FBI
« Lee Harvey Oswald a porté personnellement une lettre de menaces au bureau du FBI de Dallas quelques jours avant l’assassinat du président John F. Kennedy. La lettre, qui ne mentionnait apparemment pas le président Kennedy, a été détruite par des collaborateurs du FBI. » Dans la foulée, le Département de la Justice envisagera de poursuivre James Hosty, mais renoncera, faute d’éléments suffisants. Le doute subsistera néanmoins toujours sur la nature de la note d’Oswald. En décembre 1975, la réceptionniste du bureau de Dallas à qui Lee Harvey Oswald a laissé sa note donne des faits une version plus dramatique que celle de James Hosty. Elle décrit un Oswald « au regard fou », jetant la note sur le comptoir avant de s’enfuir. Elle assure avoir lu le texte du message. Contredisant Hosty, elle parle de menaces contre le FBI, et affirme que la note était bien signée du nom de Lee Harvey Oswald. Qu’elle ait tort ou raison, sa version ne change pas grand-chose à l’affaire. En revanche, la destruction d’une note manuscrite rédigée par Lee Harvey Oswald à destination du FBI alimente les théories « conspirationnistes » les plus échevelées.
Pas de déballage public
Le 24 novembre 1963, à 20 heures, les agents du FBI de Dallas sont réunis dans une salle du Bureau. Ils sont hagards, vidés. Les costumes gris sont froissés, les nœuds de cravate défaits, les chemises blanches maculées. Certains n’ont pas dormi depuis deux jours. Mais c’est un groupe compact, solidaire. On revit les derniers jours. Un agent se souvient que, le 22 novembre, les agents du Secret Service l’ont braqué dans les couloirs du Parkland Memorial Hospital où Kennedy venait de rendre l’âme ; c’étaient les gardes du corps du nouveau président Lyndon Johnson. Un dénommé Charlie Brown raconte que, deux jours plus tard, il était aux côtés de Lee Harvey Oswald dans le bloc opératoire, attendant en vain de recueillir ses derniers mots. Un autre dit avoir trouvé le portefeuille d’Oswald près du cadavre encore chaud de l’agent Tippit. Il se tourne vers James Hosty : « Le nom d’Oswald ne me disait rien, mais si tu avais été là… » James Hosty se tait. Des années plus tard, il écrira : « C’est comme si un énorme vortex avait rageusement aspiré ma vie, à 12 h 30, le vendredi 22 novembre 1963. Pour l’éternité, mon destin s’est trouvé lié à celui de Lee Harvey Oswald. Pour toujours, je serais l’agent du FBI qui avait une enquête en cours sur le futur assassin du président des États-Unis. »
À l’arrivée du SAC, les agents se taisent. Gordon Shanklin prend la parole :
« Le président Johnson vient d’ordonner au FBI de reprendre l’enquête des mains de la police de Dallas. Le Bureau va récupérer toutes les pièces à conviction. »
À cette époque, l’assassinat d’un Président n’entre pas dans le cadre des crimes fédéraux dont le FBI doit s’occuper. Le Bureau n’a donc pas compétence pour enquêter. Dans les minutes qui ont suivi la mort du président John F. Kennedy, la police de Dallas a été chargée du dossier, et J. Edgar Hoover a examiné la manière dont il pourrait s’en emparer. Le directeur du FBI a envisagé de forcer le passage en invoquant une jurisprudence un peu tirée par les cheveux : le Bureau est autorisé à intervenir en cas d’attaque contre Air Force One ou l’un de ses passagers, ce qui est le cas du Président . L’assassinat d’Oswald a changé la donne. « Brusquement, explique Cartha DeLoach, le dossier sur lequel nous travaillions le matin même – l’assassinat du président Kennedy par Oswald – voyait son urgence supplantée par une nouvelle affaire : l’assassinat de notre suspect numéro un. Immédiatement, nous nous sommes demandé si la police de Dallas n’essaierait pas de nous exclure de l’enquête en invoquant, comme la première fois, des problèmes de compétence. » Les services juridiques du FBI trouvent la parade : en tuant Lee Harvey Oswald, Jack Ruby l’a privé de ses droits civiques.
Après avoir annoncé à ses agents qu’ils sont désormais responsables des enquêtes sur les assassinats de Kennedy et d’Oswald, le SAC de Dallas ajoute :
« Le président Johnson veut que le Bureau fasse diligence et ne rende compte qu’à lui et lui seul. Le président Johnson ne veut pas de déballage public. Il se chargera d’informer lui-même l’opinion
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