FBI
plus de 3 000 personnes arrêtées lors de ces rafles sont de « parfaits » candidats au bannissement. Sur les 1 600 ordres d’expulsion, très peu sont exécutés.
J. Edgar Hoover suit deux dossiers délicats : l’expulsion vers l’Union soviétique de deux des militants les plus connus, la militante féministe Emma Goldman et Alexander Berkman, lequel a tenté d’assassiner Henry Clay Frick, patron du groupe Carnegie Steel, lors des grandes grèves de 1892. J. Edgar Hoover s’occupe lui-même des formalités d’expulsion. Il accompagne ses deux « clients » jusqu’à l’ USS Bufford , le bâtiment militaire qui doit les conduire en URSS avec 249 autres indésirables, des « anars », des « rouges », ainsi que des étrangers expulsés pour cause de « crime de pauvreté ».
Dans les procès, J. Edgar Hoover représente le Département public. Il se fait remarquer par la maturité de ses réquisitoires. Il déclare que la révolution doit commencer le 1 er mai 1920, il en fait l’annonce le matin même. Il voit les rues rouges de sang, c’est la panique ! Dans les grandes villes, la troupe et la police sont sur le pied de guerre. Mais rien ne se passe, le vent tourne, les craintes des violations de la Constitution l’emportent sur la peur du rouge. La révolution s’éloigne et, avec elle, la crédibilité de Palmer. Sa carrière s’achève bientôt. Mais pas celle de son protégé et bras droit, J. Edgar Hoover.
« Comme les autres Procureurs généraux qui lui ont succédé pendant les cinquante années suivantes, Palmer apprit que Monsieur Hoover était aussi habile à recevoir les récompenses qu’à fuir les blâmes, explique un ancien responsable du FBI. Le même événement qui mit fin à la carrière de Palmer lança celle de Hoover : les rafles qui ont souillé celle de Palmer ont fait la réputation de professionnalisme de Hoover. »
En 1921, le républicain Warren Gamaliel Harding succède à Woodrow Wilson à la Maison-Blanche. Dans le même temps, A. Mitchell Palmer cède la place à Harry M. Daugherty. Auréolé d’une réputation de bureaucrate au-dessus des partis, J. Edgar Hoover passe sans état d’âme d’une administration démocrate à un patron républicain. Quand Harry M. Daugherty annonce son intention de remplacer tous les démocrates du Département, Hoover pose sa candidature au poste qu’il convoite le plus, celui de numéro deux d’une petite structure appelée « Bureau of Investigation ». Il décroche le poste le 22 août 1921.
Jusqu’en 1908, le Département de la Justice ne disposait pas d’enquêteurs. Il était obligé d’emprunter des hommes au « Secret Service ». Chargés de la protection du Président et de la Monnaie, ceux-ci dépendaient du Département du Trésor. Une solution bricolée : les enquêteurs dépêchés par le Secret Service ne sont pas les meilleurs, et leur discrétion est loin d’être garantie. Le Procureur général Charles Bonaparte, arrière-petit-neveu de l’Empereur, a un besoin urgent d’enquêteurs de confiance pour traiter des dossiers délicats tels que les poursuites antitrust contre la Standard Oil, ou pour combattre les « voleurs de terres » qui, dans l’Ouest américain, s’approprient des dizaines de milliers d’hectares, propriété de l’État, avec la complicité de membres du Congrès et de fonctionnaires.
Le Congrès rejette une loi autorisant la création d’un Bureau d’enquête au sein du Département de la Justice. Ardents défenseurs des polices locales, les parlementaires craignent de voir la nouvelle structure transformée en « police secrète ». Charles Bonaparte reconnaît « le danger inhérent à tout système de police », mais jure que sa « force d’investigation » ne sera pas employée à créer des scandales ou à intervenir dans la vie privée des citoyens américains. Pour lui, il n’est pas question de créer une police fédérale, mais une agence fédérale d’enquêteurs. La distinction est de taille. Elle perdure encore…
Face au refus du Congrès, Charles Bonaparte ne s’avoue pas vaincu. Il convainc le président Theodore Roosevelt de signer, le 26 juillet 1908, un décret autorisant la création du Bureau of Investigation (BOI), ancêtre du FBI. Le Congrès est alors en vacances. Quand il découvrira la manœuvre, il sera trop tard.
Au début, le Bureau s’occupe des violations des lois antitrust, des banqueroutes,
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