FBI

l’héroïne sicilienne par centaines de kilos dans le cadre de l’affaire dite de la Pizza Connection .
    Paul Castellano clame sur tous les toits qu’il est contre le trafic de drogue. Au sein du Bureau, certains le croient. Pas Jules Bonavolonta ni Jim Kallstrom. Une fois qu’il a recueilli suffisamment d’éléments, Kallstrom obtient d’un juge un « titre III » afin d’espionner le parrain de toutes les manières légalement admises. Il peut intercepter ses communications téléphoniques, poser des micros. Mais il veut faire mieux et plus.
    Au début des années 1970, sous les ordres de Jim Kallstrom, une équipe d’Agents spéciaux reproduit l’exploit accompli par Neil Welch à l’Anchor Bar de Detroit en plaçant des micros et une caméra dans le bureau de Paul Castellano. Parmi eux se trouve Greg McCrary, futur responsable des profileurs du FBI. « Dans les années 1970, explique-t-il, il n’y avait pas de transmission radio, tout était câblé. Des fils électriques partaient du micro et de la caméra jusqu’à notre quartier général de campagne, situé à quelques blocs de là, dans une école catholique qui avait mis une salle de classe à notre disposition. »
    Mais Paul Castellano se méfie. Il a l’impression d’être surveillé et passe son bureau au peigne fin. Il découvre le micro, qu’il écrase du talon. Greg McCrary suit la scène en direct. Il n’a plus le son, mais, grâce aux images muettes retransmises par la caméra, il a compris ce qui va se passer. Il téléphone à son superviseur pour lui demander ses instructions.
    « Ils ont trouvé le micro. Que fait-on, pour la caméra ? »
    L’objectif de la caméra est le même que celui employé par Neil Welch à Detroit. Il a été spécialement mis au point pour que la NASA puisse enregistrer les premiers pas de l’homme sur la Lune par très faible lumière. Le superviseur donne l’ordre à l’agent du FBI d’intervenir pour sauver l’objectif. Greg McCrary assiste, fasciné, à la suite des événements. Il voit Paul Castellano suivre le fil du micro jusqu’à la caméra. Ensuite, le visage du parrain se rapproche de l’objectif de la caméra, qu’il scrute. Castellano a l’air sceptique de celui qui ne comprend pas ce qu’il voit. Soudain, il réalise, son visage se fige, puis disparaît brusquement. L’agent du FBI regarde Castellano s’éloigner en titubant, se tenant la poitrine à deux mains avant de s’accrocher à une chaise et de tomber à terre de tout son poids. Le parrain vient d’être victime de ce que Greg McCrary nommera « une crise cardiaque de la Mafia ». Les agents du FBI appellent une ambulance et se précipitent. Ils sauvent la vie du parrain et en profitent pour récupérer leur précieux objectif. L’opération de surveillance prend brutalement fin.
    Un an plus tard, Paul Castellano prendra la place de Carlo Gambino, le chef de la Famille, mort… d’une crise cardiaque !
     
    Dix ans plus tard, au début des années 1980, Jules Bonavolonta part de nouveau à l’assaut de Paul Castellano. Ses hommes posent un micro dans un club tenu par un des capitaines de la famille Gambino, Angelo Ruggiero.
    « C’était de la dynamite, explique Jules Bonavolonta. Ils parlaient librement de trafic de drogue et des réunions de la “Commission”, le gouvernement de la Mafia. » Chaque dimanche, Angelo Ruggiero se rend chez Paul Castellano. Les deux hommes ne s’aiment pas, mais Castellano est le boss des bosses, et le capitaine se doit d’être dans ses petits papiers. Après chacune de ses visites, Ruggiero rentre chez lui à Cederhurst et appelle ses amis de la Cosa Nostra pour leur faire part de ses conversations avec Castellano. Grâce aux capitaines, le FBI en sait un peu plus long sur les trafics du boss des bosses.
    Peu après, Jules Bonavolonta annonce une grande nouvelle à ses deux meilleurs agents des unités Special Ops et Surveillance, John Kravec et Joe Cantamessa : le FBI vient d’obtenir d’un juge un « T3 » pour poser des micros au domicile de Paul Castellano, devenu depuis peu le chef de la Cosa Nostra new-yorkaise.
    « Je n’attends pas de miracles », leur dit Jules Bonavolonta. Noël approche. Il aurait pu ajouter que rien que le fait de mettre un micro chez le boss des bosses était déjà en soi un miracle.
    Paul Castellano vit dans une somptueuse demeure de Staten Island baptisée « la Maison-Blanche ». Jules Bonavolonta dispose de nouvelles