Hosty, lui dit Ruth Pain, quand vous êtes venu précédemment, vous nous avez demandé si nous savions où vivait Lee. Nous ne le savions pas, mais nous avions un numéro de téléphone. Cela aurait-il pu vous aider ?
– Oui, la compagnie du téléphone nous aurait donné l’adresse.
– Je suis désolée, j’aurais dû le comprendre », balbutie-t-elle, visiblement troublée.
Ruth Pain explique alors à James Hosty qu’elle a vu Lee Harvey Oswald aux environs du 10 novembre. Il est venu chez elle passer un week-end avec Marina.
« Après votre seconde visite, poursuit Ruth Pain, il est revenu pour le pont du week-end des Vétérans. Le mardi, il est retourné travailler à Dallas et, alors que je nettoyais la maison, je suis tombée sur une lettre manuscrite de Lee à l’ambassade soviétique. J’ai trouvé cela bizarre, alors je l’ai lue et l’ai gardée.
– Vous l’avez toujours ? dit Hosty en essayant de dissimuler son excitation.
– Bien sûr, je vais vous la chercher. »
Fébrile, l’Agent spécial déchiffre l’écriture de Lee Harvey Oswald : « Messieurs, ceci pour vous informer de mon entretien avec le camarade Kostine [de son vrai nom Kostikov], de l’ambassade soviétique à Mexico. Je n’ai pas pu rester indéfiniment à Mexico en raison des limites de mon visa, qui n’était valable que quinze jours. Je ne voulais pas risquer de demander une extension, car j’aurais dû donner mon vrai nom. Je suis donc retourné aux États-Unis. Moi et Marina Nichilaïeva vivons à Dallas, Texas. »
L’Agent spécial manque de tomber de sa chaise en lisant le quatrième paragraphe, où il est question de la visite de l’« agent du FBI James Hasty [ sic ] ». Déformant la conversation de Hosty avec Marina, Oswald affirme que « l’agent du FBI a suggéré que ma femme pourrait rester aux États-Unis sous la protection du FBI, si elle faisait défection ».
James Hosty est de plus en plus perplexe. Il se demande à quoi rime ce brouillon abandonné par l’assassin du Président. Il ne comprend pas non plus pourquoi Lee Harvey Oswald a écrit à l’ambassade soviétique à Washington, alors qu’il doit bien se douter que le FBI intercepte systématiquement le courrier qui y entre ou en sort. Mais, surtout, il se pose de plus en plus de questions sur le voyage d’Oswald au Mexique. Un voyage trop peu discret…
De retour au bureau, James Hosty est happé par Ken Howe, qui lui demande d’aller voir immédiatement le SAC Gordon Shanklin dans son bureau, au douzième étage du bâtiment fédéral.
« Hosty, le Quartier général est en train de devenir fou. Ils ont des milliers de questions pour vous. Alors, asseyez-vous et écoutez. D’abord, le QG veut en savoir plus long sur ce qu’Oswald dit de vous dans la lettre
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