FBI
système de classification qui servira de modèle à l’organisation des archives du FBI. Son diplôme en droit, décroché en 1917 à l’université George Washington, lui permet d’espérer mieux. J. Edgar doit pallier la dépression paternelle qui prive la famille de son seul revenu. Sa condition de soutien de famille lui épargne de faire la Grande Guerre, mais l’oblige à travailler très tôt. Le voici archiviste au Département de la Justice. Un poste qui lui sied à merveille, lui qui toute sa vie durant a fait montre d’un amour immodéré pour les dossiers. Il complète ses études. En devenant avocat à temps plein, le jeune homme double son salaire, qui passe à 1 800 dollars par an.
Très vite, J. Edgar sort du rang. En 1937, le New Yorker revient sur les débuts du jeune Hoover : « Il s’habillait mieux que la plupart de ses collègues et était même un peu dandy. Exceptionnellement minutieux dans le travail, il effectuait la moindre tâche avec zèle et dévouement. Il cherchait en permanence de nouvelles responsabilités et sautait sur la moindre occasion d’effectuer des heures supplémentaires. Quand il était en conférence avec ses supérieurs, il se comportait comme un jeune qui attend une promotion. »
L’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale en 1917 marque les débuts d’une vaste chasse aux espions allemands sur le territoire américain. Le responsable de la division du Département de la Justice chargée de gérer les urgences liées à la guerre remarque J. Edgar Hoover et le nomme Agent spécial au « Bureau des étrangers ennemis », section devant contrôler la communauté allemande établie aux États-Unis. Au début de la guerre, le pays compte près d’un million d’immigrants de nationalité allemande. J. Edgar Hoover et ses collègues sont chargés d’arrêter les saboteurs potentiels, de surveiller les ports et les bases militaires. À la fin de la guerre, 450 000 Allemands auront été placés en résidence surveillée, et plus de 6 000 détenus dans des camps. Le Bureau des étrangers ennemis aura été l’une des structures les plus importantes du Département de la Justice quand J. Edgar Hoover est nommé à sa tête. Après l’armistice, une fois les affaires courantes expédiées, Hoover est prêt pour d’autres combats.
À cette époque, Thomas Gregory, Attorney general (le Procureur général, l’équivalent du ministre de la justice), tolérait que les polices locales et d’État travaillent avec un puissant auxiliaire, l’American Protective League. Milice fondée par un milliardaire de Chicago, A.M. Briggs, la League, du temps de sa splendeur, comptait 250 000 membres payants, répartis dans 600 localités américaines. Dotée d’un statut semi-officiel, l’APL participait aux raids contre les sympathisants et agents de l’Allemagne, mais aussi contre les anarchistes, les syndicalistes, les pacifistes ou les déserteurs. Rapidement, cependant, l’APL échappe au contrôle de Washington. Elle est accusée d’arrestations illégales et de violences. En septembre 1918, à New York, 2 000 hommes de l’APL, des soldats et des policiers, des représentants du Département de la Justice quadrillent la ville afin de rafler tous les hommes en âge de combattre, et de vérifier s’ils ne se sont pas soustraits à leurs obligations militaires. Ils arrêtent 75 000 New-Yorkais : trop pour les capacités carcérales de la ville ! Il y a là des adolescents, des vieillards, détenus pendant de longues semaines dans des conditions plus que précaires, sans nourriture ni hygiène. Quelques mois après l’armistice, le nouveau Procureur général, A. Mitchell Palmer, dissoudra l’APL.
La fin de la Première Guerre mondiale laisse l’Amérique au bord de l’explosion sociale : 4 millions de soldats rentrent au pays, 9 millions de travailleurs de l’industrie de guerre se retrouvent sans emploi ou presque. Par rapport à 1913, le dollar a perdu 45 % de sa valeur, et les prix ont connu une augmentation de près de 100 %. L’agitation sociale gagne : le premier syndicat du pays, la Fédération américaine du travail (l’American Federation of Labour), voit ses membres passer de 50 000 à 5 millions. Pour la seule année 1919, l’AFL déclenche 3 000 mouvements de grève. L’Amérique craint la contagion de la révolution soviétique : l’Allemagne est à deux doigts du soulèvement
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