FBI

Division). C’est le début de l’opération « Cointelpro-White Heat » (haine blanche). J. Edgar Hoover sait d’expérience que, dans le Sud, il est très difficile de mettre en prison les hommes du Klan, et pratiquement impossible d’obtenir leur condamnation par des tribunaux locaux. Le directeur du FBI décide donc de régler le problème sans passer par les tribunaux. Ainsi, il limite les contacts et donc les occasions de friction avec le Département de Justice. Et évite pareillement de mettre le Bureau en porte-à-faux avec les policiers locaux.
    À partir de 1965, des centaines d’agents spécialement entraînés participent à « Cointelpro-White Heat ». Entre 1964 et 1971, les responsables du FBI autorisent 287 actions de ce type contre des groupes du Klan dans le sud des États-Unis. Par la suite, en raison de nombreux dérapages, certains SAC refuseront que leurs agents collaborent aux opérations. Ce sera le cas de Neil Welch, une fois nommé SAC du bureau de Buffalo. Mais, en 1964, dans un Mississippi à feu et à sang, face au Klan, l’emploi de « Cointelpro » ne semble pas lui poser trop de problèmes.
     
    Neil Welch commence par lâcher les chiens de « Cointelpro » aux trousses du Klan Bureau of Investigation, le KBI, organisation du Klan chargée de surveiller les femmes et les enfants des agents du FBI et de les harceler : « Les membres du KBI étaient systématiquement identifiés et confiés à la surveillance d’agents du FBI triés sur le volet, susceptibles d’être aussi dangereux que leurs cibles, raconte Neil Welch. Les agents ont carte blanche. Dans les mois qui suivent, les plus violents des hommes du Klan connaissent tous les mêmes avanies. Certains disparaissent. D’autres sont contraints de quitter le Mississippi pour raisons de santé. D’autres encore font des séjours non planifiés au Mexique et, à leur retour, ont perdu tout intérêt pour les activités du Klan. »
    Neil Welch a une arme redoutable : James O. Ingram. Un agent en acier trempé. Quand l’ASAC a une mission impossible, c’est à lui qu’il fait appel. James Ingram est un amoureux du Mississippi. Quand il quittera le Bureau, en 1982, il s’installera à Jackson, où il a passé les années les plus exaltantes de sa carrière. Il était présent quand les cadavres des trois jeunes militants assassinés ont été extraits de la levée du barrage. Il était encore là quand, trois ans plus tard, un jury populaire a acquitté l’un des cerveaux du triple homicide, Edgar Ray Killen, un pasteur. Il était toujours là quand la police a repêché des eaux de la rivière Old Mississippi les cadavres de Charles Moore et de Henry Dee, deux jeunes Noirs battus à mort par des hommes du Klan. Il était enfin là quand deux tueurs du Klan, dont une femme, s’apprêtaient à faire sauter la maison d’un commerçant juif de Meridian. Pour les arrêter, il a dû faire usage de son arme.
    Après avoir quitté le Bureau, James O. Ingram a pris la direction de la police d’État, la Mississippi Highway Patrol, l’ancien nid de serpents du Ku Klux Klan, que les agents du FBI fuyaient comme la peste. Puis, après avoir quitté la Mississippi Highway Patrol, il a redonné un coup de main au FBI. Il s’occupe alors des cold cases , ces dossiers non résolus, laissés en jachère, faute d’éléments. Il reprend les enquêtes, fait du porte-à-porte, interroge les témoins survivants, retrouve certains de ses anciens informateurs. L’État du Mississippi fait appel à lui quand il entend poursuivre une nouvelle fois le pasteur assassin, Edgar Ray Killen. James O. Ingram refait l’enquête, découvre de nouveaux témoins. Contrairement au procès de 1967, celui de 2005 ne se termine pas par un acquittement. Killen est enfin condamné, quarante et un ans après les faits ! Dans la foulée, Ingram s’attaque à un autre cold case et prépare la condamnation de James Ford Seale pour le double assassinat de Charles Moore et de Henry Dee.
     
    James O. Ingram est de toutes les expéditions périlleuses. Quand il faut aller au contact du plus furieux des hommes du Klan du comté de Jones, le SAC Roy K. Moore envoie James Ingram et son double, Jim Awe. Les deux agents savent qu’ils montent au feu. Pourtant, même s’ils doivent interroger l’homme sur son alibi, le soir où un dirigeant de la NAACP a été assassiné, ils ne s’attendent certainement pas à être accueillis par un type écumant