FBI
personnel placés en fonction de leur importance.
Les SAC (« Special Agent in Charge ») occupent le chœur. Tout un symbole qui souligne la frontière qui sépare les dirigeants du Quartier général – le « Siège du Gouvernement », comme on dit au FBI – et les agents fédéraux qui se trouvent sur le terrain. Les SAC présents ont écrit l’histoire du FBI. Ils ont vécu les années gangsters et la prohibition, ils ont traqué les agents nazis sur le territoire national, en Amérique latine et en Europe, ils ont pourchassé les communistes et les agents de Moscou, ils ont tenté de stopper la Mafia, ils ont brisé le Ku Klux Klan, ils ont infiltré les mouvements estudiantins et les groupes clandestins d’extrême gauche. À leurs côtés, un homme qui n’appartient pas au Bureau. Il s’appelle Ephrem Zimbalist Jr. C’est un acteur : chaque dimanche soir, depuis sept ans, il triomphe dans la série phare FBI de la chaîne ABC. Sa présence témoigne de l’importance que J. Edgar Hoover accordait à l’image de son FBI.
Dans l’assistance de l’église presbytérienne de Nebraska Avenue, nombreux sont ceux qui se réjouissent de la mort de Hoover. À commencer par les hommes politiques qui redoutaient un jour de tomber entre ses griffes en dépit des scandales, des cadeaux octroyés, d’un salaire versé à vie ou de passe-droits pour le maintenir à son poste. On ne sait pas à quoi songe Patrick Gray, le nouveau directeur du FBI, face au cercueil de J. Edgar Hoover. Mais il n’a pas renoncé à faire ce que tout homme politique rêve de faire : mettre la main sur les archives secrètes de Hoover.
J. Edgar Hoover souhaitait une discrète cérémonie maçonnique, il a eu droit à des funérailles nationales. Il a été enterré comme il a vécu, sous le signe de l’ambivalence. J. Edgar Hoover a rarement été là où on l’attendait. Il était petit, presbytérien, on le disait d’origine métisse. Il a bâti une organisation composée presque exclusivement d’hommes blancs, catholiques, taillés comme des joueurs de football américain. On l’imaginait en dictateur tout-puissant, on le découvrira en bureaucrate seulement préoccupé par la pérennité de sa fonction. On le dépeint comme le premier policier du pays, il se revendique « enquêteur au service du Département de la Justice ». On a écrit que c’était « le plus grand salaud des États-Unis », il ne se souciait que de sa survie et de son image.
La chasse aux archives
Le lendemain des funérailles nationales de J. Edgar Hoover, Patrick Gray demande à Mark Felt de lui communiquer les fameux « dossiers secrets ». « Il n’y a pas de dossiers secrets, lui répond Mark Felt. Nous avons des dizaines de milliers de dossiers avec des informations délicates obtenues lors des enquêtes. Il y a des dossiers avec des informations très confidentielles et très délicates. » En fait, Patrick Gray recherche les archives privées de J. Edgar Hoover. Depuis des décennies, le Tout-Washington fantasme sur ces fameux dossiers dont Hoover se serait servi à des fins de chantage.
Mark Felt oublie juste de dire une chose à Patrick Gray. Quelques heures plus tôt, Helen Gandy, la fidèle secrétaire de Hoover, lui a remis douze grosses boîtes renfermant les dossiers classés « Officiel et confidentiel ». Il a placé ces dossiers dans sa chambre forte. Mark Felt épluche les 167 dossiers qui constituent la collection. Il en fait disparaître trois qui concernent des responsables du FBI. On ignore ce qu’il fera du reste. Quelques années plus tard, William Sullivan parlera d’un « trésor » composé « de dossiers très mystérieux, de documents qui se trouvaient dans le bureau de Hoover, contenant des informations confidentielles, explosives et très sensibles sur les personnages clefs du pays ». Sullivan fait sans doute référence aux archives personnelles de J. Edgar Hoover.
Trois ans après, Helen Gandy affirme qu’il lui a fallu plus de deux mois et demi pour détruire les archives personnelles de son ancien patron. Auparavant, elle les a soigneusement relues afin de vérifier qu’elles ne contenaient pas d’informations qu’il aurait fallu archiver. Ensuite, elle les a remises à la division Administration pour destruction. Helen Gandy a commencé sa tâche dans son bureau et l’a achevée dans la cave de l’ancienne demeure de J. Edgar Hoover. Elle déclare avoir fait livrer six
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