FBI

cabinets de documents dans la cave de Hoover. Un des déménageurs se souvient, lui, d’avoir déménagé vingt-six cabinets. L’ancienne secrétaire de Hoover ne parle que de documents personnels. Témoignage contredit par le même transporteur, qui assure avoir vu un tiroir bourré de grosses chemises de couleur qui n’avaient rien de papiers personnels.
    Watergate
     
    Dans la nuit du 17 juin 1972, le SAC du Washington Field Office (WFO) est informé que cinq « cambrioleurs » viennent d’être arrêtés en flagrant délit dans les locaux du Parti démocrate, dans l’immeuble du Watergate. Le Washington Field Office a juridiction sur les crimes et les délits commis à Washington. Le SAC dépêche un de ses agents sur les lieux. Un deuxième appel téléphonique l’informe de la découverte sur place d’un faux détecteur de fumée renfermant un engin qui pourrait être une bombe. Il envoie une équipe de démineurs. Un troisième appel propulse le SAC hors de chez lui jusqu’à son bureau : dans le faux détecteur de fumée, on a trouvé un micro et un émetteur radio. Mark Felt est prévenu à 7 heures du matin. Le scandale du Watergate commence.
    Le SAC du WFO mobilise vingt-sept de ses agents pour enquêter sur le cambriolage. Au début, l’enquête s’oriente vers la CIA. Un des cambrioleurs a sur lui le numéro de téléphone de E. Howard Hunt, un ancien de l’Agence. L’Agent spécial Paul Magallanes se rend chez Hunt pour l’interroger. Il en ressort ébloui. Chez Hunt, tout n’était que luxe, calme et volupté. « Hunt était l’archétype de l’agent de la CIA, explique Paul Magallanes. Une très belle maison dans le Maryland. Une femme somptueuse. Des enfants beaux à tomber par terre. Toute la famille était belle. Bien sûr, Hunt ne m’a rien dit12. »
    Magallanes ressort de chez Hunt avec la désagréable impression d’être en train de braconner sur des terres défendues. L’interrogatoire suivant est encore plus délicat. Le chef des cambrioleurs, John McCord, est lui aussi un ancien de la CIA, mais il s’occupe de la sécurité du Comité pour la réélection du président Nixon (CRP). Et là, c’est carrément dangereux. Magallanes n’en est pas moins décidé à voir ce qui se passe du côté du CRP. Il veut interroger la secrétaire de McCord. Le directeur du FBI donne l’ordre que l’interrogatoire se déroule dans les locaux du CRP, et non dans les bureaux du WFO. L’agent du FBI perd un atout important. Comme si cela ne suffisait pas, l’avocat de Richard Nixon, John Dean, est autorisé à assister à l’entretien. Du jamais vu dans l’histoire de la justice.
    Paul Magallanes ignore que le nouveau directeur du FBI a décidé de traiter les hommes du Président avec des gants. Contrairement à tous les usages, aucun des interrogatoires n’a lieu dans les locaux du FBI : ils devront se dérouler soit à la Maison-Blanche, soit dans les locaux du CRP. John Dean, l’avocat de Richard Nixon, a le droit d’assister à tous les interrogatoires conduits par le FBI. Il a également le droit de consulter les procès-verbaux d’interrogatoire, les fameux formulaires 302. Un privilège qui lui avait pourtant été refusé par le Département de la Justice. Patrick Gray rencontre régulièrement John Dean dans des parcs de Washington pour faire le point de l’enquête ou lui remettre des documents la concernant. Les responsables du FBI regimbent ; certains affirment que le Directeur se rend coupable d’obstruction de la justice.
    Paul Magallanes ne tire rien de l’interrogatoire de la secrétaire de McCord. Terrifiée par la présence de John Dean, elle ne répond que par oui ou par non aux questions de l’agent du FBI. Le lendemain, Magallanes reçoit un appel téléphonique. C’est la jeune femme, qui s’excuse de n’avoir pas pu parler librement et affirme avoir d’importantes révélations à faire au FBI. Méfiante, elle demande à voir l’agent du FBI et son partenaire en l’absence de John Dean et dans un lieu public. Elle pose deux conditions : que Magallanes ne vienne pas dans sa voiture de fonction et qu’il change de coéquipier, celui qui assistait à l’interrogatoire lui ayant déplu. La décision va à l’encontre des instructions du Directeur. Magallanes n’en a cure : il est couvert par le SAC du Washington Field Office (WFO), Robert Knuckle.
    Rendez-vous est pris dans un parc de la ville. La secrétaire rejoint l’agent du FBI