FBI
modèle du genre. Cartha DeLoach le qualifie de « brillant, détaillé et clair ». Ses conclusions sont sans appel. Il faut virer J. Edgar Hoover sans plus attendre. John Mitchell convoque l’ancien numéro trois du FBI, Cartha DeLoach, et lui demande comment faire pour se débarrasser de Hoover. « J’avais de la peine pour le Vieil Homme, raconte Cartha DeLoach. Nous n’étions pas toujours d’accord, surtout vers la fin, mais j’avais toujours une affection très profonde envers lui et le fait qu’il puisse être humilié me faisait de la peine. Je réalisais que son heure était venue. »
DeLoach conseille au Procureur général de nommer Hoover directeur émérite du FBI. « Donnez-lui un bureau, un grand bureau. Laissez-lui sa secrétaire Helen Gandy, sa limousine blindée et son salaire. Dites-lui que le Président le consultera sur les choses importantes. Mais, surtout, il faut que cela vienne du Président. »
John Mitchell trouve l’idée excellente. Richard Nixon aussi. Cartha DeLoach s’attend à lire dans la presse l’annonce du départ de J. Edgar Hoover. Mais rien ne se passe. DeLoach apprendra de la bouche de Mitchell ce qui s’est passé dans le secret du bureau de Nixon. Le Président a signifié sa sortie par le haut à Hoover, qui a fait comme s’il n’avait rien entendu. Le directeur du FBI a tout simplement parlé d’autre chose avant de prendre congé du Président. Nixon en est resté bouche bée et n’a rien osé faire ou dire. Le lendemain, John Mitchell rappelle DeLoach pour lui demander d’annoncer la nouvelle de son départ à Hoover. DeLoach refuse catégoriquement. « Je suppose que je vais devoir le faire moi-même », soupire Mitchell. Il ne le fera pas : quelques mois plus tard, il démissionne pour diriger le Comité pour la réélection du président Nixon (CRP). Une nouvelle fois, J. Edgar Hoover a eu chaud. Sans la perspective de l’élection présidentielle de novembre 1972, Nixon aurait fini par avoir sa tête. Mais le président des États-Unis préfère attendre son second mandat avant de repartir à l’assaut du directeur du FBI. Il n’aura pas à le faire. Après quarante-huit années à la tête du FBI, J. Edgar Hoover décède dans la nuit du 1 er au 2 mai 1972.
Requiescat in pace
Le 3 mai 1972, alors que des milliers d’Américains rendent un dernier hommage à la dépouille du vieil homme exposée dans la rotonde du Capitole, le numéro deux du Département de la Justice, Patrick Gray, débarque dans le bureau de John P. Mohr, directeur adjoint chargé de l’Administration. Au nom du Procureur général, il demande à consulter les « dossiers secrets du FBI ». Mohr lui explique qu’il n’y a pas de « dossiers secrets ». Le lendemain, Gray revient à la charge. Cette fois, le ton monte. « Je suis un Irlandais entêté et personne ne me bouscule », assène Gray. « Et moi je suis un Hollandais entêté et personne ne me bouscule non plus », rétorque Mohr. Gray s’en va furieux. Trois heures plus tard, il est nommé directeur du FBI.
Le 4 mai 1972, la première puissance de la planète enterre J. Edgar Hoover. Dans la matinée, un cortège funèbre encadré de dizaines de voitures de police, de limousines noires et de véhicules banalisés du FBI s’est arrêté devant la gigantesque église presbytérienne de Nebraska Avenue à Washington. Dans l’église, 2 000 personnalités toutes invitées se recueillent. Il y a là tout ce que le pays compte de puissants. Le président Nixon et son épouse sont arrivés aux alentours de 10 h 30 et se sont assis au premier rang à côté de Mamie Eisenhower, veuve du général-président. Chacun des invités a été placé par les services du protocole. Les trois chaînes de télévision américaines ont interrompu leurs programmes pour diffuser la cérémonie en direct. Les drapeaux ont été mis en berne. Le pays rend un dernier hommage à celui qui fut directeur du FBI depuis près d’un demi-siècle.
Son alter ego , Clyde Tolson, sa fidèle secrétaire Helen Gandy, ses parents et certains de ses collaborateurs les plus proches ont été placés dans un carré hors de la vue de l’assistance. Les deux premiers rangs sur la droite de la nef sont occupés par le Procureur général, Richard Kleindeinst, le numéro deux du Bureau, Mark Felt, et les quatorze assistants directeurs du FBI. Derrière, d’anciens responsables du Bureau et des membres du
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