FBI
l’absence de leur avocat. Belmont est furieux à juste titre contre ce qu’il considère comme un camouflet : jusqu’à présent, tous les policiers et agents fédéraux interrogés par la Commission ont eu le droit d’être assistés par leurs conseils. Earl Warren adresse là à J. Edgar Hoover un message explicite : pas de pitié pour le FBI !
Le 6 mai 1964 à 14 heures précises, l’agent fédéral James P. Hosty pénètre dans l’antichambre de J. Edgar Hoover sous la conduite de Sam Noisette, un des rares « nègres » du Bureau. Hosty a demandé à être reçu par Hoover. Une prérogative dont n’usent que très rarement les agents. Mieux vaut ne pas déranger le Directeur pour rien.
Comme tous les agents du FBI, Hosty sait qu’il faut se méfier du « Siège du Gouvernement », et encore plus du Directeur. Avant lui, des générations d’agents ont appris à redouter les tête-à-tête avec Hoover recommandé « Ne demandez jamais à rencontrer Hoover sans une bonne raison, a expliqué son mentor au jeune William C. Sullivan dans les années 1940. Si le Directeur n’est pas impressionné par vous, votre carrière peut se clore sur-le-champ. Si Hoover vous convoque, habillez-vous comme un dandy, emportez un carnet et prenez furieusement des notes dès qu’il ouvre la bouche. Après, vous pourrez les jeter. Surtout, n’oubliez pas de le flatter. Au Quartier général, tout le monde sait que Hoover est un égocentrique. Alors, flattez-le en permanence, sinon on vous aura à l’œil ! »
Informé de la demande d’audience de James Hosty auprès du Directeur, Al Belmont, numéro trois du Bureau, lui a dispensé deux conseils : « Si tu as quelque chose à dire, dis-le d’entrée de jeu, sinon tu risques de l’oublier ; et prends un stylo et un bloc, pour le cas où le Directeur aurait des instructions à te donner. » Hosty est nerveux. La veille, il a témoigné devant la commission Warren sur ce qu’il savait du dossier Oswald. Officiellement, il vient informer le Directeur, mais en réalité il vient sonder le terrain et voir à quelle sauce il va être mangé. C’est la première fois que James Hosty pénètre dans l’antre du Vieil Homme. « Les agents du FBI, explique le SAC Neil Welch, ont l’habitude de faire face aux situations les plus délicates sur le terrain. Qui les croirait timides au point de ne pas trouver la force de s’exprimer ? » À la fin d’une de ses audiences, un SAC impressionné s’est trompé de porte et, au lieu de sortir, s’est retrouvé dans un cagibi. « Il a attendu dans le noir, s’amuse encore Neil Welch. Bien sûr, quand il en est finalement sorti, Hoover attendait comme un chat devant un trou de souris ! »
Quand ses yeux se sont habitués à la pénombre, James Hosty distingue la silhouette du Directeur, dissimulée par des piles de dossiers entassés sur son bureau. Hoover lui fait signe de s’asseoir sur une chaise basse. Hosty se retrouve ainsi bien au-dessous de son interlocuteur.
Visiblement d’excellente humeur, J. Edgar Hoover se lance dans une grande diatribe d’où il ressort que l’assassinat du président Kennedy est une tragédie, qu’il aime beaucoup le président Johnson, autant que le président Kennedy et son père Joe, mais que Bobby Kennedy le « dégoûte », même si, en tant que Procureur général, Bobby est son patron à lui, Hoover.
Le Directeur est rayonnant, car il vient d’apprendre une grande nouvelle : le président Johnson vient juste de l’informer de sa décision de l’autoriser à rester à son poste, malgré la loi qui l’oblige à prendre sa retraite à soixante-dix ans.
« Le Président m’a dit que le pays ne pouvait pas se passer de moi », lâche fièrement Hoover.
James Hosty est tenté de lever les yeux au ciel.
Hoover en vient ensuite à la commission Warren. Le Directeur veut lui aussi éviter à tout prix que les conclusions de la commission Warren ne critiquent le travail du FBI. La partie n’est pas gagnée. Le choix d’Earl Warren pour présider la commission d’enquête n’aurait pas pu être plus catastrophique pour le FBI. Earl Warren et J. Edgar Hoover se vouent une haine cordiale depuis des années. En 1952, le FBI a enquêté sur Warren après sa nomination à la tête de la Cour suprême par le président Eisenhower. Au cours de cette enquête de routine, le FBI a découvert une relation extraconjugale d’Earl Warren. La nouvelle a
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