FBI
du pays.
À son arrivée, Neil Welch charge trois Agents spéciaux de faire le plus discrètement possible un audit du NYFO. Leurs conclusions sont sans appel : le NYFO n’est pas à la hauteur. Les meilleurs agents ont été affectés à l’équipe 47, chargée de lutter contre le groupe terroriste des Weathermen ; les opérations courantes sont traitées par le reste des équipes ; il n’y a, en fait, plus grand monde pour travailler sur Cosa Nostra. De plus, les enquêtes et les opérations d’infiltration de la Mafia lancées au début des années 1960 ont été interrompues.
Neil Welch ne désespère pas. Les agents ont la capacité de rebondir, et sont animés de quelque chose d’essentiel : un esprit de corps. Ils viennent de le montrer en créant une association de défense de leurs intérêts et en organisant des manifestations pour soutenir leurs collègues de l’équipe 47 renvoyés devant la justice.
Welch convoque ses Agents spéciaux et leur annonce son intention de reconstruire le bureau de New York « brique par brique ». Clôturant son exposé, il brandit le combiné d’un des téléphones placés sur son bureau et dit : « Ceci est le lien avec Washington, et voilà ce que je veux que vous fassiez. » Prenant une paire de ciseaux, le SAC de New York coupe le fil reliant le combiné au téléphone !
Au NYFO, Neil Welch a retrouvé Paul Cummings. Les deux hommes sont amis. Ils ont combattu ensemble le Ku Klux Klan dans le Mississippi lors de l’opération « Miburn ». Paul Cummings s’est recyclé depuis lors dans la lutte anti-Mafia. Proche de la retraite, il dit un jour au SAC : « Chef, après mon départ, vous pourrez éteindre la lumière, je suis le dernier agent à avoir des informateurs au sein de la Mafia ! »
Neil Welch a sous ses ordres trois SAC, anciens de l’ère Hoover ; il sait qu’il ne faut pas trop compter sur eux pour entamer une croisade contre la criminalité organisée. Tout comme à Buffalo et à Detroit, il monte sa propre garde rapprochée. De Washington, il fait venir un ancien du bureau de New York, Jules Bonavolonta, spécialiste de la criminalité organisée. Bonavolonta connaît le NYFO par cœur. Il fait part de ses doutes à Welch :
« Boss, je ne veux pas me montrer trop difficile, mais comment voulez-vous qu’on travaille avec tous les SAC et les ASAC qui grouillent ici ? Il y en a tellement que vous pouvez monter une équipe de football, remplaçants compris…
– Ça, c’est mon boulot, répond le directeur du bureau de New York. Laissez-moi m’occuper du personnel. Vous, dites-moi juste ce dont vous avez besoin. »
Une petite équipe se forme autour de Jules Bonavolonta. Tout comme lui, ce sont des anciens du Vietnam, en mal de guerre à gagner. Le plus représentatif est Jim « Jimmy » Kallstrom.
« Jimmy a été au siège de Khe Shan, poursuit Bonavolonta, et tous ceux qui connaissent le Vietnam savent combien ça a été dur. Dans un coin de l’enfer, Kallstrom a perdu 80 % de sa compagnie. L’endroit s’appelait la colline 881. Kallstrom disait croire en la guerre, mais pas à la manière dont elle était conduite. À New York, Jimmy et moi voyions d’étranges parallèles entre le Vietnam et le Bureau. »
La criminalité organisée devient l’objectif numéro un du NYFO. Neil Welch y affecte la majorité de ses agents. Cinq grandes familles mafieuses règnent sur la ville. Les Agents spéciaux du FBI se divisent en cinq équipes, chacune chargée d’une famille qu’elle doit infiltrer et mettre hors d’état de nuire. Le superviseur, Guy Barreda, responsable de la division criminelle du NYFO, a le candidat idéal pour une opération d’infiltration de la Mafia : c’est un jeune agent qui s’appelle Joseph Pistone, dit « Joe ». En le voyant, Jules Bonavolonta comprend qu’avec lui le Bureau peut aller très loin. Pistone et Bonavolonta sont tous deux originaires d’une famille italienne du New Jersey. Ils ont grandi dans le même milieu populaire. La Mafia, ils connaissent bien. Gamins, ils ont vu les « hommes d’honneur » à l’œuvre et savent comment se comporter avec eux.
Joe Pistone alias Donnie Brasco
New York, juillet 2008. Aujourd’hui encore, vingt ans après la fin de sa mission, Joe Pistone vit dans des conditions proches de la clandestinité. Il est devenu mondialement célèbre du jour au lendemain grâce à un film sorti en 1997. Depuis, tout le monde ou
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