FBI
une enveloppe de 7 500 dollars au juge, qui a les larmes aux yeux :
« C’est tout ce que je vais recevoir ? Je n’aurai pas un sou de plus ? La presse va me crucifier, je suis fini ! »
L’acquittement de Harry Aleman provoque un émoi considérable dans le monde judiciaire du comté de Cook. Il est à l’origine de la prise de conscience de Terry Hake ; il est aussi la goutte d’eau qui fait déborder le vase et pousse le FBI à monter « Greylord », dont le juge Wilson sera l’une des cibles.
Avec la fin prématurée de l’opération « Greylord », la proie se dérobe, mais pas pour longtemps. En 1986, l’affaire prend une nouvelle tournure quand un homme pousse la porte de la Force d’intervention contre la criminalité organisée du Département de la Justice, à Chicago, pour l’aider à faire sauter la « Première Circonscription » et Pat Marcy. C’est un informateur de premier ordre : Robert Cooley.
Opération « Gambat »
Depuis qu’il a arrangé l’affaire Harry Aleman et payé le juge Wilson, il y a neuf ans, Robert Cooley est devenu quelqu’un. Désormais, il a son fauteuil à la « table de la Première Circonscription », au Councellor Row. Il dîne avec les parrains de l’« Entreprise » et partage leurs secrets. Il arrange les procès pour le compte de Pat Marcy et de ses amis de la Première Circonscription, distribuant les pots-de-vin aux juges, aux avocats, aux policiers de la ville pour qu’ils ferment les yeux sur les activités criminelles de ses clients. Il est l’un des hommes les plus puissants et les plus en vue de Chicago. Il a pour associé un ancien policier de Hong Kong devenu milliardaire après avoir dirigé le syndicat des marchands chinois (On Leong Tong) et les triades à New York.
Le procureur de la Force d’intervention qui accueille Robert Cooley sait parfaitement qui il est. Il n’arrive pas à comprendre pourquoi l’avocat lui offre ses services, et il lui demande s’il a besoin d’argent. S’il est quelqu’un à Chicago qui n’a pas de problèmes financiers, c’est bien Robert Cooley ! Alors, qu’est-ce qui motive l’avocat de la Première Circonscription et de l’« Entreprise » ? Cooley pourrait lui répondre qu’il est entré dans une profonde crise existentielle, qu’il n’en peut plus de la vie superficielle qu’il mène, qu’il le fait pour son père, policier intègre qui n’a jamais accepté un pot-de-vin de sa vie. Cooley demande juste au procureur de vérifier qu’il n’y a pas d’enquête en cours sur lui. C’est la seule condition qu’il mette à sa trahison.
Les agents du FBI qui se présentent à son bureau un mois plus tard sont eux aussi perplexes. Ils ont passé au crible toutes les enquêtes en cours : le nom de Cooley n’apparaît nulle part. Ne comprenant pas ses motivations, ils lui demandent s’il est malade, s’il n’est pas atteint d’un mal en phase terminale. De son côté, Cooley commence à avoir des doutes : les agents du FBI ou les procureurs de la Force d’intervention ne seraient-ils pas infiltrés par la Première Circonscription ? Lors de ce premier entretien, il a en effet été choqué par la réaction d’un des agents du FBI après qu’il les eut mis en garde contre un des responsables de la police de la ville. À l’évidence, les deux hommes sont des amis. Quelque temps plus tard, le policier prend sa retraite en catastrophe, et son ami du FBI est muté. Robert Cooley poursuit sa collaboration, à demi rassuré. Il le serait encore moins s’il découvrait le nom que le Bureau a donné à l’opération qu’il va bâtir autour de lui : « Gambat », Gambling Attorney , « l’Avocat joueur ». Un nom ambigu que ses adversaires ne manqueront pas de retourner contre lui quand l’affaire éclatera trois ans plus tard.
Son inquiétude vient aussi du fait que le parquet hésite à lui promettre l’impunité pour les délits qu’il a commis dans le passé. Il faudra plus d’un an pour que le Département de la Justice lui octroie une protection, assortie de conditions très contraignantes. Les agents du Bureau font clairement comprendre à Robert Cooley qu’il doit renoncer à ses frasques d’antan. Il doit être irréprochable et doit désormais renoncer à l’une de ses passions : les jeux de hasard. Cooley pousse les hauts cris. Ses amis de l’« Entreprise » ne comprendraient pas que, du jour au lendemain, il arrête de
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