FBI

sur leur territoire.
    J. Edgar Hoover estime que les SAC sont ses ambassadeurs dans les villes américaines. Ils ont autorité sur leurs agents et sur tout autre membre du Bureau se trouvant sur leur territoire. Ils sont chargés d’évaluer leurs hommes et n’ont de comptes à rendre qu’à J. Edgar Hoover qui les reçoit, tous les ans, pour faire le bilan de leur bureau, passer en revue les statistiques de la criminalité sur leur territoire, et analyser leur comptabilité. La carrière de chaque agent dépend des appréciations de leur SAC et du directeur. Chaque succès est couronné par une lettre de félicitations, et chaque erreur sanctionnée par un courrier de censure. Toute cette correspondance est versée au dossier des agents. Les SAC sont, eux, notés par le « Siège du Gouvernement ». Ils rendent compte à un service d’Inspection générale dont les inspecteurs sont susceptibles de débarquer à tout moment pour contrôler les activités des bureaux locaux.
    Sous l’impulsion de Hoover, le Bureau connaît une véritable révolution. Avant lui, chaque antenne du Bureau avait son système d’archivage et ses propres formulaires. Washington n’y retrouvait plus ses petits et le Département de la Justice renonçait souvent aux poursuites, faute de comprendre les rapports des agents. Hoover simplifie et unifie les procédures : désormais, l’information est immédiatement accessible et compréhensible, condition indispensable à la vie d’une organisation dont les agents changent d’affectation tous les trois ou quatre ans.
    Au lendemain du massacre de la Saint-Valentin2, le 14 février 1929, l’université Northwestern de Chicago se dote d’un Laboratoire de détection scientifique du crime qui organise des cours de police scientifique. Charles Appel, comptable du Bureau qui n’a pas son pareil pour examiner les documents, demande à J. Edgar Hoover l’autorisation de suivre ces cours. Hoover accepte sous la condition qu’il donne aussi un coup de main au bureau de Chicago. Charles Appel acquiert les rudiments de la police scientifique en suivant des cours de sérologie, de toxicologie et de graphologie. À son retour, il emprunte un microscope à la société Bauch & Lomb et des lampes à ultraviolets. Il installe le tout dans la pièce 802, un bureau désaffecté à côté d’un fumoir, dans l’Old South Railway Building, à l’angle de la 13 e  Rue et de Pennsylvania Avenue, dans le nord de Washington. Très vite, Appel complète son équipement par des éprouvettes, des tubes, un kit de moulage et un laboratoire photo. Le laboratoire d’analyse scientifique du Bureau vient de naître. Il monte rapidement en puissance et va devenir en 1942 une division à part entière du Bureau.
     
    Pour mieux reprendre en main le Bureau, J. Edgar Hoover le fait maigrir. Le nouveau directeur se débarrasse des agents les plus corrompus. À l’arrivée de J. Edgar, le Bureau regroupe 651 employés, dont 451 agents. À la fin de la première année, Hoover a renvoyé 61 agents et fermé 5 des 53 bureaux disséminés sur tout le territoire des États-Unis. Au début des années 1930, le Bureau ne compte plus que 339 agents répartis dans seulement 22 agences locales. Considérablement amaigri, le Bureau est au mieux de sa forme.
    Durant toute sa carrière, J. Edgar Hoover s’est battu bec et ongles pour rester à la tête du Bureau. Ce combat a débuté dès sa nomination par Harlan Fiske Stone. Sur un siège éjectable qui sera activé dès que le Procureur général aura « trouvé mieux », Hoover doit affronter un adversaire redoutable en la personne du bras droit de Stone, William Donovan, dit « Wild Bill ». « Bill le Sauvage » a remplacé J. Edgar Hoover à la tête de la General Intelligence Division du Département de la Justice ; brillant, mondain, désordonné, il est tout le contraire de Hoover. Depuis qu’ils se connaissent, ils se détestent cordialement et se livrent à une sourde lutte qui connaîtra son apogée lors de la Seconde Guerre mondiale, quand William Donovan prendra la tête d’un nouveau service de renseignement, l’OSS (Office of Strategic Services). Fin 1924, Donovan recommande à Stone de se débarrasser de Hoover. Mais c’est trop tard : impressionné par l’« intelligence » et l’habileté de Hoover, le Procureur général a déjà décidé de le maintenir à son poste. Mieux : le 12 janvier 1925, avant de quitter son poste pour