FBI
photos prises lors des émeutes qui avaient lieu sur son nouveau territoire, on le retrouvait toujours au milieu de ce qu’il y avait de pire… »
Dix ans après l’assassinat de Viola Liuzzo, Gary Rowe témoigne devant la commission du Sénat chargée des services secrets, le visage masqué d’une drôle de cagoule blanche, caricature de celle qu’il portait en ses années de Klan. Il n’est pas tendre pour son ancien employeur, qu’il accuse d’avoir couvert en partie sa sanglante dérive à l’intérieur de la klavern 13 de Birmingham. L’heure n’est plus alors à la guerre, mais aux dédommagements et aux procès. Le Klan n’existe déjà pratiquement plus. Les agents du FBI l’ont fait imploser en se servant d’une dernière arme secrète concoctée par William C. Sullivan.
« Il ne faudrait pas penser que le Ku Klux Klan était une entité monolithique, explique Tom Burns. Créé après la fin de la guerre de Sécession, aux environ de 1865, le Klan est rapidement devenu une force politique à part entière. Au début du XX e siècle, il comptait des dizaines de milliers de membres. Il contrôlait des États du Sud et organisait de gigantesques manifestations à Washington. Pour redoutable qu’il fût, en 1964, le Klan n’était plus que l’ombre de lui-même. Ce n’était plus depuis longtemps un parti unique. Les querelles intestines ont accouché de dizaines d’organisations qui se revendiquaient du Klan et que nous avons toutes pénétrées. »
William C. Sullivan a alors un plan pour en finir avec le Klan. Il le teste à Philadelphia. Pourquoi ne pas fusionner les trois entités du Klan qui se livrent une guerre sourde ? Ainsi le FBI pourra-t-il mieux les contrôler. C’est ce qui se passe : « Depuis, le Klan n’a pas redressé la tête dans le Mississippi », écrit Sullivan dans ses mémoires, en se félicitant du premier gros succès remporté par son plan « Cointelpro ».
Pourquoi s’arrêter là ? se demande le chef de la division « Domestic Intelligence » du FBI. William Sullivan élargit le champ d’action de « Cointelpro ». Sa nouvelle cible : le révérend Martin Luther King.
FBI contre Martin Luther King
Depuis le début des années 1950, le FBI a infiltré deux specials , les frères Jack et Morris Childs, à l’intérieur du Parti communiste américain (CPUSA). Pendant près de trente ans, les deux frères fournissent au FBI des informations inestimables sur l’Union soviétique dans le cadre de « Solo », l’opération de pénétration du système soviétique la plus réussie de l’histoire du FBI. Principal conseiller du responsable du Parti communiste américain, Morris Childs est chez lui à Moscou, où il effectue plus de cinquante-deux missions, parfois « au péril de sa vie5 ». Les dirigeants soviétiques le considèrent comme leur ami. Il est le confident de Nikita Khrouchtchev, Leonid Brejnev, Youri Andropov. Il sait tout ou presque d’eux, connaît leurs ambitions, leurs plans. Il leur parle en tête-à-tête, dîne avec eux. Leonid Brejnev ira même jusqu’à organiser en son honneur un banquet au Kremlin.
Morris Childs est chargé d’apporter l’argent de Moscou au Parti communiste américain : en tout, 28 millions de dollars en petites coupures. « Les Russes lui remettaient l’argent, explique Cartha DeLoach. Au début, il y en avait pour 250 000 dollars, mais à la fin les Russes lui refilaient un million de dollars à chaque fois. Dès que l’argent arrivait aux États-Unis, nous le comptions dans un endroit secret. “Solo” l’acheminait ensuite à New York et le répartissait à l’intérieur du Parti communiste qui, avec ça, pouvait fonctionner pendant un an. On pourrait dire que le FBI a permis au Parti communiste d’opérer avec de l’argent soviétique qu’on aurait pu saisir… »
« Solo » livre régulièrement au FBI la liste des membres, clandestins ou non, et des compagnons de route du CPUSA. À la fin des années 1950, il dénonce Stanley Levison, avocat new-yorkais et homme d’affaires, vieille connaissance du Bureau qui le soupçonnait d’être chargé des finances du Parti. Le FBI découvre que l’avocat s’est lancé dans la bataille pour l’égalité des droits civiques. Stanley Levison conseille le leader le plus en vue de la communauté noire : Martin Luther King ; il rédige ses discours.
Depuis 1919, J. Edgar Hoover pense avoir appris à reconnaître un
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