FBI

Newsweek .
    – On est tous dans le même bateau, lui répond Ford. Je n’aime pas Newsweek , et encore moins le Post … »
    Peu avant la publication du rapport, comme tous les autres membres de la Commission, Gerald Ford reçoit un jeu d’épreuves à corriger. Il porte une attention particulière aux conclusions. Une phrase lui saute aux yeux : elle concerne la trajectoire d’un des projectiles tirés par Oswald. Il lit : « La balle est entrée dans le dos, un peu en dessous de l’épaule, à droite de la colonne vertébrale. » Ford prend son stylo, raie et corrige le texte, qui devient : « La balle est entrée dans le dos, près de la nuque , dans le haut de l’épaule, à droite de la colonne vertébrale. » Une modification qui change radicalement la signification de la phrase et la distord dans le sens de la théorie de la « balle magique ». Pourquoi Gerald Ford a-t-il corrigé le texte ? Uniquement par souci de clarification, dira-t-il peu avant sa mort.
    James Hosty va à Washington
     
    Le 8 mai 1964 à 9 heures du matin, quatre hommes gravissent les escaliers du bâtiment de l’administration des Anciens Combattants (VFW), au 200, Maryland Avenue, à Washington, où se tiennent les auditions de la commission Warren. Leurs costumes impeccables, leurs chemises blanches, leur cravates sages et leurs chapeaux Fedora trahissent leur appartenance au Bureau. Ce sont trois des agents qui se sont occupés de Lee Harvey Oswald avant l’assassinat du président Kennedy, escortés de leur avocat. James Hosty est accompagné de John Fain, l’agent de Forth Worth qui a interrogé Lee Harvey Oswald à son retour d’Union soviétique, et de John Quigley, qui a rencontré Oswald après son arrestation à La Nouvelle-Orléans. Les trois agents ont désigné le même avocat, qui n’est autre qu’Al Belmont, numéro trois du Bureau. Ils sont venus préparer leur audition, qui doit avoir lieu le lendemain. Ils ont rendez-vous avec Samuel Stern, un fonctionnaire de la Commission qui doit leur poser les questions auxquelles ils auront à répondre le lendemain.
    Comme il s’y attendait, James Hosty va devoir répondre à des questions relatives à sa discussion avec Forest Sorrells, le chef de l’antenne de Dallas du Secret Service, dans les couloirs du quartier général de la police de la ville, au soir du 22 novembre 1963, quelques heures après l’assassinat du Président. Un agent du Secret Service écoutait à distance la conversation et affirme que James Hosty a informé Forest Sorrells des contacts entre Lee Harvey Oswald et des agents d’une puissance étrangère, avant l’assassinat de Kennedy. Hosty rétablit sa vérité : il a simplement dit au responsable du Secret Service que le FBI avait en sa possession deux documents susceptibles de l’intéresser, lui suggérant de demander à son quartier général de se mettre en relation avec celui du FBI.
    Afin de préciser sa pensée, James Hosty indique que les deux documents étaient un mémo daté d’octobre 1963 concernant les contacts à Mexico entre Lee Harvey Oswald et un diplomate soviétique appelé Valeriy Vladimirovich Kostikov, et un autre provenant du bureau de Washington (Washington Field Office, WFO), daté de novembre 1963, concernant la lettre d’Oswald à l’ambassade soviétique à Washington faisant état de la rencontre de Mexico.
    Après que James Hosty a expliqué avoir vu ces deux documents, Al Belmont se tortille sur son siège. Brusquement, il a l’air mal à l’aise. Se penchant vers Hosty, il lui murmure : « Putain, je leur avais dit de ne pas vous faire voir le document du WFO ! » Hosty n’en croit pas ses oreilles. Abasourdi, il réalise la portée des propos de Belmont. « J’étais assommé, écrit-il dans ses mémoires. Le responsable de toutes les enquêtes du FBI admet que le FBI essaie délibérément de me cacher des informations ! […] Que se passait-il ? Qui était ce Kostikov qui semblait avoir touché un nerf à vif au sein de la direction du FBI ? »
    Le lendemain, les trois agents du FBI et leur conseil sont de retour au bâtiment du VFW. À 9 h 30, Samuel Stern vient chercher le premier agent à être entendu. John Fain et Al Belmont le suivent dans la salle. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre sur un Al Belmont rouge de colère, suivi d’un Samuel Stern qui se confond en excuses. Earl Warren vient de décréter que les agents du FBI seraient entendus en